29 janvier 2009

AT 2009

Je viens de voir Religulous, un film à prétention documentaire animé par Bill Maher, comique libéral américain. On y voit quantité d'abrutis religieux, tous persuadés de posséder les réponses aux grandes questions existentielles, et Maher se fait une joie de les faire passer pour des illuminés, ce qui n'est pas très difficile. Le problème, c'est que comme tous les athées, dont moi, Maher n'a aucun mal à montrer que les religions embrigadent les simples d'esprit, mais cela lui procure la sensation d'être intellectuellement supérieur. C'est bien là les problème des athées : provoqués en permanence par la bêtise des religions, on pense souvent qu'il suffit de montrer leur irrationalité pour se sentir bien alors qu'il faudrait aider les croyants à se libérer de leurs psychoses. Les films comme Religulous ou les ouvrages de Richard Dawkins sont à l'image des sermons dans les Eglises : ils ne servent à convaincre que les convaincus. 

A quoi peut donc servir l'initiative des bus qui circulent dans Londres et qui annoncent que dieu n'existe probablement pas ? Il est facile en occident de ne pas croire en une divinité, le plus souvent parce qu'on nous donne le choix mais également parce que la vie est meilleure que dans la plupart des pays. On peut comprendre quelqu'un qui fait face à des difficultés matérielles atroces et ne peut que s'abandonner à la foi pour ne pas devenir complètement fou. Mais en occident ? Comment comprendre que des millions de personnes acceptent sans réfléchir l'idée qu'une femme a enfanté sans copuler, que son fils qui n'est pas vraiment son fils soit également un dieu, qu'il vienne sur terre depuis on ne sait où pour une mission suicide et que pour célébrer sa naissance qui tombe en fait historiquement un autre jour on érige dans les foyers un sapin emblématique de la Galilée (!!??) en offrant aux enfants des jouets fabriqués en Chine tout en mangeant des marrons (!!!!?????). Sans parler des autres religions qui rivalisent toutes d'inventions abracadabrantes pour unir les fidèles. Et le plus amusant, c'est que chacune considère posséder la Vérité, alors que les autres ne sont que des abominations !

Le nouveau scandale qui agite l'Eglise catholique est donc comme toujours d'une hypocrisie sans nom. Ben XVI réintègre les intégristes et l'opinion publique se focalise sur le cas d'un prélat qui nie l'holocauste, ce qui permet de prétendre que l'Eglise catholique serait elle sans reproche en ce qui concerne la destruction systématique des juifs européens par le IIIème Reich. La machine à propagande du Vatican marche à plein régime. On donne un os à ronger aux médias et aux opinions publiques (Richard Williamson qui apparaît comme un handicapé mental ou un salaud, c'est selon), chacun s'indigne qu'un homme d'Eglise puisse être négationniste alors qu'il n'est ni le premier, ni le dernier et on évite de parler des 150 000 intégristes qui sont recommuniés au sein de l'Eglise catholique dans un mouvement réactionnaire indéniable. Comprenant qu'il n'attirera pas de nouvelles ouailles en faisant du protestantisme, Ben XVI revient à ce qui a fait le succès de son organisation : des règles tellement contraignantes qu'elles ne peuvent conduire qu'à la transgression. Commettre l'interdit, quel plus délicieux péché pour un religieux ? Faire ce qu'on n'a pas le droit moralement de faire, quelle merveilleuse sensation quand on sait qu'en s'acquittant d'une somme modique et de quelques génuflexions, on va quand même au paradis ! Au fait, quel sort est réservé par les religions aux athées comme moi ? L'enfer, la souffrance, la damnation éternelle non ? Et c'est moi l'intolérant ? :)

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26 janvier 2009

Beyrouth, capitale de l'amour

Les bonnes nouvelles s'accumulent pour le Liban. Après avoir fait l'objet d'un reportage dans le NY Times, où il est dit que Beyrouth est The Place to Be en 2009, c'est maintenant un homme politique géorgien qui vient dire tout le bien qu'il faut penser du voisin de la Syrie (Nahar) :

Visiting Georgian Deputy Premier Giorgi Baramidze said his country has a lot to learn from Lebanon.
"For us Lebanon is an example to be followed. That is why we say we have a lot to learn from it," he said following his meeting with Information Minister Tareq Mitri.

"There are many similarities between Georgia and Lebanon. We Georgians suffer from having parts of our country under occupation by Russia. We wish to establish a good dialogue with our neighbors as Lebanon does with its own neighbors," the Georgian official said.


Je connais fort peu la Géorgie, tout ce que je fais c'est boire des coups avec des Géorgiens à Bratislava et en général, sans que je sache trop pourquoi, on parle plutôt de Houellebecq. Fort de cette expérience, j'en déduis tout de même que l'homme politique géorgien qui affirme qu'on doit prendre exemple sur le Liban en ce qui concerne sa gestion du dialogue avec les pays voisins ne peut être qu'un joyeux farceur. Ou alors qu'il est un peu bourré au moment de l'interview. Ou alors qu'il s'est trompé de pays et qu'il évoque la Hollande. Ou alors que c'est lui qui a rédigé l'article du NY Times.

Parce qu'en matière de voisins, l'Egype est en train de pousser le Hamas à accepter un "package deal" (selon Yediot Aharonot) avec Israël et fissa. La raison en est bien simple : lors des élections prochaines à la Knesset, le prochain premier ministre risque fort d'être Bibi Netanyahou de sinistre mémoire, et il aura sûrement une solution pour la paix sérieusement disproportionnée cette fois-ci. En même temps, on peut comprendre les Israéliens. Quant ils choisissent des personnalités "modérées" pour essayer d'arrêter les agressions contre Israël, celles-ci prennent moultes précautions en matière d'assauts, comme appeler les habitants d'un immeuble qui va se faire détruire ou essayer de ne pas bombarder les civils. En retour, l'opinion publique mondiale les compare aux nazis, parallèle intelligent et pertinent qui montre le niveau culturel de ceux qui défilent dans les rues de Paris pour la paix dans le monde, mais sans les juifs qui, comme chacun sait, sont ivres de violence et de sang alors que le Hamas aime les enfants et les shawarmas. Alors cette fois-ci, Benyamin Netanyahou a de fortes chances de passer parce qu'il ne voit pas trop l'intérêt de se faire cracher dessus et qu'il s'est aperçus que le Hamas n'a jamais le temps de se battre contre les militaires et préfère lancer des roquettes sur les civils. Il ne va certainement pas régler les problèmes (encore que) mais au moins la politique israélienne sera plus lisible. Et la Géorgie aura un formidable modèle de coexistence entre les peuples comme sait si bien l'offrir le Moyen-orient. Alors comme nous le conseille le NY Times et M. Baramidze : en 2009, tous à Beyrouth !

Ce qui me fait penser que j'ai un talent qu'on ne peut pas m'enlever : j'ai du nez pour choisir les perdant(e)s. Ségolène Royal, Hillary Clinton, Tzipi Livni... Cela dit, ce n'est pas très difficile : curieusement, lors d'élections, c'est toujours un homme qui triomphe. Existe-t-il un lien entre le sexe des candidats aux élections et leurs chances d'être élus ?

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24 janvier 2009

700

On atteint des sommets : il existe maintenant un rosaire portant l'effigie de "Sayyed" Hassan Nasrallah, le leader du mouvement terroriste chiite irano-syro-libanais hezbollah. Comme souvent dans ce genre de situations, le ridicule ne tue pas (encore) mais se situe dans à plusieurs niveaux. Déjà, le culte des idoles que semblent adorer les chrétiens libanais avec un commerce religieux très fructueux : on peut facilement acquérir une lampe de chevet St Charbel, des bougies St Maroun ou  une coque de cellulaire St Elie (Visiblement, la partie de la Bible sur les marchands du Temple a été arrachée de tous les exemplaires au Liban). Ensuite, le fait qu'une partie de la communauté chrétienne se sente offensée par la présence d'un dignitaire musulman sur un soi-disant symbole du christianisme : ils le disent, ça ne se fait pas. ""The rosaries are an insult to our Christian beliefs," an official with the Christian Lebanese Forces party told AFP on Thursday. She spoke on condition of anonymity (Naharnet) Mais surtout, le morceau de bravoure provient de la réaction de l'autre Nasrallah, le Cardinal maronite Sfeir, qui a estimé dans sa grande sagesse qu'il ne fallait pas mélanger politique et religion. Cardinal Nasrallah Sfeir, head of the powerful Maronite Church in Lebanon, which counts no less than 18 communities and where power is divided along religious lines, has also jumped into the fray saying that one should not mix politics and religion.

Le Cardinal Nasrallah Sfeir estime qu'il ne faut pas mélanger politique et religion.

On pourrait croire à de l'humour mais une chose dont les religieux sont bien dépourvus, c'est d'humour. Pourtant, le même jour, dans le même journal, on apprend que Sfeir prend position contre Aoun, évidemment de manière subtile et pas directe car il ne faut mélanger politique et religion mais on sent bien que SI d'aventure Sfeir devait prendre position en tant qu'homme de la rue qui ne porte pas de jupes avec du fil d'or et des bijoux et des décorations qu'on dirait une Jean-Paul Gaultier, alors il serait peut-être en faveur du 14 mars, mais comme heureusement il ne fait pas de politique, il préfère s'habiller en Versace ou en tout cas aussi mauvais goût et raconter aux gens ce qu'ils doivent faire sinon les loups vont les manger mais en aucun cas de politique parce qu'alors il n'aurait plus le droit de mettre des tiares et des chapeaux Vivienne Westwood. 

Le Liban ne veut pas passer au XXIe siècle. Ce ne serait pas correct. Déjà passer au XXe serait un exploit, mais avant tout, quitter le Moyen-âge ne paraît pas attrayant. On s'amuse tellement avec les querelles féodales, les conditions d'hygiène qui s'aggravent, les clans religieux, les milices qui tiennent les quartiers MAIS on ne mélange pas religion et politique. L'esclavage de 300 000 bonnes ou plus est bien sûr une invention occidentale de jaloux qui veulent déstabiliser le pays, la laïcité un danger post-colonial, et le Liban un modèle de coexistence que jalouse tellement Israël que les juifs font tout pour déséquilibrer le pays du Cèdre. Et le mieux, c'est que personne en occident ou ailleurs ne tend jamais au Liban un miroir pour qu'il se voit tel qu'il est. Les aides publiques sont rarement assorties de conditions, on n'a toujours pas mis le hezb sur la liste des organisations terroristes ("vous comprenez, ils sont élus au parlement !") et on accepte les défilés de haine de Libanais "soutenant les Palestiniens de Gaza" (comprendre, le Hamas, un mouvement extrémiste et terroriste qui refuse notamment l'éducation des femmes) alors même que les 400 000 Palestiniens du Liban sont parqués, n'ont pas de droits civiques et ne peuvent exercer une longue liste de métiers. De l'humour ? De l'ironie ? Non, encore une fois "The Soft Bigotry of Low Expectations", décidément un concept qui marche. Plus les Libanais se comportent comme des idiots, plus on les infantilise, et plus ils se comportent en retour comme des enfants gâtés. 

Moi je vais l'acheter ce rosaire Nasrallah. Avec un peu de chances, il a été fabriqué en Chine. Un pays communiste qui a tout compris du capitalisme et se fout de savoir qu'un rosaire doit porter un visage chrétien. L'important c'est que le produit ne coûte pas cher et qu'il soit acheté par des gogos. Le modèle Obama doit déjà être en chantier quelque part à Shenzen. 

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20 janvier 2009

The Soft Bigotry of Low Expectations

C'est donc aujourd'hui qu'on a pu assister à l'avénement du messie. Grâce à cet homme, le monde entier, qui a regardé cette fantastique cérémonie bourrée de peoples, sera bientôt rédimé. Barack Hussein (C'est important !) Obama a déjà changé l'eau en vin, ou plutôt a mis de l'eau dans son vin, marché sur l'eau, en fait marché sur Washington et s'apprête maintenant à résoudre les problèmes des nécessiteux. Que la vue soit redonnée aux aveugles ! Que Dick Cheney se lève de son fauteuil ! Qu'on fasse croire que Shakira ou Beyoncé peuvent parler politique pendant plus de 4 secondes !

L'avenir paraît si sombre que les espoirs des habitants de la planète s'incarnent dans le président Obama. Possédant un second prénom à connotation islamique, il saura se prouver ami des Arabes. A moitié noir, il écoutera les Africains. Américain, il sera l'allié d'Israël. Successeur de Bush, il se réconciliera avec les Européens. Et comme il a grandi à Hawaii, il pourra dialoguer avec les Asiatiques. Or, Obama devra bientôt rompre le charme et prendre des décisions. Il a certainement conscience du poids colossal qui pèse sur ses épaules, mais ce fardeau a été son arme pour gagner les élections. Il n'a pas d'expérience, il est une expérience. Et quel que soit le travail qu'il accomplira, et je ne doute pas une seconde qu'il sera un bon président, il ne peut que décevoir.

Il devra notamment s'occuper de la situation à Gaza, et contribuer à la résolution de cet étonnant paradoxe : alors que le monde entier acclame son accession au pouvoir, cette même opinion publique fustige la réponse "disproportionnée" d'Israël contre le Hamas qui devient maintenant la victime des bourreaux juifs. La lecture de quelques journaux bien-pensants est toujours édifiante : alors que Siné fustigeait les salopards qui avaient plastiqué sa maison en Corse, le même ne voit pas du tout le lien avec les terroristes du Hamas qui, en se dissimulant dans la population et actionnant leurs roquettes au milieu de civils, attirent la foudre de l'armée israélienne. L'antisémitisme est maintenant un fléau de mieux en mieux accepté, sous couvert d'antisionisme. Existe-t-il un autre pays au monde qui possède ses cohortes d'ennemis souhaitant tout simplement sa destruction ? Y-a-t-il eu dans l'histoire une armée à qui on a demandé autant de comptes et surtout, compté les victoires militaires comme des défaites ?

L'intervention à Gaza, qui reprendra sûrement bientôt, était une défaite morale pour la communauté internationale qui a toujours refusé de considérer que recevoir des roquettes sur Sderot et Ashkelon était inacceptable pour Israël. Elle a également contribué à rappeler au monde le thème de ce billet qui constitue mon titre pour aujourd'hui : comme on continue à prendre les pays arabes pour incapables de se diriger, qu'on les infantilise indirectement comme au temps des colonies, on leur passe tout, même l'inacceptable. Ils veulent détruire Israël ? Bah, on les sait tellement idiots qu'ils n'y arriveront pas, alors pourquoi intervenir ? Le problème, c'est que même les enfants peuvent blesser, et surtout, que les enfants grandissent. 

Depuis que Chroniques Beyrouthines a fermé, il n'existe plus de blog francophone consacré au Liban. Il me manque cette possibilité d'indignation que permet un blog, média personnel de dialogue qui présente aussi le fâcheux inconvénient d'attirer les trolls. Mon niveau d'indignation est maintenant remonté, notamment grâce à un retour temporaire au Liban. J'ai de nouveau besoin de témoigner de ma colère devant un monde qui confond de plus en plus un président américain et un messie ou un groupe de terroristes et de courageux résistants. Pourvu que ça dure.

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