29 septembre 2007

Window in Lebanon, et pas qu'un peu

Voilà que je me fais engueuler parce que je ne parle plus du Liban, et que donc, logiquement, je devrais débaptiser ce blog. D'abord, le baptême est un acte souvent monothéiste et ne comptez pas sur moi pour croire aux conneries des religieux. Ensuite, je suis toujours au Liban, donc le titre a encore lieu d'être. Enfin, le départ est programmé pour 2008, j'aurai bien le temps de trouver un nouveau nom à ce journal électronique. Mais revenons au Liban. Que se passe-t-il ?

J'aimerais ici essayer de résumer la situation pour ceux qui n'ont pas beaucoup de temps à consacrer au Moyen-Orient entre une grève des taxis et un "mouvement social" de la RATP. Que les experts passent leur chemin ou aillent sur les forums du Nahar, ahlan, ahlan. Donc. Le Liban traverse une nouvelle phase critique, en ce que les députés doivent s'accorder sur le président qui devra émaner de la communauté maronite et représenter le pays, ou plutôt inaugurer les chrysanthèmes comme disait Charlie. Une nouvelle occasion pour la classe politique libanaise de se détourner des véritables problèmes comme le fait qu'il existe deux armées dans le pays, que le Liban sort d'une bataille qui en préfigure de nombreuses autres, qu'Israël se tiendrait prêt à une guerre d'envergure et que la France, dernier bastion d'une politique arabe coulante, est en train de se demander si elle ne va pas rejoindre le rang et réintégrer le commandement intégré de l'ONU qu'elle avait quitté au temps de Charlie, encore lui.

Le problème du Libanais moyen est qu'il a tellement délaissé la politique qu'il ne se présente plus qu'une seule alternative pour lui : la ploutocratie ou le fascisme. Je me refuse à considérer qu'il faut mettre tous les politiciens dans le même sac, c'est un discours d'extrême-droite qu'on a souvent entendu. Mais il est vrai que le camp du 14 mars, s'il incarne la légitimité autant que le pigeon du tir du même nom (devant le nombre de députés issus de ses rangs qui se font dégommer régulièrement), possède parmi ses représentants quelques belles crapules. Pour autant, Samir Geagea a payé sa dette à la société en subissant plusieurs années de prison : ça n'en fait pas un ange, mais j'en connais un certain nombre qui aurait dû aussi faire un peu de placard mais ont reçu à la place des maroquins. Donc, chaque citoyen se précipite dans les bras d'une coalition, persuadé qu'elle seule incarne la vertu tant l'autre est imprégnée de vice, et conspue ceux d'en face qui sont, au choix : corrompus, vendus, sionisés, iranisés, fascistes, communistes, capitalistes, satanistes, la liste est longue mais vous avez compris le QCM.

J'ai déjà ici répété tout le bien que je pensais du hezbollah, seul parti "de l'étranger" dont la doctrine me paraît aussi repoussante que non-libanaise. Tous les autres partis, en revanche, forment une mosaïque complémentaire qui représente chaque sous-groupe libanais. Dans l'idéal, chaque parti contribue à la démocratie car il est important de le répéter, le Liban est le seul pays arabe démocrate. Mais il pose également une question primordiale : vaut-il mieux une démocratie bancale où eau, électricité, Internet et infrastructures vont de mal en pis ? Ou une "bonne" dictature comme la Tunisie où le taux d'alphabétisation est comparable à un pays développé ou dont les performances en matière économique laissent rêveurs les occidentaux ? Prenez votre temps, c'est une question difficile. Le Liban de toute façon, faute de choisir la route de la démocratie qu'il avait entreprise jadis, évolue en démocrature et, même si les citoyens peuvent voter, leur bulletin perd chaque année un peu plus de sa signification et de sa force.
J'entendais l'autre jour sur TV5 une journaliste italienne commenter que, tous les conflits du monde ont une solution, sauf le conflit libanais puisqu'on ne sait pas ce que veulent ses habitants. C'est un constat sinistre, mais vrai. On ne peut aujourd'hui pas savoir ce que veulent les Libanais. Si on les interroge, ils répondront certainement qu'ils désirent la paix, la liberté, l'indépendance, le bonheur, toutes les conneries creuses que les politiciens du monde entier vendent à leurs administrés pour avoir les coudées franches. Mais au fond, quid des relations avec les voisins ? Du rôle de la religion dans la vie de tous les jours ? De la place de la femme ? De l'identité libanaise même ? La plupart des pays de la région se développent, à l'exception des territoires palestiniens, de l'Irak et du Liban. Le Qatar, les E.A.U., le Maghreb, l'Arabie saoudite, tous les autres pays arabes dirigés par des autocrates se modernisent et même font de timides pas vers plus de liberté d'expression. Le Liban, avec sa situation géographique idéale, ses habitants cultivés et au fait des évènements du monde, son niveau d'éducation qui fut remarquable mais prend du retard, sa culture douce et accueillante, ce Liban ne choisit pas, refuse d'entrer dans le 21ème siècle et devient médusé par la tentation du passé.

On m'a demandé récemment si je pensais que le Liban serait sûr dans les prochains mois. Je n'en ai absolument aucune idée. Un miracle peut arriver, j'en doute mais on ne sait jamais. Le plus sûr est évidemment une période de conflits pour la simple raison qu'entre Israël et le hezbollah, un des deux doit disparaître. J'ignore si les fameux bookmakers londoniens ont un pari là-dessus mais en cas de conflit, je penche quand même pour l'Etat hébreu à 4000 contre 1, le hezbollah perdant par une défaite diabolique, puisque la victoire est divine. Mais quand ce conflit aura-t-il lieu ? On a connu la Guerre froide où on s'attendait parfois à une troisième guerre mondiale qui n'est jamais venue. Ou plutôt, elle est venue mais on ne s'en est pas aperçu. Concernant le Moyen-orient, l'avenir est trouble. Et on craint même une attaque d'envergure sur l'Iran, bien que les effets d'annonces soient assez peu subtils. Cette intervention militaire fera vibrer le Liban qui a déjà beaucoup à résoudre, à commencer par le choix de son président. De toute façon, quel que soit l'homme élu au terme du bras de fer électoral libanais, la situation ne changera pas, et l'heure du choix ne sera que repoussée. Car le Liban doit choisir sa voie, et devra se résoudre à assumer sa décision. "La volonté trouve, la liberté choisit. Trouver et choisir, c'est penser" estimait Victor Hugo. J'aime assez les Libanais pour garder ma confiance dans un pays qui "ne manque jamais une occasion de manquer une occasion", mais qui saura trouver l'énergie de choisir le moment venu.

En attendant, parce que le sujet est brûlant et que les trolls m'agacent, je ferme les comments sur tous les posts concernant le Liban, et donc sur celui-ci. Vous pourrez vous défouler sur mes posts photographiques ou ceux concernant l'adaptation de "99F", qui est d'une boboterie insondable (surtout la dernière phrase)(allez, je vous la livre de mémoire : la pub, c'est 500 milliards par an. Un dixième de cette somme permettrait de résoudre le problème de la faim dans le monde)(Ce Beigbeder, quel escroc)(Pas étonnant que ce soit un pote d'Ardisson et de Baffie)(qui sont dans le film de Denys Arcand, "l'âge des Ténèbres", ce n'est pas le moment fort d'une histoire assez bien torchée)(J'aurais dû chourer le titre d'Arcand pour ce post concernant le Liban)

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22 septembre 2007

Sick of Moore

En ce jour de Kippour, suivons la tradition juive et pardonnons à tout le monde, sauf à Hassan Nasrallah et ses potes qui vont manger bientôt inch'allah, et surtout pas à Michael Moore. J'ai retardé le moment où j'irais voir son dernier forfait, bien que son film dorme dans mon disque dur depuis quelques semaines, car j'avais peur de voir jusqu'où la démagogie allait emmener le Bayrou américain, le redresseur de torts catho, le yankee préféré des Français après Noam Chomsky, le post-marxisant le plus inculte de tout le cinéma hollywoodien. Je n'étais pas préparé à ça. Pour ceux qui ont vu le film, à moins que vous ne soyez convaincu qu'il existe un complot comprenant George Bush, les grandes multinationales, la finance juive et Sarkozy, je pense que comme moi vous avez été atterré de voir jusqu'où Moore poussait la mauvaise foi. Pour ceux qui n'ont pas vu le film, je m'en vais le gâcher en vous en narrant la fin : Michael Moore découvre que Cuba, c'est vachement bien, sûrement mieux que les Etats-Unis d'ailleurs puisque même les Américains peuvent s'y faire soigner par un personnel qui les accueille comme s'il avait été formé à l'école hôtelière de Lausanne. En passant, Moore trouve que la France c'est vachement bien aussi, ce qui fera plaisir à not'président, et que l'Angleterre, c'est le jackpot. Pour avoir vécu à Londres, je tiens à dire que Michael Moore se fourre la caméra dans l'oeil en confondant sa lentille de caméra avec ses lunettes de myope. Evidemment, on n'oublie pas le Canada, dont la description fait mentir l'avant-dernier film de Denys Arcand où il montrait un système de santé à la ramasse.

Moore nous a habitué à la démagogie, en laissant entendre que tout est mieux hors des USA. Mais là, on atteint des sommets, où des records de profondeur. Le système de santé américain est certainement perfectible (bien que Moore oublie de préciser que la recherche médicale américaine est la meilleure du monde), mais accuser les grosses firmes qui tyrannisent les petites gens, c'est de la démagogie. Il est évident qu'une compagnie d'assurances prend plus de risques avec un fumeur qu'avec un non-fumeur, ou avec un obèse qu'avec une personne en bonne santé. Mais M. Moore serait-il prêt à signer un contrat d'assurances qui lui dicterait ce qu'il doit faire pour rester en bonne santé, y compris perdre, à vus de nez, 40 kilos ? Je ne pense pas, Moore, en bon membre de la NRA, considère que bâfrer des cheeseburgers fait partie de sa liberté, et que les hôpitaux n'ont qu'à se démerder avec son quintuple pontage. On avait la gauche caviar en France, paix à son âme, on découvre avec effroi la gauche cheeseburger aux Etats-Unis.

Je pense qu'il faudrait tout de même montrer l'épisode français au personnel hospitalier de notre pays, qu'ils comprennent que, décidément, ils se plaignent pour rien (attention ! Phrase ironique) et surtout, il nous faut nous cotiser pour que Michael "Che" Moore puisse installer sa boîte de production à La Havane, d'où il pourra continuer à loisir son intéressant travail de critique de son environnement immédiat (Mike n'aime pas trop voyager dans les pays du tiers-monde ou chez les dictateurs à plus d'une heure d'avion). Moore utilise des techniques d'agit-prop rudimentaires mais qui fonctionnent : le petit peuple est écrasé par le système, et les riches s'engraissent au détriment des pauvres qui sont tous vertueux. En oubliant de préciser que le petit peuple a le choix, et qu'il serait intéressant de demander aux "victimes" de son film pour qui elles ont voté précédemment. Ceux qui ont voté républicain pour payer moins d'impôts ont le revers de la médaille, un peu comme le Français qui s'offusque que Moulinex délocalise en Chine mais préférait acheter la cafetière made in China chez Darty parce qu'elle coûtait deux fois moins cher que celle fabriquée en France. En clair : contrairement à ce qu'assène Moore et les démagos comme Besancenot, chacun est responsable. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas qu'il y ait entraide entre les citoyens, c'est même la base d'une société, et c'est ce qu'il manque dans les pays du tiers monde comme le Liban. Mais croire aux solutions miracle et aux bonimenteurs à caméra ou à casquette de postier, c'est vouloir détruire l'immeuble parce que le radiateur a une fuite. Ou pendre son propriétaire, comme le scandait un slogan heureusement oublié.

Aujourd'hui, se positionner contre les Etats-Unis, de quelque manière que ce soit, c'est passer pour un héros soucieux des petites gens. Moore a flairé le tuyau, et l'exploite à fond pour la plus grande joie des ennemis de l'occident. On peut, on doit, critiquer son pays quand on est dans une démocratie, et cela passe par le vote ou par le travail citoyen de critique du gouvernement et de son action. Mais que faire des Michael Moore et de leur travail de poudre aux yeux ? Les spectateurs vont-ils réellement croire que Cuba est mieux que les USA parce qu'on y a soigné gratuitement quinze Américains filmés par une vedette de l'altermondialiste de salon ? En tout cas, dans ma salle de cinéma, on gobait les chiffres et les arguments du Dr. Moore en même temps que du pop corn graisseux. Et on se réjouissait tout bas du satisfecit décerné par un réalisateur qui a dû passer en tout et pour tout une semaine à Paris mais qui juge qu'on est très bien soignés en France ET qu'on a SOS médecins. La prochaine fois que les infirmières manifesteront pour de meilleures conditions de travail, on les recevra au ministère concerné et pour les faire patienter, on leur projettera "Sicko". Quant à Fidel Castro, qui a adoré le film, il ne comprend pas pourquoi ses administrés continuent à fuir le pays année après année alors qu'on leur fournit des inhalateurs contre l'asthme à 5 cents ! Et la Syrie, comment y est-on soigné là-bas ? Précisons que le hezbollah a d'excellents hôpitaux, et qu'on y soigne les démunis sans assurance de santé. Ce qui montre bien qu'ils ne sont pas méchants, CQFD grâce à Michael Moore, le village Potemkine ambulant.

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19 septembre 2007

Le député Antoine Ghanem tué dans un attentat à Beyrouth

QUAND DONC LE RESTE DU MONDE VA-T-IL SE RENDRE COMPTE QU'ON NE TUE DES HOMMES POLITIQUES QUE D'UN CAMP AU LIBAN ???? COMBIEN DE DEPUTES ET DE JOURNALISTES ENCORE TUES AVANT QUE L'ONU NE FASSE QUELQUE CHOSE ??

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A 2h30 de Paris



Alors que la crise politique s'installe chez nos voisins belges, nous décidons de partir à Bruges, dans la partie flamande du royaume, pour en profiter avant une guerre civile qui s'annonce. La ville fait partie de ce réseau urbain nommé "cité romantique où il faut partir à deux sans les enfants", avec Venise et quelques autres dont Beyrouth mais pas pour les mêmes raisons ; donc, ni une, ni deux, on laisse les enfants à la maison, ou plutôt les projets d'enfants. Avec le budget économisé sur la non-éducation des non-enfants, décision est prise de s'offrir un hôtel un rien classe, avec fontaine de chocolat et champagne au petit-déjeuner et de tester les meilleures tables du pays. Mission accomplie avec un étoilé Michelin, trois pour être précis, qui a tout de même réussi à établir un menu abordable à 60 euros. On ne le répétera jamais assez : il faut avoir mangé à une grande table une fois dans sa vie pour comprendre que rien ne vaut une bonne brasserie ou un bon resto sans prétention. Quand on paie 100 euros par convive, on s'attend à des merveilles qui ne sont pas forcément au rendez-vous. Alors, à moins que vous ne transpiriez le fric, continuez à suivre les suggestions des guides, notamment la Brasserie Erasmus où un serveur sourd nous a quand même servi une sélection de bières qui a confirmé la supériorité de la Belgique sur maints pays en matière de brassage de houblon.

Sinon, jamais vu autant de touristes de ma vie ! De tous les âges, toutes les formes, toutes les langues ! Au moins, on passe inaperçu avec un appareil photo et des baskets. Et on peut prendre le temps de se reposer en remarquant que 1. l'Europe est vraiment un continent magnifique 2. les Français ont tort de ne pas plus profiter d'un pays aussi proche et riche que la Belgique. 3. Il est temps de rentrer au Liban d'autant que l'Allemagne est annulé. Avec Kouchner qui parle de guerre contre l'Iran, je sens qu'on ne va pas s'ennuyer cette année.

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12 septembre 2007

WIL el Spaniard

Quel est l'âne qui m'a dit que Madrid était une ville moche ? Non seulement c'est une belle ville, agréable à visiter et qui a l'air d'être facile à vivre, mais en plus, on y bouffe bien. Or, vous savez que j'aime bouffer et que je suis prêt à faire des détours pour trouver un bon restaurant. Parmi les bonnes adresses, je vous en recommande tout de même deux, la première située dans le quartier gay de Madrid : on a pu y déguster un incroyable tartare de thon et de gingembre, alliance casse-gueule s'il en est mais là parfaitement maîtrisé, ainsi qu'une entrecôte sauce au chocolat. Ne faites pas la moue concernant ce dernier plat, c'est immangeable si on ne possède pas de talent, mais c'est parfaitement évident quand c'est réussi. Et là, c'était tout à fait réussi. L'autre gargotte qui change un peu des tapas, c'est un fast-food qui porte bien son nom, car initiative du génie (dit on) Ferran Adria. Si vous ne savez pas qui c'est, essayez Google, vous comprendrez pourquoi je tenais à goûter une de ses compositions, n'ayant pas les moyens de me rendre dans son antre. Comme je sais que c'est énervant de cliquer, je vous livre ici une partie de sa biblio tirée de wikipedia, concernant son restaurant :

El Bulli, qui reçoit chaque année 8 000 demandes venues des quatre coins du monde, ouvre ses portes six mois par an, d’avril à septembre, pour servir à manger à 3 000 chanceux. On cite le cas de clients potentiels qui accompagnent leur demande de réservation d’une lettre de motivation afin d'être retenu parmi les élus qui auront le droit de payer 170 euros (en 2006) pour déguster un menu de 25 plats (ou plutôt 25 miniatures) parmi lesquels on pourra trouver de l’air de carotte, un sorbet grillé au barbecue, une viande accompagnée d’une seringue hypodermique pleine de sauce, des chamallows de parmesan, du caramel d’huile de courge, des bonbons à l’huile de potiron, du croquant d’algue, des pétales de rose en tempura, des pastilles glacées au whisky sour, des sorbets aux amandes parfumés à l’ail ou encore de la nougatine aux algues.


Les cuisiniers sont, après les écrivains, les artistes que je respecte le plus pour leurs créations qui invitent les cinq sens. Dans ce fast food, le hamburger contenait quelques feuilles de menthe du meilleur effet, et les gaspachos étaient excellents même quand, comme moi, on trouve ça immonde la plupart du temps.

Car j'avais des préjugés avant de retourner en Espagne. Ce pays évoquait surtout pour moi Franco, la corrida, l'inquisition et un soleil de plomb. Madrid, c'est tout ça, y compris les arènes (photo de gauche), mais c'est aussi Don Quichotte (première photo), un des plus beaux romans jamais écrits, c'est également Miro, qui a réalisé la fresque du palais des Congrès (photo suivante), c'est une très belle ville animée qui mérite largement une visite, et qui, en cinq jours n'a fait que dévoiler une partie infime de ses trésors. Même si le Prado a été un peu décevant, et que le choc thermique après l'Islande a été massif, Madrid restera un très beau souvenir en particulier parce que cette ville m'a permis de faire tomber mes idées reçues imbéciles sur la culture hispanique. On me dit que Séville est encore plus belle ; j'y filerais bien, mais les prochains voyages concernent l'Europe du Nord (mais oui je rentre bientôt au Liban ! Patience, dès que je suis à Beyrouth, je reprends mes commentaires acerbes et je rouvre les comments).

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10 septembre 2007

Iceland WIL en couleurs

Bien sûr, lorsqu'on évoque l'Islande, on pense aux glaciers, et on n'a pas tort. En voici un spécimen au sud qui commence à perdre les eaux. On ignore encore de quoi le changement climatique fera acccoucher l'île, mais il paraît que l'été fut aussi chaud que le mois de septembre a été exceptionnellement pluvieux. Heureusement, pour se réchauffer, l'Islandais a le sens de l'humour comme en témoigne l'enseigne suivante (il faut ignorer le point entre "pen" et "is", sinon c'est moins drôle). Quant au visiteur familier du Moyen-Orient, il aura la surprise de tomber nez-à-nez avec une échoppe qui l'interpellera par un doux nom qui fleure bon le kebab.
Passons, voulez-vous, sur les merveilles de la nature que j'ai tout de même pris soin de photographier, comme les chevaux, les chutes d'eau, les volcans, etc. J'ai tenu à vous montrer deux monuments qui se tournent le dos à Reykjavik, l'un rappelant que les vikings ont découvert l'Amérique bien avant le Gênois mercenaire, l'autre montrant que le protestantisme local ne semble pas s'embarrasser de l'obligation de modestie qu'il adopte dans d'autres pays. La cathédrale domine l'ensemble de la ville, et semble témoigner de l'oppression du monothéisme y compris dans les contrées les plus reculées. J'étais parti chercher Asgard, j'ai trouvé la morbidité du dieu unique. Heureusement, dans la foulée, je suis parti en Espagne. Mais ça, c'est une autre histoire.




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04 septembre 2007

Iceland WIL

Il pleut. Et en Islande, quand il pleut, il pleut vraiment, pas une de ces petites pluies fines qu'on rencontre à Paris. L'Islande est placée sous la tutelle de Thor, et même si les Islandais semblent l'avoir oublié, lui préférant le dieu vengeur du Moyen-Orient, lui n'a pas oublié. "Forgé par le feu, taillé par la glace". Jolie description d'une île qui m'aura fait revenir à un état de Nature et m'aura fait oublier quelques temps le reste du monde pour mieux résister aux intempéries. Première précaution : acheter un vêtement local, 66°North, fabriqué selon les normes des habits pour pêcheurs. Sans ce coupe-vent étanche, je pense que je serais resté dans ma chambre d'hôtel de Selfoss plutôt que partir à la rencontre de l'île de glace. Un passage me semblait obligé, Thorsmörk, qu'il faut mériter avant de pouvoir contempler la vallée encadrée de glaciers et de forêts. En hiver, l'accès est impossible devant la taille des rivières qui barrent le chemin. Là aussi, à bord de notre camion Mercedes customisé pour l'exploration islandaise, nous avons dû franchir nombre de petits cours d'eau et de routes caillouteuses avant d'arriver dans la vallée sacrée. J'avoue que j'ai encore mal au cul d'avoir tellement brinqueballé sur mon siège, et je comprends maintenant l'expression "sauter au plafond". Il faut se concentrer sur quelque chose ; je n'ai rien de mieux que d'écouter en boucle "Cities in Dust" de Siouxise and the Banshees. Et j'ai serré les dents. Et les fesses. Enfin, parvenu au pied des montagnes, j'ai pris mon courage à deux mains, et forcé mes kilos en trop pour gravir les chemins qui menaient dans la forêt de Thor. Une merveille, parfois perturbée par de fugaces apparitions de trolls qui eux ne viennent pas sévir dans les blogs.

L'Islande est un peu le Liban de la Scandinavie : pas d'armée, un tout petit pays qui n'aime pas qu'on le lui rappelle, des 4x4 fumants partout, une architecture pour qui l'esthétique passe clairment en dernier (des toits en tôle partout... mais ça s'améliore), une influence américaine trop visible, et une nourriture... qui plaît aux amateurs. La comparaison s'arrête là. Reykjavik n'a pas le charme de Beyrouth, ou son cosmopolitisme. La ville ne présente que peu d'intérêt, et on la parcourt rapidement en se rappelant que jusque dans les années 70, l'Islande était considéré comme en voie de développement, contrairement à ses consoeurs scandinaves. Aujourd'hui les grues s'agitent partout et contribuent à étaler la richesse islandaise que le Big Mac Index qualifie de pays le plus cher du monde. Certainement pas un pays à vivre, mais certainement une destination à éprouver. Et la valeur travail n'est pas un mot. Chacun s'active quel que soit son âge et les jeunes filles travaillent à pousser des caddies dans les supermarchés, ce qui serait impossible dans ces pays où on aurait honte de faire un "travail d'arabe".

Il paraît que pour comprendre les Islandais, il faut faire comme les Islandais, en particulier aller à la piscine en plein air. Je m'y suis donc risqué deux fois avec beaucoup de plaisir, la deuxième fois en empruntant le bus qui mène au Blue Lagoon. Sans doute l'attraction touristique de base en Islande, l'endroit permet de se peler quand il pleut et que la température est à 0°, pour plonger se réchauffer dans une eau à 32°, se couvrir le visage de boue silicatée, et suer dans un bain de vapeur à 45°. C'est plus que surprenant, mais c'est une merveilleuse sensation. En tout cas, pendant une heure. Plus de temps, et la joie enfantine de se trouver entre deux eaux, de batifoler dans une eau laiteuse et de s'émerveiller de la vapeur qui se forme à la surface de l'eau en raison des différences de température, tout cela s'estompe devant la vision préoccupante de la peau qui se ramollit comme quand on était petits et qu'on prenait des bains trop longs. Il faut donc repartir et longer les paysages rocailleux pour rentrer sur Reykjavik, sans pourtant se réchauffer à la perspective d'un bon repas, et sans se bercer de l'illusion qu'on pourra oublier un temps le vent, la pluie et le froid qui s'immiscent tout de même dans la chambre d'hôtel.

Je suis parti de nouveau pour un autre pays. Je posterai des photos dès que je peux et j'essaierai de rassembler mes sensations de cette île surhumaine. J'ai cherché partout des traces des dieux morts, étonné de voir un pays qui a si longtemps entretenu le culte des Ases aller si loin dans la christianisation qu'ils en ont même rebaptiser les jours de la semaine : le jour de Thor (Thursday, Donnerstag, Jeudi) ne signifie plus rien en islandais. Pays luthérien, l'Islande entretient un rapport ambigu avec son passé, fier de ses sagas mais érigeant de colossales cathédrales à un dieu qui n'a rien à voir avec le Nord. Où est passé Asgard ? Je compte persévérer dans ma quête lors d'un prochain voyage chez les scandinaves. En attendant, l'Islande va me manquer.

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