12 juillet 2007

Asphyxie

Il y a un an commençait la guerre entre le hezbollah et l'Etat d'Israël. Il y a un an, ce blog prenait une autre tournure, devenant un espace de discussion entre des gens qui n'avaient pas grand chose à voir les uns avec les autres, mais qui voulaient voir ce que les uns et les autres pensaient. Rapidement, les commentaires se sont chiffrés en dizaines, puis en centaines, des médias ont été intéressés, et j'ai passé tout mon temps rivé sur le Liban à essayer de comprendre ce qui se passait et d'en discuter avec mes invités, tout en repoussant les attaques des trolls intoxiqués au hezbollah, heureusement aussi créatif que leur héros Nasrallah le joyeux barbu.

Je n'ai pas franchement envie de recommencer ce blog, même si pourtant il y a matière à le faire entre la réunion de la Celle Saint Cloud et les diatribes des politiciens féodaux. Je suis rentré à Paris et mon expérience du Liban, que je rejoins bientôt, est l'exacte opposée de mon éminente consoeur qui avait rédigé un très beau post sur son séjour dans la capitale. Nat se sent chez elle au Liban et l'adrénaline lui manque quand elle en est loin. Normal, c'est son pays. Moi, je désespère de trouver un Liban qui corresponde à la manière dont ses thuriféraires ont bien voulu le décrire : "Suisse du Moyen-Orient", "Coexistence pacifique", "respect entre les communautés"... Ce que je vois, c'est une haine méprisante qui grandit entre chaque clan, entretenue par les chefs de guerre qui prétendent tous avoir changé et vouloir la paix, mais "Civis pacem para bellum" oblige, se sentent un peu obligés de regarnir les arsenaux dans une course aux armements digne de la Guerre froide. L'électricité arrive toujours au compte-gouttes, l'eau devient limite toxique, les routes restent à nos risques et périls, et la religion devient de plus en plus prégnante. Les Libanais de l'étranger s'impliquent verbalement mais certainement pas financièrement, les grandes puissances aimeraient bien régler le problème mais ont peur des représailles terroristes du hezbollah, les voisins arabes n'ont jamais vu d'un bon oeil un Liban démocratique qui pourrait influencer leur population soumise, et Israël se prépare à extirper le cancer antisioniste en sachant bien que ses adversaires ont développé une intelligence artificielle qui les rend plus difficiles à battre. Rien de nouveau, et pourtant chaque jour amène son lot d'informations qui contribuent encore à obscurcir l'avenir.

A Paris, c'est le calme. Il y a des trains, de l'électricité en permanence, de l'eau potable, des routes praticables, de la sécurité, de la beauté. On reproche souvent à l'occident de vouloir imposer son modèle dans le monde. Que lui reproche-t-on à ce modèle exactement ? De n'être pas parfait ? Certes, j'en conviens, mais concrètement ? De vouloir parvenir à un système d'égalité entre les femmes et les hommes, entre les religieux et les athées, entre les pauvres et les riches ? Ce que j'aime au Liban, c'est qu'il s'agit du seul pays arabe où l'on croit en la démocratie et où chacun peut à peu près faire ce qu'il veut. Mais pour combien de temps encore ? Et à quoi bon pouvoir se vêtir et se promener où bon nous semble si la peur des bombes et des barbus nous empêchent de sortir ?

C'est vrai, je n'ai plus rien à dire. Ce que j'ai dit, je l'ai trop dit et il y a trop d'abrutis qui veulent se mettre sur la gueule ou qui veulent que le système perdure parce qu'ils trouvent leur compte. Je voulais juste remercier tous ceux qui ont contribué à ce blog et rappeler cette douloureuse date, il y a un an. Paix aux êtres de bonne volonté et que les boutefeux s'entretuent sans nous. On verra pour la suite.

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