05 août 2006

Rions un peu avant la fermeture

On ferme ! Temporairement, bien sûr, mais le temps que les esprits se calment. Peut-être une semaine, peut-être moins ou plus, mais je crois que c'est bon pour tous. Mon but n'est pas de battre des records d'audience, ce blog demeure un exutoire et un de mes moyens d'expression. J'ai délaissé les autres depuis quelques semaines, il est temps de les réactiver. Et je crois que ça fera du bien à tous, que ceux qui cherchent la cogne aillent ailleurs, il y a plein de sites où on se traite de noms d'oiseaux ; ceux qui veulent discuter seront les bienvenus quand j'aurai décidé de rouvrir.

En attendant, un peu d'humour, et pour commencer une histoire pas drôle sur l'humour. J'avais un très bon ami juif, avec qui on se faisait des blagues de très mauvais goût. Une de mes préférées (vous allez voir le niveau) consistait à lui demander pourquoi il n'avait pas de tatouage sur le poignet, c'est pas comme un code-barres chez les juifs ? Il me répondait sur le même ton, sans se vexer, en trouvant le moyen d'insulter ma mère ou mon physique. Le tout était bon enfant, et c'était plus un sport qu'une vraie joute.

Et puis un jour, il m'invite à partager un shabbat avec ses parents, hongrois d'origine. Le repas se déroule très bien, jusqu'à ce que son père me passe un plat. Il était en chemise courte, et j'ai pu voir le tatouage infamant sur son poignet qui signifiait qu'il avait été déporté dans un camp nazi. C'était un survivant.

Je n'ai jamais manqué de m'étouffer comme à ce moment-là. Je me suis senti honteux, ignoble, sans coeur, débile. Je n'ai pratiquement rien dit jusqu'à la fin du repas.

Mon ami m'a demandé ce que j'avais : je me suis répandu en torrents d'excuses, je ne savais pas pour ton père, si j'avais su, je n'aurais pas fait de blagues déplacées, quel idiot je suis, excuse-moi.

Il m'a regardé en souriant, et m'a dit : 1. tes blagues étaient marrantes (ouais, bof), 2. Si on n'en rit pas, on en pleure. C'est ça l'humour juif, petit goy.

Je partage avec vous parce que c'est une grande leçon de ma vie. L'idée que même dans le malheur il faut essayer d'imaginer l'après. Ne pas s'apitoyer sur son sort. J'ai retrouvé cette leçon chez mes Libanais, qui avaient courageusement continué de vivre durant la guerre de 1975-1990, riant, faisant la fête, s'occupant merveilleusement bien de l'éducation des enfants. Des survivants aussi.

C'est très sérieux la guerre, trop pour être confié à des militaires disait je sais plus qui. En attendant de se retrouver, et en espérant des jours meilleurs, voici pourtant quelques dessins comiques issus de mes journaux préférés. Le premier correspond à mon "histoire de tatouage". Il est signé Charb dans Charlie Hebdo, et résume bien l'absurdité de la situation, une mauvaise pioche.

Le second, dans Le Canard enchaîné, est signé Pétillon, qui a déjà su aborder des thèmes explosifs (!) comme la question corse et le voile islamique en France. Faire rire avec le Hezbollah, rude gageure.

Une fois de plus, l'absurdité de combats qui vont s'enfoncer dans la normalité. Et une situation qui, comme l'indique le troisième dessin contribue à transformer un chef terroriste en mal de popularité en héros de la résistance des opprimés. Je ne comprends pas, mais après tout, je vois souvent des jeunes avec des t-shirts "Che Guevara". Si Hitler avait été beau gosse, on aurait utilisé sa photo pour faire des badges branchés. Cette fascination qu'éprouvent parfois les démocraties pour leurs pires ennemis n'incite pas à l'optimisme. Après réflexion, le dessin sur Nasrallah n'est pas drôle. Il est inquiétant.
Enfin, pour faire bonne mesure, un dessin sur l'armée israélienne, dont les techniques suscitent pour le moins des interrogations. Quoi qu'on nous dise sur la "précision chirurgicale" des armes, il y a des morts qui n'auraient pas du l'être. L'armée israélienne a commis des erreurs mortelles et aucune raison ne justifie de tuer des enfants. Ces quatre dessins sont empruntés à des journaux qui ont vivement critiqué la censure contre les caricatures de Mohammed, j'espère qu'ils ne m'en voudront pas de rendre hommage à la qualité de leurs dessinateurs.

Voilà, je vous remercie tous d'avoir été fidèles, et je vous retrouve dans très peu de temps, allez, on va dire une semaine. D'ici là, avec un peu de bonne volonté, les armes auront fini par se taire, et les hommes commenceront à se faire entendre.

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