The return !

Il revient ce samedi, l'ex-premier ministre Michel Aoun, légende et espoir pour beaucoup de Libanais regroupés au sein du Couran Patriotique Libre. Déjà, de nombreuses affiches portant le titre de ce post annonce le retour du sauveur au Liban, bien qu'il soit encore sous le coup d'accusations, notamment d'avoir porter atteinte aux relations du Liban avec un pays ami, que dis-je ami, frère, la Syrie. En effet, Michel Aoun (le Général, comme l'appelle avec émotion les aounistes en référence à notre Général à nous, De Gaulle) a témoigné devant le Congrès américain en 2003 dans le cadre du processus qui devait accoucher plus tard de l’adoption du Syria Accountability and Lebanese Sovereignty Restoration Act (SALSRA) visant notamment à ce que les troupes syriennes se retirent du Liban. Que penser de ce retour ? D'abord attendre et observer, ce samedi risque d'être un jour embouteillé à Beyrouth, en espérant que les différentes factions ne se mettent pas sur la gueule. Néanmoins, il me semble que c'est une bonne nouvelle, Aoun, même s'il est certes mégalo et certainement pas l'homme providentiel, peut représenter une force qui aiderait à contrebalancer les pro-syriens de toujours ou les récemment convertis aux joies de la souveraineté comme Joumblatt. Dans tous les cas, un nouveau coup de pied dans la fourmilière libanaise, ce qui est toujours une bonne nouvelle. De là à penser qu'on aura du courant électrique toute la journée, des routes dignes de ce nom et qu'on va raser gratis, je ne m'avancerai pas.

Je n'ai qu'une nationalité, c'est la française, et depuis que je suis au Liban, je tire une certaine fierté d'être "mono-passeport". Beaucoup de Libanais s'enorgueillissent de disposer de plusieurs nationalités, le record que je connaisse étant une personne possédant quatre passeports différents et en état de marche. N'étant que français, mais payant mes taxes au Liban et en France, je regarde mon pays avec attention, et amour. J'aime mon pays, et c'est pourquoi j'éprouve de la peine lorsque j'en contemple l'image donnée par les médias. Hier, dans "Culture et dépendance", émission de France 3 orchestrée par Franz-Olivier Giesbert, un débat mettait aux prises un certain nombre de people sur le thème "Y a-t-il un racisme anti-français". Parmi ces people, Tariq Ramadan, le salopard qui proposait de mettre en place un moratoire sur la lapidation des femmes dans les pays musulmans, et Alain Finkielkraut, qui est toujours persuadé qu'on ne l'aime pas parce qu'il est juif, alors qu'ils nous énerve parce qu'il est con. Et le débat sur la France s'est transformé en débat communautaire, une fois de plus, chacun tirant la couverture à soi, chacun estimant que la Gueuse, la république française, avait fait du mal à sa communauté et deavit payer en conséquence.

La beauté de la France, sa grandeur, malgré les exactions parfois atroces qu'elle a commises, c'est d'avoir intégré des gens de tous horizons derrière un idéal commun, une certaine idée des rapports entre les gens, et trois mots qui sonnent parfois comme ringard quand ils ne sont pas hués : Liberté, égalité, fraternité.

Que se passe-t-il maintenant en France pour qu'on veuille tout remettre en question, la laicité ou le centralisme, qui a pourtant permis qu'il n'y ait pas de régions outrageusement pauvres, et que les riches paient par solidarité ? Est-ce vraiment la faute aux années Mitterrand, et son aide cynique à la montée du Front national ? Ou alors une difficulté à se rendre compte que le monde a changé, et que nous nous sommes assis sur nos lauriers avec arrogance pendant trop longtemps. Deux exemples qui touchent à l'éducation : d'abord le rapport de l'OCDE sur l'éducation secondaire qui nous placent loin derrière les premiers comme la Finlande, et le classement mondial des universités établis par des chercheurs chinois, qui ne donnent que la 41ème place à l'université Paris VI, loin derrière les Harvard, Oxbridge et même l'université d'Utrecht en Hollande !

Que faire ? Changer de pilote ? Mais nous avons le président que nous méritons, un cynique beau-parleur qui n'est certainement pas le mieux placé pour imposer des réformes d'avenir. Je regarde le numéro de Libération d'aujourd'hui qui évoque le bilan (excellent) de Tony Blair. Et nous ? Nous avons certes un pays magnifique, qui fait rêver et attire encore des immigrants et des touristes, mais pour combien de temps ?

C'était notre rubrique : Les Libanais sont dans la merde, mais nous ça risque d'arriver peut-être plus vite qu'on ne pense.