Nom de dieu !
En raison de recommandations de deux référents, venant de ce blog (que je ne connaissais pas) et de Mme Edith Piaf (private joke), qu'en revanche je connais bien, ce blog a croulé sous les visites. Oui, MD, 200 visites pour toi c'est la routine, pour moi, c'est la gloire !
Soyons sérieux et examinons un peu la situation, puisqu'on me reproche de ne pas assez analyser le soulèvement en cours.
Le Liban a officiellement invité la Syrie en 1976 a intervenir dans ses affaires internes car il ne parvenait pas à surmonter le soulèvement "progressiste", formé principalement des Palestiniens qui tentaient un coup de force dans le pays. Depuis, les accords de Taëf (en Arabie Saoudite) ont mis provisoirement fin à la guerre et stipulé le retrait de toutes les armées étrangères, à l'époque Syrie et Israël qui avait envahi le Liban Sud en 1982 (Paix en Galilée) pour les mêmes raisons que les Syriens : mettre fin aux agissements des Palestiniens. Or, depuis 2000, Israël s'est retiré sans conditions du Liban Sud. La Syrie n'a plus vraiment de raison d'être au Liban, mais elle maintient qu'Israël continue à occuper une partie du Liban, en réalité territoire syrien selon l'ONU : les fermes de Chebaa. Aidé par sa milice paramilitaire, le Hezbollah (parti de Dieu, alors que la Syrie se proclame laïc), la Syrie tente de faire du chantage à la communauté internationale en faisant accuser Israël de ne pas respecter le droit international en occupant encore le Liban, alors que l'Etat hébreu s'est complètement retiré de tout territoire conquis, hormsi palestinien et syrien (Golan).
Ce que l'opposition nationale libanaise cherche aujourd'hui, c'est à rompre le lien avec une Syrie qui régit les affaires internes du Liban, pour plusieurs raisons. D'abord, parce que la Syrie n'a jamais accepté d'être séparé du Liban qu'elle considère comme faisant partie de son territoire. Et pour cause : le Liban dispose d'une énorme bande littorale, essentielle stratégiquement pour le commerce ou l'armée. Ensuite, la Syrie est un pays qui s'affaisse (El Assad, pardon, petit jeu de mots) depuis qu'elle n'est plus soutenue par l'URSS, et qui profite donc du Liban et de ses talents de négociateurs. Ensuite, parce que le Liban est un remarquable otage pour négocier la "paix" avec un Israël chaque jour plus puissant militairement, alors que l'armée syrienne devient chaque jour plus risible. On disait autrefois "pas de guerre sans l'Egypte, pas de paix sans la Syrie". Ce pays a toujours admirablement su se jouer des différends entre ses voisins afin d'asseoir son contrôle, à l'image de la Grande-Bretagne du 19ème siècle. Mais elle a fini par exaspérer la France qui la soutenait jusque-là (tout en soutenant en même temps le Liban) en n'accordant pas de juteux contrats gaziers à mon beau pays (oui, Monsieur, je ne suis que français) et sa politique dictatoriale se heurte au désir de démocratie des Etats-Unis. Dans ce climat où elle n'a plus vraiment d'allié et beaucoup d'ennemis puissants, la Syrie aurait, je dis bien aurait, assassiné Rafic Hariri, l'ancien premier ministre milliardaire, pour couper la tête à une opposition libanaise qui commence à devenir remuante.
Les soulèvements popularo-bourgeois de ces derniers jours sont donc la manfiestation d'un ras-le-bol général d'un pays sophistiqué qui refuse d'être dominé par un pays du Tiers-Monde comme la Syrie qui manipule les marionnettes à la tête de l'Etat libanais. Comment les choses vont-elles évoluer ? La suite demain, c'est déjà assez long pour aujourd'hui.