27 juin 2007

Message rapide

Merci pour vos emails de soutien, ils me font très plaisir. Pendant ce temps, les trolls continuent de s'agiter, et me laisse de petits cacas dans les comments de façon régulière. Je pense qu'ils ne savent pas à quel point ça me redonne de l'énergie. Savoir qu'on est détesté par des sans-vie est très dynamisant, et je me nourris autant de l'amitié de mes lecteurs que de la haine de ces vermines. Alors à tous, amis-lecteurs et petits trolls isolés dans vos chambres d'adolescents, continuez à me laisser vos messages. Je me régénère. Merci à tous.

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26 juin 2007

In fine

Non, chers amis, ce n'est pas une anomalie de Blogger qui vous a empêché de commenter mon dernier post, mais bien une volonté délibérée de ma part. Hier soir, le premier comment a été l'œuvre d'une troll qui trouve que mon blog est de plus en plus chiant et répétitif. D'ordinaire, j'enverrais chier une sans-vie qui s'amuse à abimer celle des autres. Mais là, je suis fatigué, et je crois que cela se ressent. Le Liban me lamine, et je sens que je n’ai plus grand-chose à dire qui ne procède de cette lassitude et d’une haine grandissante pour les agissements de salopards qui sont vénérés par une grande partie de la population. Je pourrais quitter le Liban, ce qui est plus facile à dire qu'à faire. Au lieu de cela, je m’impose un temps de silence, pour retrouver l’envie de continuer ce blog, et réfléchir, s’il y a lieu de le faire, à une nouvelle thématique. Au début, il y a plus de cinq ans, il s’agissait d’établir un journal des évènements libanais. Est-ce encore bien utile ? Je ne veux pas donner raison à tous ces trolls qui m’injurient depuis le début, juste retrouver la force de les démolir comme je prenais plaisir à le faire lorsque j’avais un objectif. Je vais tâcher de retrouver une motivation, ou pas. Alors à très bientôt, peut-être même demain, ou pas…

Merci de m'avoir lu.

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25 juin 2007

Tir aux pigeons

Voilà un pays qui ne déçoit jamais ! Alors qu'on pensait avoir fait le tour des plaies du Liban, après les attentats, les guerres, les assassinats, les émeutes, on se demandait ce que ce pays si inventif allait pouvoir trouver. Ne jamais sous-estimer la créativité libanaise, surtout quand elle vient de l'étranger ! La nouvelle cible maintenant, c'est la FINUL, force militaire dépêchée par l'ONU, dont le seul objectif est de protéger la population libanaise de ses nombreux ennemis. Mais voilà, au Liban, on n'a besoin de personne, on veut l'in-dé-pen-dance ! Y compris des Nations Unies qui, comme chacun sait, sont téléguidées par les USA, à tel point que George W. Bush a dû les contourner pour envahir l'Irak. Qui a tué les soldats espagnols ? Le hezbollah nie, et on a très envie de les croire : le parti de dieu ne fait pas dans le détail ou le demi-gros, il lui faut des attentats contre des centaines de marines américains ou contre les militaires français du Drakkar, sinon il ne s'ennuie pas avec du menu fretin espingouin. Alors, qui a tué les militaires de la FINUL ? Vous remarquerez d'abord que les Espagnols ne peuvent pas être des martyrs, aucun organe de presse libanais n'a parlé d'eux en ces termes, sans doute parce que seuls les soldats libanais ne s'engagent pas dans l'armée pour tuer ou être tué (on estime qu'un soldat libanais est égal en termes de martyritude à une centaine de soldats étrangers). Ensuite, on peut penser que soit le hezbollah a perdu la main dans sa région, soit il laisse des trublions s'agiter et faire la loi sur son territoire. C'est inquiétant. Si les terroristes terrorisent les terroristes historiques, où va-t-on ? On est habitués à nos terroristes du hezb, c'est difficile de penser qu'il en est d'encore plus sanguinaires et religieux. Alors qui ? Au final, ça n'a aucune importance, on ne le saura jamais. Penser que les assassins de Rafic Hariri, l'homme le mieux protégé du Moyen-Orient après le premier ministre israélien, courent toujours, voire même occupent des fonctions politiques d'importance ! Personne ne tient à savoir qui sème la terreur au Liban. Et Al Qaida est tellement pratique pour la théorie du complot.

La polémique continue donc, et le provisoire s'installe confortablement au Liban. On pensait que la population en aurait marre de cette situation politique ubuesque, qu'elle ne supporterait pas les attaques incessantes et le climat d'insécurité, qu'elle se rebellerait contre un Liban en perdition où l'Etat n'assure aucun des besoins primaires de ses administrés. Mais la population libanaise n'a personne contre qui se tourner. Elle fait le dos rond, attend avec inquiétude la prochaine vague de terreur et profite de la plage pas trop tard, car la nuit amène son lot de démons qui n'ont pas besoin de barbes pour faire pleurer les enfants. Le Darfour occupe le devant de la scène, et c'est normal, la compétition n'est pas sur la souffrance. Je comprends qu'on ne veuille pas se frotter de trop près à la Chine communisto-capitaliste. Mais qu'on vienne m'expliquer la complaisance dont font preuve les pays occidentaux vis-à-vis de la Syrie. Est-ce parce qu'elle a accepté de faire partie de la fameuse coalition de l'amour contre l'Irak en 1991 ? N'en déplaise aux belles âmes qui défilent dans les rues de Paris avec des keffiehs, des badges hezbollah et des slogans antiaméricano-sionistes : la Syrie ne comprend que le langage de la fermeté, que ce soit des sanctions économiques ou des représailles militaires. Elle sait Israël fort, et ne s'amuse pas à provoquer la frontière commune. Elle sait le Liban faible, et expérimente sur son sol ses dernières inventions inhumaines. D'autant qu'elle peut compter sur le soutien de ses idiots utiles, farouchement anti-occidentaux par réaction bourgeoise, et qui rêve d'un monde où ils pourraient faire les révolutionnaires et donner un sens à leur vie (et éventuellement choper de la hippie).

Sinon, bonne nouvelle via France 2, 1/3 des églises françaises devraient être démolies faute de trouver les fonds pour les rénover, au bas mot 3000 églises rurales ! J'aime beaucoup ce proverbe chinois : si tu as un ennemi, assieds-toi au bord de la rivière et tu verras son cadavre flotter. Et la Syrie, elle flotte ? Le Darfour, en attendant, est en train de couler.

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24 juin 2007

Idiots utiles

Pour beaucoup d'observateurs du Moyen-Orient, la situation devient pénible. Le conflit à Gaza qui oppose le Hamas et le Fatah ou la guerre entre Fatah el Islam et l'armée libanaise sont autant d'évènements violents et inquiétants qui n'impliquent pas Israël. Comment lire le Moyen-Orient si on ne peut plus dire que tout est de la faute des juifs ? Heureusement, il existe des experts dont le métier est justement de sortir de ce genre de crises, et qui savent comment raccorder les problèmes arabes au complot américano-sionistes, même si Israël n'est pas directement impliqué et que les Etats-Unis sont fort éloignés de la question. Après Seymour Hersh et Noam Chomsky, qui a un peu perdu de sa crédibilité lorsque Hugo Chavez a brandi un de ses ouvrages comme une référence à la tribune des Nations-Unies, L'Orient-le jour nous fournit Jeffrey Sachs, qui nous a pensé la réflexion suivante :

La politique américaine au Moyen-Orient a essuyé un nouveau revers ce mois-ci, lorsque le Hamas, membre du gouvernement palestinien que les États-Unis avaient tenté d’isoler, a chassé le Fateh de Gaza. La réponse d’Israël a été de fermer ses frontières avec Gaza, rendant encore plus insupportable la vie dans cette région déjà ravagée par la violence, la pauvreté et le désespoir.
Il est important de comprendre les raisons de cet échec des États-Unis, car il est récurrent et rend la paix entre Israël et la Palestine chaque jour plus difficile. L’origine du fiasco est à chercher dans le fait que les gouvernements américain et israélien pensent que la force militaire et la répression économique peuvent les conduire à conclure une paix selon leurs conditions, plutôt que de consentir à un compromis aux conditions que le Moyen-Orient, le reste du monde et, surtout, la plupart des Israéliens et des Palestiniens ont acceptées depuis longtemps.


Honte à Israël qui ferme ses frontières avec Gaza aux mains des extrémistes ! Jamais la Syrie ne fermerait ses frontières avec le Liban Nord sous prétexte que les terroristes tentent d'appliquer leur loi près de Tripoli ! Ha en fait si, c'est fait, mais les raisons sont différentes, la Syrie est sage, Israël est pervers. Il faut préciser que Jeffrey Sachs est un expert en Moyen-Orient : tout comme Chomsky est linguiste, il est économiste. Quel rapport avec la région, allez-vous me dire ? Je ne vous réponds pas, vous êtes un sale agent du sionisme mondial à ramifications tentaculaires américaines. D'ailleurs, Sachs, qui avec un peu de chance est juif, connaît la solution aux problèmes, et elle n'a rien à voir avec les saloperies américano-juives :

Il n’y a, hélas, qu’une seule solution possible pour démêler la situation : celle d’un vrai compromis et non d’une décision unilatérale. Aucune puissance extérieure ou force intérieure ne parviendra à imposer sa volonté. Israël et la Palestine vont devoir trouver un accord partant du principe qu’ils partagent une petite portion de terre très disputée.


Nom de dieu, mais c'est bien sûr ! Personne n'y avait pensé avant ! Un compromis ! Penser que des générations de négociateurs ont tenté de résoudre le problème sans penser à appliquer un VRAI compromis ! Les gens comme Sachs sont de brillants esprits repris par des journaux à la ligne idéologique fluctuante, qui seront ravis de savoir que "Yaka" et "Faukon". C'est vrai, la situation à Gaza est très simple : il faut trouver un VRAI compromis avec les terroristes du Hamas, du genre on lapide les femmes mais pas trop, on suit la Chariah mais pas tellement, on détruit Israël mais on s'y met mollement, on tue les infidèles mais pas tous, on jure la mort au Grand Satan mais on peut trouver un compromis. J'aime beaucoup ces penseurs américains "de gauche". Ils critiquent leur gouvernement, ce qui est de leur devoir et une pratique parfaitement saine en démocratie. Mais ils oublient dans leur enthousiasme que ceux qui vont les lire ne comprendront pas que critiquer Bush, ce n'est pas vouloir la mort de la fédération US. Et que les ennemis de l'occident seront ravis de pouvoir utiliser des textes de mandarins de tours d'ivoire pour justifier leur lutte contre les régimes démocratiques, certes imparfaits, mais toujours une meilleure alternative à ce que préparent le Hamas, le hezbollah ou Fatah el Islam. On aurait pu penser que l'épisode, toujours en cours, de Nahr el Bared, aurait permis, en tout cas aux Libanais, de comprendre où peut mener le terrorisme, et qu'il n'y a rien de romantique ou de révolutionnaire dans le fait de tuer des militaires ou des civils au nom d'une idéologie totalitaire. Mais non, on continue à considérer les morts militaires comme des martyrs, ce qui procède d'une idéologie mortifère, et surtout qui se voile la face quant aux enjeux du conflit entre Fatah el Islam et le gouvernement libanais.

Fatah el Islam possède la même idéologie que le Hamas à Gaza ou le hezbollah au parlement. Utilisant la religion comme prétexte à la lutte contre la démocratie, alors même que les deux sont compatibles, ces mouvements ont parfaitement su jouer sur le sentiment de culpabilité des nations occidentales au passé colonial douteux. Les Français, par exemple, seront persuadés que, quoi qu'il arrive au Liban, c'est un peu leur faute à cause du mandat, alors même que la France a été foutue dehors en 1943, pendant la Seconde guerre mondiale. En conséquence, le langage restera diplomatique et n'osera pas condamner avec fermeté la situation, par peur de se voir renvoyer son passé au visage. Sachs parle de compromis, mais on ne peut pas trouver de compromis avec des terroristes dont l'idéologie pose la haine de l'autre et la glorification du martyre. Quel consensus trouver avec le Hamas ? Et avec le hezbollah ? Autrefois, pour les intellectuels "de gauche", on organisait des voyages en URSS où on leur refaisait le coup des villages Potemkine, pour qu'ils rentrent en occident et affirme la supériorité du modèle soviétique. Aujourd'hui, les "compagnons de route" ne se déplacent même plus. Que trouveraient-ils à Gaza ou dans les territoires du hezbollah qui les confortent dans leur idée que l'occident est pourri ? Alors ils ne quittent même plus leur bureau, et regardent Al Jazeera qui leur montrent à quel point les démocraties sont méchantes, faute de pouvoir montrer les images des dictatures où les journalistes sont en prison. Et ils écrivent des articles passionnés sur le complot de la démocratie, sans sentir dans leurs dos les fils de marionnettes qui les manipulent depuis Damas ou Téhéran.

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19 juin 2007

Le sabre ! Le goupillon !

Ce matin, dans le nord, on entendait les canons. Curieux rappels à l'ordre de la situation, déflagrations discrètes qui permettaient de contredire ce que le cerveau répète depuis maintenant des mois : jusqu'ici, tout va bien. Non, tout ne va pas bien, rien ne va, mais pour continuer à vivre et éviter de se recroqueviller dans sa chambre ou de balancer des rumeurs comme le dernier salaud venu, il faut barrer certaines informations à son esprit. Et penser à autre chose.

Heureusement, deux collègues de blog viennent de façon bien différente me rappeler un sujet qui me tient à coeur. Chroniques beyrouthines fait l'objet d'un assaut en règle de la part des témoins de jéhovah, secte arriérée et intolérante, qui accuse le site d'avoir osé faire de façon humoristique le parallèle entre leurs VRP et ceux du hezbollah. Ce blog subit donc les commentaires incroyablement paradoxaux de chrétiens sectaires qui accusent les auteurs de manquer de tolérance, et ce dans des termes qui montrent clairement qu'il s'agit de blasphème expiable seulement par le feu. De son côté, mon ami Julius me classe parmi ceux qui combattent le catholicisme, et rejetteraient par là-même leur héritage, en particulier en tant que Français (je crois que c'est ça, les voies du seigneur son pas toujours pénétrables). Et ça je veux lui répondre chez moi, car on m'a souvent accusé de combattre les religions. Et on a bien raison.

Les religions ont ceci de spécifique qu'elles se construisent sur l'irrationnel absolu. On prend un axiome (dieu existe), et on continue à bâtir un système dessus, toujours à coup d'axiome. Contrairement à la science, on ne prend pas la peine de tester aucune hypothèse, et lorsque deux d'entre elles rentrent en contradiction, on émet une troisième hypothèse pour les faire coexister. La religion rassure les faibles, et ceux dont les interrogations personnelles ne peuvent se satisfaire de leur propre réflexion. Tant mieux pour eux, respectons la foi, mais qu'on ne vienne pas dire que le catholicisme a jamais contribué à la grandeur de la France : il a au contraire été une des clés de son appauvrissement. Comme le souverain représentait dieu sur terre, il asseyait son pouvoir sur la force et la légitimité divine. En échange, il devait guerroyer lorsque le pape devait conquérir des parts de marché contre les "païens" (ceux qui n'adhéraient pas au monothéisme), les hérétiques ou les infidèles. Les guerres étaient coûteuses, traumatisantes, et ne rapportaient rien à la France, seulement aux chefs de guerre. Cette juxtaposition du pouvoir temporel et spirituel est une vieille ruse de guerre pour asservir une population : on se rappelle de Cortes se faisant passer pour Quetzatcoatl, de l'ascendance du roi du Japon incarnation de la déesse du soleil, ou encore dans les religions laïques, de la fréquente comparaison entre Kim Il Jong et l'astre de jour. Faire croire qu'on est un dieu permet de gouverner une populace qui veut une entité d'exception à sa tête. Mais malheur à celui qui se fait démasquer, comme le montre le très beau film de Huston "The Man Who Would Be King", avec Sean Connery et Michael Caine.

Notre époque a réussi à se débarrasser de la plupart des idéologies sanguinaires, que ce soit le fascisme, le monothéisme ou le communisme. Mais ça et là, des populations en manque de repères se réfugient dans l'extrémisme, pensant que leurs problèmes économiques seront résolus parce qu'ils vouent un culte furieux à Allah, comme autrefois on sacrifiait un animal au dieu des moissons. Alarmés, les populations des pays civilisés croient voir la barbarie à leur porte, et se croient forcés d'invoquer leur dieu blanc, seul capable de jouter contre la divinité des hordes jihadistes. La religion, comme tous les mouvements de décérébrage de masse, provoque la haine, et encore la haine, et la France, berceau des libres-penseurs et génitrice de la laïcité, n'échappe pas, mondialisation oblige, à la reconquête des terrains laissés en friche par des années de progrès intellectuel et psychologique. Voir toutes ces âmes non encombrées par la religion rend la religion gourmande, comme Coca-Cola devient frénétique en contemplant tous ces Chinois qui ne boivent pas encore son produit ! Sauf qu'on peut boire Coca et Pepsi, mais la religion, en tout cas la monothéiste, vous demande de choisir : pas question d'être en même temps grec-orthodoxe et sunnite ! Il faut trancher entre les deux mensonges et choisir le plus confortable !

La religion n'aime pas la démocratie, car elle-même n'élit pas ses représentants, c'est dieu qui les nomme dans leur sommeil. Elle n'aime pas la réflexion, et exige de répéter par coeur prières, homélies et psaumes. Elle n'aime pas la concurrence et refuse la cohabitation avec ceux qui utilisent les mêmes ficelles. Elle n'aime pas la vie et promet que la mort sera plus belle. Elle n'aime pas les hommes et leur refuse le plaisir. Elle n'aime pas les femmes, et les préfère sur un piédestal que dans la fonction suprême. Elle n'aime pas les nations, et contourne leurs lois par ses milliers de relais. Elle n'aime pas la liberté, et impose des règles strictes à tous, sauf à ceux qui les établissent ou doivent les faire respecter. Elle n'aime pas l'amour, et pense que Jésus à bien fait de mourir sur la croix plutôt que de rendre les gens heureux. Elle n'aime rien tant que le pouvoir, et fait tout pour le garder. Si vous n'êtes pas d'accord, venez avec moi un jour écouter les canons, et redites-moi que la religion c'est beau, c'est l'amour, c'est la vie. J'espère que vous douterez, sinon je vous laisserai là-bas, avec vos semblables.

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17 juin 2007

Suspense électoral insoutenable


Je reste persuadé qu'on doit mieux voir la situation depuis Paris que depuis Beyrouth. Les médias locaux sont tous engagés de façon éhontée, comme l'a montré la lamentable affaire de la NBN, et c'est le téléphone arabe qui déclenche les épidémies de rumeurs et brouille la vision de la situation. Il y aura toujours un abruti prétendant être en relation avec des milieux confidentiels qui va relayer la nouvelle vague de rumeurs, en général des prédictions catastrophistes pour le pays, et à la manière des voyants qui abusent de la bonne foi populaire, trouvera une bonne raison de s'être planté avant de recommencer son petit jeu égotiste. Il reste en tout cas à trouver un média plus réactif pour des situations comme la nôtre. Deux roquettes ont été lancées sur Israël depuis le Liban (le hezb dément), ce qui fait froid dans le dos sur les possibilités d'une escalade, et on aimerait avoir un média qui nous en dirait plus. Or, aucun n'est assez immédiat pour relayer l'information en temps réel. Il faudrait un métamédia, par exemple en cas d'attentat qui indique le blog d'un témoin direct de la scène. Seul Naharnet permet de se tenir informé plus rapidement qu'au jour le jour, mais une fois de plus, son problème reste l'engagement et la lenteur. Le splendide logo que vous distinguez au début de ce post pourrait toutefois montrer la voie d'un nouveau journalisme, puisqu'il s'agit de la mire de la futur Otv, chaîne de propagande de Michel Aoun. Cela ne se voit pas mais le barbouillis dégueulasse au milieu symbolise le cèdre libanais militarisé, en hommage aux morts de l'armée, pardon, aux "martyrs" de l'armée car le Liban est le seul pays au monde où les soldats ne sont pas censés mourir au combat. Les civils, en revanche, c'est une autre histoire.

L'été risque d'être plein de nouveautés, entre soulèvements palestiniens, attentats aveugles, assassinats politiques, affrontements inter-milices et reprises des hostilités à la frontière aec Israël. Merveilleux esprit humain qui arrive toujours à renouveler les tortures qu'il pourra infliger à son prochain ! Déjà ce bon vent qui nous vient de Gaza où le Hamas a pris le pouvoir de façon aussi démocratique qu'il s'était fait élire. Les antisionistes vont encore couiner qu'Israël y trouvera son compte puisque ses ennemis se déchirent : c'est tout le contraire, car l'Etat hébreu n'a d'intérêt qu'à la stabilité qui lui permettrait, seule puissance économique de la région, d'étendre encore sa formidable avance technologique. Bien après sa publication, je me lasse pas de lire l'excellent article de Michel Bôle-Richard sur ce qui se passe à Gaza. Une telle lecture des évènements montre que certains "intellectuels" ne souhaitent pas sortir du schéma qui leur permet d'être du côté des opprimés contre les méchants.

Ensuite, des élections libres et régulières ont porté au pouvoir le Hamas le 25 janvier 2006. Un scrutin, là encore, que la communauté internationale a appelé de ses vœux mais dont elle n'a pas reconnu les résultats parce que l'organisation islamiste avait été cataloguée "mouvement terroriste" bien que ses dirigeants aient, depuis le mois de janvier 2005, décrété une trêve qu'ils ont fait respecter.

Cette consultation avait traduit un fort rejet du Fatah en raison de la corruption et de la mauvaise gestion de l'Autorité palestinienne. Cette volonté du peuple n'a pas été respectée et des sanctions ont immédiatement été mises en place en avril 2006 qui ont abouti à un étranglement de la population palestinienne et ont largement contribué à la radicaliser, la jetant dans les bras de l'Iran et des islamistes purs et durs.


Ce bon M. Bôle-Richard n'a jamais lu la charte du Hamas, dont la teneur ferait frémir même le militant bolchévique le plus endurci. L'intention totalitaire y pourtant écrite noir sur blanc, notamment, si mes souvenirs sont bons, l'interdiction de l'éducation des femmes, l'occident y voyant une occasion d'utiliser ces pauvres âmes comme des chevaux de Troie en les corrompant avec des valeurs non conformes à la sagesse ultra-islamique. Mais notre expert a sûrement raison : ce qui se passe à Gaza est notre faute, parce que nous avons eu l'outrecuidance pour une fois d'appeler un groupe terroriste "terroriste", nous l'avons jeté dans les bras de l'Iran. Sauf qu'il en provenait déjà, et que le romantisme antioccidental de ces intellectuels moisis seraient charmants s'ils ne menaçaient à terme l'avenir de notre civilisation. Je vois un avenir à des penseurs de cette trempe : le Jamel comedy club, et les émissions d'Ardisson. Non, finalement, on ne voit la situation du Moyen-orient comme il faut de nulle part. Je vais commencer un blog sportif, Chabal, avec son regard carnassier de chef de guerre arverne, étant plus intéressant que les boutefeux politiques et religieux qui veulent nous envoyer en enfer sans en montrer le chemin.

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15 juin 2007

Augmentin 625 mg

Le Liban est parfois bien organisé : comme j'ai un médicament à prendre toutes les quatre heures, je me suis réglé sur les coupures de courant. Celles-ci sont d'une précision suisse et, à chaque changement d'alimentation entre Electricité du Liban et le générateur, je sais que je dois avaler mon antibiotique. Merci EDL qui n'est foutu de nous fournir du courant que toutes les 4 heures ! Grâce à toi, je sens que ma santé s'améliore car chacun sait que la clé d'une bonne convalescence, c'est le respect de la posologie, et un repos absolu.

Repos garanti car aucun attentat ne s'est produit depuis deux jours. Quel calme ! On murmure pourtant du côté de NBN, la fameuse Nabih Berri Network, que le prochain visé serait le député Fatfat (traduction du passage dans les comments du post précédent). Une journaliste aurait éventée la surprise-party, elle a donc été descendue en flammes pour son sens médiocre du timing. Si les journalistes annoncent les évènements avant qu'ils n'arrivent, ça casse le marché, et ce sera la surenchère du scoop. Où s'arrêtera-t-on ? Devra-t-on annoncer les attentats un mois avant leur réalisation ? Un an ? Je suis content que cette journaliste ne fasse plus partie de l'excellente NBN, chaîne réputée pour son éthique et son professionnalisme. Elle devrait aller bientôt annoncer les futures Divines Victoires sur Al Manar.

Ou alors émigrer vers la presse écrite, L'Orient-le Jour par exemple ? Outre qu'il est de plus en plus difficile de lire les exercices de style à la Libé de Z. Makhoul, on trouve fréquemment des articles comme le suivant, signé par Christian Melville :

Plus d’un million de personnes jetées sur le chemin de l’exode ; des milliers de civils massacrés et des centaines de localités définitivement rayées de la carte… L’histoire relèvera que, survenant en 1948, ce cataclysme avait fait peu de bruit dans un monde encore traumatisé par la Seconde Guerre mondiale et, de plus, soucieux de se donner bonne conscience en créant un État pour les rescapés des camps de la mort nazis. « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre » : reprise ultérieurement par Golda Meir, la formule est du pasteur Blackstone qui, aussi loin qu’en 1891, rêvait de regrouper tous les juifs du monde à l’intérieur de frontières qui restaient à créer … afin de faciliter leur conversion ultérieure au christianisme. La création en 1948 de l’État d’Israël, ce fut pour le monde arabe la « nakba », dont nous assistons depuis quelque temps à une réédition tout aussi sanglante.

Toujours cette vieille tradition de théorie du complot consistant à poser que les malheurs arabes procèdent de la création d'Israël. On en est convaincus devant l'attitude de tous les dirigeants des pays frangins, de Gaza à l'Irak : quelle sagesse politique uniquement troublée par six millions d'envahisseurs placés au Moyen-Orient par l'Europe soucieuse de se donner "bonne conscience" ! On oublie intentionnellement la position des pays arabes pendant la Deuxième guerre mondiale, la plupart de leurs dirigeants soutenant l'Axe contre les Alliés dans l'espoir d'acquérir leur autonomie. Le Liban n'a même pas attendu la fin de la guerre pour profiter d'une France en difficulté pour s'en affranchir. C'est de "bonne guerre", et ça ne me gêne aucunement. Mais quand on choisit le camp du vaincu, on ne peut pas non plus obtenir le cul de la fermière. Si ça permet à M. Meville de développer une grille d'analyse du monde simplifiée, tant mieux pour lui. Il a alors la même conception du journalisme que sa collègue de la NBN.

Pour finir avec ma revue de presse des salauds, la dernière trouvaille du Vatican, qui reste ma tanière d'extrémistes religieux préférés :

Le Vatican a appelé les catholiques de ne plus soutenir financièrement l'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International, en raison du récent engagement de celle-ci en faveur de la dépénalisation de l'avortement, ajoutant, dans un communiqué diffusé mercredi 13 juin, que l'Eglise catholique suspendrait également ses "contributions financières" à l'organisation.

Amnesty International est l'une des rares ONG au monde à jouir d'une réputation sans tache bien qu'exerçant dans un domaine extrêmement sensible. La priver de dons, qui lui assurent son indépendance, c'est l'asphyxier à une époque où on n'a jamais eu autant besoin d'elle. Et comment expliquer à ces connards de donneurs de leçons phallocrates et célibataires qu'aucune femme ne subit un avortement par plaisir ? Qu'il s'agit d'une opération douloureuse, dangereuse et traumatisante ? Que donner le choix n'est pas inciter, mais proposer une alternative quand une femme n'est pas prête ou pas consentante ? Le monde est dominé par les hommes, ça ne marche pas, il faudrait changer les choses. Oui mais la journaliste de NBN était une femme. Eduquons des lapins à nous gouverner et à nous informer.

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13 juin 2007

Clic clic boum

Donc, je suis malade et je dois rester à la maison. Je n'ai pas d'autre choix vu mon état que de zapper et essayer d'éviter la vulgarité dégoulinante des clips musicaux libanais et les programmes des candidats aux législatives. Jusqu'à présent, mes favoris étaient les partis d'extrême gauche pour qui le monde est aisé à comprendre : d'un côté les riches (vicieux), de l'autre les pauvres (vertueux). Ne parlant que de fric, leur "dialectique" est assez facile à comprendre. C'est oublier qu'être riche peut avoir différentes raisons, et idem pour la pauvreté. Entre quelqu'un qui n'a jamais eu la chance d'avoir accès à des études, sésame pour obtenir un bon boulot et donc payer des impôts, et le branleur qui ne foutait rien en cours parce qu'il voulait devenir Stomy Bugsy, Zidane ou un autre modèle de voyou fortuné, l'éventail est large. Mais les groupes d'extrême-gauche ne l'entendent pas de cette oreille : le riche est coupable et en conséquence doit payer. On reste dans la pensée catholique, où il est plus difficile à un riche de rentrer au paradis qu'à un chameau, bla bla bla.

Mais parmi les autres programmes , une autre formation a attiré mon attention : celle de la "France en action". D'abord, leur porte-parole est une ancienne star du porno qui a tenté l'aventure de la chansonnette. En l'occurrence, Zarah White a préféré changer de nom pour la grande aventure politique, et on la comprend. La grande antienne de ces petits partis semblent être la référence permanente à la nature, et on a plus l'impression qu'il s'agit de sectes essayant d'obtenir des fonds pour leurs hideux desseins que de candidats sérieux décidés à représenter la République. Pendant ce temps, la droite écrase tout et c'est bien normal, le PS a perdu en grande partie son fonds de commerce : la lutte contre le racisme symbolisé par le Front national. Celui-ci s'écroule, ce qui fait plaisir, pendant que son pendant bolchévique conserverait quelques députés à l'Assemblée.Jean-Marie Le Pen était au deuxième tour de l'élection présidentielle en 2002 ; Marie-Georges Buffet a fait 3% à celle de 2007, et pourtant le FN n'aura pas de représentant. Le système ne fonctionne pas, et le PS est le premier à en payer le prix. Car sans ce combat noble et vide, que reste-t-il comme programme à la rue de Solférino ?

Je zappe, je zappe, et je vois la nouvelle : un député Moustaqbal, Walid Eido, a été tué dans un attentat à Manara cet après-midi. Son fils, deux gardes du corps et deux passants sont morts dans l'explosion. Fini de rire. Ceux qui ont perpétué les attentats jusqu'à maintenant passent à la vitesse supérieure et prouvent qu'ils sont sérieux, et qu'ils peuvent tuer, le gouvernement et le 14 mars ayant refusé de prendre en considération leurs avertissements explosifs des dernières semaines. Le Liban rend fou. Parce qu'il n'y avait pas eu d'explosion depuis quelques jours, on se sentait presque en sécurité. On ne parlait même pas de terrorisme, on évoquait les attentats comme des évènements déplaisants, en se rassurant comme on pouvait : c'est la nuit, ils ne tuent personne, ils veulent entretenir un climat de peur. La réalité a frappé en plein jour, et les coupables sont maintenant clairement désignés. Pendant ce temps, à Damas, tout va bien, les rues sont sûres, et la frontière avec Israël est d'un calme absolu.

Pour vous tenir au courant de ce qui se passe au Liban, vous pouvez aussi aller ici. Il s'agit d'un blog rédigé par deux journalistes en bon français (ce qui est assez rare pour les blogs libanais francophones) avec en prime de bons reportages photos et une terrible carte des attentats depuis 2004. Se serrer les coudes n'a jamais été aussi important qu'en ces temps de barbarie. Je retourne me coucher, et vous devriez faire pareil.

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09 juin 2007

Oignez malin il vous poindra, poignez malin il vous oindra

Moquons-nous gentiment : les autorités libanaises réalisent seulement maintenant que les terroristes ne proviennent plus des pays européens comme lors des années de plomb, mais sont bel et bien ressortissants des pays arabes pour la plupart depuis au moins une trentaine d’années. Fort de cette découverte majeure, le gouvernement envisagerait de renforcer les frontières, qui étaient jusqu'à présent des passoires à condition que l'on provienne d'un pays frère ou sœur.

Lebanon on Friday was reportedly considering stopping issuing entry visas to Arab citizens at the airport in a bid to prevent any terrorist infiltrations into the country.
The daily An Nahar said contacts in this regard were already underway between the Foreign Ministry and the General Directorate of the General Security Department.

It said Arabs interested in visiting Lebanon would be asked to apply for visas at the Lebanese mission accredited in their countries.

The move comes after several citizens from various Arab nations suspected of having links with the terrorist groups Fatah al-Islam and al-Qaida have been detained in recent weeks. (Naharnet)

Evidemment, les riches touristes « bédouins » vont râler, et devoir demander un visa avant de débarquer en 4x4 avec leur armada comprenant femmes, enfants et esclaves asiatiques. On peut toutefois noter que ces riches voisins ne viennent plus depuis la guerre de Juillet, et ne seront guère encouragés par les explosions en série qui risquent de gâcher leur whisky et leurs sorties à Maameltein. Les autorités libanaises semblent du coup comprendre que le Liban subit les mêmes règles que les autres, et que si l’Etat ne se fait pas respecter, il n’est pas respecté. J’ai l’impression d’avoir écrit une phrase idiote, elle est pourtant d’une grande simplicité mais a eu du mal à percer pendant ces années de libéralisme ou de laxisme national. Si on jette des papiers par terre, les rues sont sales, si on laisse faire les gens, ils risquent de faire des conneries, si on sous-traite la défense au hezbollah, il risque de remplacer l’armée, si on accueille tout le monde sous prétexte de faire tourner l’industrie, il est possible que des malandrins s’infiltrent avec des intentions mauvaises à l’encontre du pays.

Le Liban a-t’il l’intention de devenir un pays comme les autres ? Il combat les terroristes, rétablit ses frontières, et on peut oser espérer qu’un jour il fera payer une unique facture d’électricité tout en fournissant de l’eau courante en permanence, et avec un peu de chance, on verra l’apparition des transports en commun, y compris un train nord-sud, innovation qui changerait la vie de tous en diminuant la pollution, les congestions automobiles et favorisant la mixité socio-religieuse. On peut rêver mais pour les nombreux observateurs qui pensaient que le Liban allait dans le sens contraire de la marche, refusant avec fracas l’exemple des pays développés et affirmant un modèle propre qui nierait la plupart des règles historiques (comme deux armées sur un même territoire sont possibles, tout terrorisme est issu de l’oppression et donc se nomme résistance, le citoyen n’a nul besoin d’électricité ou d’eau, on peut affirmer sa souveraineté sans reconnaître aucun de ses deux voisins terrestres…), le pays change avec force, et ce en grande partie grâce à l’impulsion de Fouad Siniora. Autrefois, on le considérait comme le père de la TVA et comme aucun contribuable n’aimant donner de l’argent à l’Etat, Siniora a souvent été vilipendé pour cette petite réforme fiscale qui a pourtant montré que le Liban penchait vers la modernisation. On le considère maintenant plus comme la marionnette de l’Occident ou le grand homme d’Etat qui a su gérer la crise de juillet 2006. Il est pourtant l’un des derniers espoirs de modernité libanaise et a fort à faire car, privé d’exemple arabe de démocratie capitaliste, le pays doit tout adapter, en essayant d’éviter de trop copier les modèles occidentaux qui ne prennent pas en compte certaines spécifités locales.

Personne n’a intérêt à ce que le Liban perde son âme, qui fait tout son charme et son intérêt. Mais arrivé à la croisée des chemins, il faut faire un choix de civilisation pour lequel le gouvernement Siniora a opté, et ce sera la démocratie. Vaste concept qui recouvre de nombreuses réalités, mais procure au moins à ses citoyens la liberté et la sécurité. Pour y arriver, il faudra de nombreux sacrifices et si la population couvre de fleurs son armée qui a su la protéger dans le nord, on peut penser que les émeutes ne commenceront pas avec le démantèlement du hezbollah en tant que milice terroriste, mais lorsque l’Etat enverra des collecteurs d’impôts dans les foyers. Travaillant au Liban, je paie environ 3% de mes revenus à l’Etat. Le chiffre est dérisoire, et la somme qui passe dans les poches du gouvernement ne me manque pas, étant habitué à payer des impôts autrement plus conséquents en France ou ailleurs. Mais combien de Libanais, méditerranéens par nature, seront prêts à s’acquitter de leur obole citoyenne lorsqu’on leur expliquera que c’est donnant-donnant, et que les petits arrangements doivent prendre fin au profit d’une société commune ? Elaborons un scénario de politique fiction : Siniora réforme l’Etat, le Liban devient un pays qui n’est plus le terrain d’affrontements des grandes puissances et chacun vit en paix sur un territoire modernisé. Accomplissement de taille. Mais arrivent les élections législatives : Siniora tombera, car son adversaire promettra une baisse spectaculaire des impôts. Et le Liban sera enfin comme les autres nations, où l’on élit celui qui promet que demain, on rase gratis.

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08 juin 2007

Timbre post

Si vous voulez obtenir un point de vue libanais sur la situation, allez voir chez Bee, elle fait ça très bien. Là, je sature un peu sur les évènements politiques de ce beau pays. Heureusement, Maq nous a trouvé le site libanais à connaître. Ce post est donc très court, en attendant le week-end. Et je file me changer les idées chez Chicou et Boulet, plutôt que de vous expliquer en douze paragraphes ce que je ferais aux terroristes qui ont encore placé une bombe hier soir, et qui réveillent les enfants en pleine nuit. Franchement, c'est un aspect de moi que vous ne voulez pas connaître.

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06 juin 2007

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Au Liban, tout est possible. Et la meilleure preuve, c'est cette idée surréaliste dont L'Orient-le Jour nous informe concernant les "soulèvements" dans les camps palestiniens :

la proposition de déployer une force palestinienne tampon pour contrôler les éléments de Jound el-Cham a fait l’objet hier de plusieurs rencontres et discussions entre les principaux concernés, le déploiement ayant finalement été reporté de quelques jours. Alors que le comité palestinien de suivi devait procéder, dès hier, à mettre en place la force militaire conjointe selon un plan déjà établi, Isbat el-Ansar a demandé lors d’une réunion deux jours supplémentaires pour se réorganiser avant de commencer à parler de déploiement d’une force d’interposition.


Je rêve. L'ONU remplacé par des forces armées palestiniennes, qui s'interposent entre des groupes palestiniens pour éviter que l'armée la plus faible du Moyen-orient ne continue son abattage à la hache. Siniora a en tout cas réussi son pari : pour échapper à son armée nouvellement équipée, les milices sont maintenant disposées à négocier et à trouver des solutions diplomatiques. Message transmis au hezb, dont on attend avec impatience les nouvelles orientations politiques qui suivront le prochain décrochage des forces aounistes de la sainte alliance du 8 mars.

Ce qui nous permet de parler un peu d'autre chose, comme à l'heureuse époque où l'on traitait des élections présidentielles françaises car le Liban avait, par pudeur, choisi de s'effacer devant le grand évènement électoral. Je remarque que plus Nicolas Sarkozy impressionne par son dynamisme et sa volonté d'agir, plus l'anti-sarkozysme primaire se déchaîne. Franchement, le seul reproche que l'on pourrait lui adresser pour le moment serait le choix de son épouse, qui semble éviter de sourire pour ne pas creuser ses rides, et qui risque de nous causer quelques incidents diplomatiques à l'avenir. Dénuée de classe comme d'envie de servir la France, je parie qu'elle risque de trouver la vie présidentielle frustrante, et trouvera un nouveau publicitaire qui lui rappellera le grand frisson. Avant les présidents étaient coureurs de jupons, maintenant ils se mettent au jogging. Est-ce vraiment si important la femme d'un président ? Oui, quand on se rappelle de Tante Yvonne ou qu'on sait les dégâts psychologiques que peuvent entraîner une rupture. J'ai bien peur que le bel élan du nouveau président (pour lequel, je le rappelle, je n'ai pas voté) soit brisé, non par un PS en chute libre, mais par sa famille qui apparaissait tellement incongrue le 16 mai lors de la passation de pouvoir à l'Elysée, comme des nouveaux riches qui viennent de gagner au loto et peuvent se payer les palaces (de la république).

J'ai donc très envie d'y croire au sarkozysme. De le laisser remettre la France sur les rails, et de lui faire confiance pour l'avenir de la patrie. Même si pour le moment tout reste affaire de communication, notre nouveau président se distingue franchement par une envie de changer les choses, y compris dans le rapport avec les puissants Etats-Unis, à qui Nico fait la leçon sur l'environnement. Bush de son côté voudra finir son mandat en beauté, et pourquoi pas résoudre la crise libanaise. On apprend qu'il a levé l'interdiction des vols commerciaux entre les USA et le Liban qui datait de 1985, après le détournement du vol TWA. On va enfin pouvoir aller directement à NYC sans avoir à passer par Paris (et peut-être croiser Cécilia). La situation fatigue tellement qu'on est prêt à croire beaucoup de choses pour oublier Nahr el Bared et ses "dommages collatéraux", le camion d'armes en provenance de la Syrie, les attentats aveugles, le hezb et ses martyrs, et l'été qui approche et qui sera comme d'habitude, chaud. Nicolas, défends-nous. Ou en tout cas, distrais-nous.

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03 juin 2007

600

Signe des temps : d’habitude les vendeurs de rue vendent des drapeaux des différentes factions libanaises, orange pour Aoun, jaune pour le hezb, vert pour les maradas, blanc avec un cèdre pour les forces libanaises, etc. Désormais, ce sont les drapeaux siglés de l’armée que l’on peut acquérir pour témoigner de son attachement aux forces de l’ordre libanaises. Il faut dire qu’une grande majorité de la population soutient ses « martyrs » dans leur lutte contre le terrorisme au Nord du Liban.

Je n’étais pas allé dans la région depuis deux semaines, et c’est avec appréhension que je m’y suis rendu aujourd’hui. Je m’attendais à voir des colonnes de fumée et à entendre des canons de 155mm, mais j’ai surtout constaté un grand nombre de barrages de l’armée libanaise qui semblent indiquer que la situation est sous contrôle. En tout cas au Nord, car déjà Ain el Heloue, près de Saïda, avec ses « soldats de la Syrie » semble vouloir prendre le relais de Fatah el Islam en faisant entrer en action une autre émanation du régime syrien décidé à déstabiliser encore plus le Liban. La couverture de Paris Match de cette semaine titre : « Al Qaida rallume la guerre civile au Liban ». Même si c’est aller un peu vite en besogne (et que ce magazine putassier met en couverture les déboires de la fille Hallyday dont on se fout totalement), il est certain que le Liban se rallie brutalement à la guerre contre le terrorisme que mènent conjointement les Etats-Unis et l’Europe, et à laquelle sont mêlés de plus en plus de pays arabes. L’Arabie saoudite, jadis pestiférée après le 11 septembre en raison de l’implication de ses ressortissants, apparaît maintenant comme le fer de lance de la lutte contre les extrémistes néo-fascistes à prétexte religieux. Le Liban, en acceptant l’aide militaire américaine et en se plaçant résolument dans une perspective d’élimination physique sans merci de tous les terroristes basés sur son territoire rentre dans une nouvelle ère : après avoir accueilli tous les « combattants de la liberté » dans la Bekaa, le pays du cèdre s’aperçoit de leur capacité de déstabilisation. A ce rythme, le hezbollah, qui refuse de prendre parti entre les terroristes et le gouvernement, risque de se retrouver militairement isolé. C’est tout ce que l’on souhaite à l’équipe Siniora qui a très habilement manœuvré depuis juillet 2006 et qui commence à voir sa stratégie récompensée.

Michel Aoun semble s’en apercevoir et comprend qu’il est isolé. Il réalise enfin que sans l’appui de la France, il n’atteindra jamais son rêve de puissance et ne pourra pas devenir président de la République en septembre. Alors il fait du charme, et a profité de sa visite en France pour parler au peuple par l’intermédiaire de ses journaux. Ainsi, dans Le Figaro Magazine, Aoun explique son programme et ses motivations, sachant fort bien qu’il sera difficilement contesté dans le pays qui lui a jadis sauvé la vie et procuré le gîte (Et le Liban, c’est tellement compliqué, ma chère !). Sa propagande est pourtant épaisse et grossière. En introduction, Michel Aoun laisse planer un doute concernant le Fatah el Islam :

Les uns voient dans ses actions armées la main de l’Amérique et de ses alliés
arabes, les autres affirment que c’est la Syrie. Une chose est certaine :
[…] cette organisation n’a aucun droit de cité dans la société libanaise.


Sauf que personne n’a jamais imaginé que Fatah el Islam puisse être armé par « la main de l’Amérique et de ses alliés arabes ». Il s’agit ici d’une assertion indigne qui montre qu’Aoun continue à vouloir flatter ses alliés du hezbollah, dont les objectifs et les méthodes restent très proches du Fatah el Islam, tout en voulant rassurer la France sur ses intentions. Aoun persiste à se prendre pour De Gaulle (N’étant plus à l’âge où l’on cherche la fortune, où l’on désire le pourvoir pour le simple goût de l’exercer, je puis tout naturellement occuper une place où je jouerai le rôle de fédérateur), au point qu’il affirme avoir fait changer le hezbollah !

Ce travail a été amorcé avec la conclusion, le 6 févrie 2006, d’une entente avec
le Hezbollah, sanctionnée par un document en dix points conduisant à la paix
civile ( !). Le Hezbollah, dont on connaît les attaches avec l’Iran et la
Syrie, a ainsi modifié son discours politique en en retirant les questions de la
libération de la Palestine et de Jérusalem. Ses ambitions affichées aujourd’hui
se réduisent à la libération des fermes de Chébaa […] et à la libération des
prisonniers libanais d’Israël. Il s’agit là d’avancées significatives :
nous avons fait tomber le mur de défiance et de peur mutuelles qui a été érigé
au fil es trente dernières années.

Dans quel monde vit Michel Aoun ? S’est-il rendu compte qu’un conflit a opposé Israël et le hezb en juillet 2006 ? En parlant comme la France et la Grande-Bretagne à propos de Hitler en 1938, Aoun pense peut-être se rendre intelligible vis-à-vis d’une opinion française qui ne connaît du Liban que le terrorisme et la destruction. Il est important pour les Français de garder en mémoire que Michel Aoun s’est allié avec un mouvement terroriste à des fins électorales, accord qu’il prétend destiné à « démocratiser » le hezb. Il lui en cuira, à moins qu’il ne trahisse ses ennemis avant, décision qui semble se préciser devant la danse du ventre qu’il a entamé afin de charmer les Français. Souhaitons que Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner ne se laissent pas hypnotiser par les tactiques d’un homme véritablement prêt à tout pour accomplir ce qu’il croit être sa destinée. Au lieu d’écrire un livre, j’aurais préféré que Michel Aoun en lise un, de préférence historique.

Une autre bombe vient d’exploser à Beyrouth. Une nouvelle nuit de peur et d’inquiétude. Ceci est mon 600ème post, et je pense devant la situation qui nous attend au Liban, qu’il y en aura encore beaucoup d’autres.

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