24 octobre 2005

Pendant ce temps, au Liban, on regardait Derrick...

Puisque même certains membres de ma famille m'engueule parce que je n'ai rien écrit sur la divulgation du rapport Mehlis, je vais m'en expliquer. D'abord, tout le monde savait plus ou moins que ce rapport allait accuser des dignitaires de haut rang en Syrie et au Liban, puisque comme dans toute bonne enquête, on cherche à savoir à qui profite le crime. Mais l'objectif était que les coupables ou les responsables soient clairement désignés afin que les patriotes libanais arrêtent d'être traités de paranos. Or, Detlev Mehlis doit supporter une pression colossale, car ses conclusions vont enclencher une machine qui se préparait dans l'ombre et qui n'attendait qu'un signal pour foncer sur son objectif. Et donc, tout le monde s'est trouvé un peu sur sa faim devant l'option retenue de ne pas nommer des noms, bien qu'il y ait une "fuite" vraisemblablement orchestrée par les Britanniques, ainsi que devant l'annonce d'une continuation d'enquête.

La manifestation-déclaration d'amour au rapport Mehlis n'a rassemblé qu'environ 2000 personnes Place des Martyrs. Les soldats libanais avaient plus ou moins fermé Beyrouth, et puis on avait un peu l'impression d'un pétard mouillé. Ceci dit, certains ont crié au complot politique, et les forces désireuses d'en finir avec le régime syrien profite de tout morceau en défaveur de Bachar el Assad pour menacer et tempêter.

Que va-t-il donc se passer par la suite ? Aoun sera président, certainement. Les Américains vont certainement s'intéresser de plus en plus à la Syrie qui donnera des garanties de bonne foi de plus en plus lourdes. Bachar restera au pouvoir car il vaut mieux un tyranneau affaibli qu'un jeune loup issu d'un putsch et qui se rêve en nouveau Saladin. Le Liban fera tomber quelques têtes, mais pas les principales car en presque disciples de Fabius, les hommes politiques locaux sont champions du retournement de veste. Je ne crois ni à une guerre, ni à une révolution, juste une pénible continuité de situation, avec un Liban prisonnier de ses dissensions, de ses contradictions, notamment sur la question palestinienne, et de son Etat de plus en plus affaibli. Autant vous dire que je ne suis que modérément optimiste. En plus, la liberté, c'est bien beau, mais des bonnes routes, de l'électricité en permanence et Internet à haut débit, ce serait déjà bien.

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