12 juillet 2006

Un temps pour tout

Heureusement, je ne suis pas au Liban en ce moment. Je suis en sécurité, dans un pays où le grand drame du moment reste la défaite dans une compétition de baballe, et où les journaux télévisés s'ouvrent sur les raisons qui ont poussé un millionnaire drogué à frapper violemment un autre millionnaire drogué, mais d'un autre pays, devant des milliards de désoeuvrés.

Israël a donc pénétré au Liban. Je l'apprends par les journaux, mais aussi par les blogs de ceux qui restent au pays. Des bombardements, j'en ai connu au Liban. Je suis content de manquer ceux qui se déroulent en ce moment. Et je ne peux m'empêcher d'être furieux et soulagé. Furieux parce que le Hezbollah, dans sa confrontation suicidaire avec Israël, va entraîner le malheur de nombre de Libanais qui n'ont pas demandé à souffrir pour assouvir la soif de pouvoir des mafieux islamistes. Et soulagé parce qu'enfin le "consensus" va peut-être voler en éclats, et que le Liban va devoir choisir son camp : la guerre avec le voisin du Sud, et donc une défaite humiliante et la fin de l'exception libanaise, qui marche peut-être assez mal mais certainement mieux que tous les autres pays arabes ? Ou la paix, avec un gouvernement qui désarme les milices illégales, et se concentre sur le développement d'un pays qui en a bien besoin ?
Je rappelle qu'au Liban, on n'a pas toujours de l'électricité, que le pays est numéro un mondial pour la déforestation, que les poubelles s'accumulent sur les plages et qu'il n'existe pas de justice, seulement la loi du plus riche. Donc, d'une certaine façon, les Libanais pensent n'avoir pas grand chose à perdre. Je pense pour ma part que les prochains jours vont faire mal et qu'avec un peu de chance chacun au Liban va se rendre compte de ce qui pourrait advenir de ce pays si on le laisse aux incapables et aux fous furieux.

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