Orange mécanique

Quel Week-end au Liban ! D’abord les Forces libanaises étaient surexcités pour célébrer le onzième anniversaire de la détention du leader des Forces libanaises, Samir Geagea. Concerts de klaxons, défilés de drapeaux FL, chants de guerre, tous les éléments étaient présents pour rappeler l’incarcération, illégale à mon humble avis, de l’ancien chef de milice. L’épouse de Geagea s’est fendue d’un discours politique qui ne présage rien de bon pour l’avenir de la paix. Selon L’Orient-le Jour :

Pour le onzième anniversaire de la détention du leader des Forces libanaises, Samir Geagea, son épouse, Sethrida, devant un grand nombre d’hommes politiques appartenant à plusieurs tendances dont certaines très peu concernées il y a quelque temps encore par cette affaire, a esquissé hier à Bkerké ce qui semble être un véritable programme politique pour la période à venir. Relevant, devant une foule de militants, toutes les injustices dont a été victime Samir Geagea, elle a souligné « l’engagement » des FL à appliquer Taëf et leur refus de l’implantation des réfugiés palestiniens au Liban. Elle a également estimé que le Liban devrait être « le dernier pays arabe » à faire la paix avec Israël, indiquant qu’une véritable réconciliation nationale ne peut avoir lieu sans la libération de son époux et le retour de Michel Aoun.

Les FL partagent avec le Hezb une conception ultra-violente des rapports diplomatiques dans la région et rêvent d’en découdre avec les armes. Evidemment, une telle démonstration de force a été suivie d’incidents, les FL étant très remontés :

Les forces de l’ordre sont intervenues hier en fin de soirée, place des Martyrs, pour mettre un terme à une rixe qui a éclaté entre des partisans des Forces libanaises et du Courant patriotique libre.

Heureusement, il y a la religion qui, comme chacun sait, nous permet de nous aimer les uns les autres et non pas de massacrer les hérétiques comme certaines langues perfides pourraient le suggérer :

«Le Liban est dans le cœur du pape et Sa Sainteté priera pour qu’il retrouve son rôle. Il espère aussi pouvoir le visiter dans un proche avenir, comme le fit son prédécesseur Jean-Paul II. » C’est avec ce sentiment que le président de la République Émile Lahoud est sorti de sa brève entrevue avec le pape Benoît XVI, dans le cadre de l’audience accordée par ce dernier aux chefs des délégations. (L’Orient-le jour)

Tous ne sont pas d’accord avec cette vision religieuse de la politique, ainsi l’ancien ministre de la culture et professeur à Sciences-Po Ghassan Salamé, qui a récemment refusé un poste dans le nouveau gouvernement, officiellement parce qu’il ne pouvait pas laisser tomber les chercheurs avec qui il travaille dans le prestigieux IEP de Paris.

Prônant « la laïcité et la modernité », il a récusé le « système confessionnel » qui régit la vie politique au Liban et qu’il a qualifié de « système politique du XIXe siècle, alors que la vie sociale du Liban est du XXIe.

Salamé s’était pourtant très bien accommodé du système libanais lorsqu’il était ministre, mais semble voir à plus long terme qu’un maroquin temporaire. On murmure qu’il aurait subi des pressions et des menaces car il aurait contribué à l’initiative de la 1559. Je pencherais plus vers un calcul, le bateau gouvernemental coule et le matelot Salamé entend ne pas toucher le fond avec lui. Et faire table rase de son glorieux passé d’organisateur de sommet arabe ?

Pendant ce temps, la propagande anti-non continue en France. Ceux qui se préparent à voter non, dont votre serviteur, seraient des anomalies, des ennemis du progrès et des salauds qui veulent empêcher la création d’un avenir meilleur européen. Bien. J’accepte. Je voterai non quand même, avec une grande volupté et je suis persuadé que, hélas, une victoire du non ne changera rien à une politique européenne frileuse, qui ne se soucie guère des hommes et se concentrent sur le marché, et continue à voir le monde avec le prisme de la guerre froide. A bon entendeur, non.