28 mars 2007

Beyrouth-Belfast

Superbe prestation du Liban qui, au sommet de Ryad, envoie non pas une délégation comme tout le monde, mais deux, représentant chacune l'un des mouvements de mars de plus en plus ancrés dans leurs choix de ne pas choisir. Le divorce semble consommé entre les factions libanaises, et surtout, leurs scènes de ménage ne passionnent plus personne. Vous avez remarqué que je parle plus ici des élections présidentielles françaises, qui sont plus intéressantes que celles de 2002 axées sur l'insécurité, que des tribulations libanaises. La raison est que comme tout le monde, je m'en lasse et m'en détourne. C'est pourtant maintenant que tout doit se jouer, car la crise peut conduire à un nouvel affrontement entre le hezb et Israël, pour peu que le parti de dieu en reçoive l'ordre de son maître iranien.

L'exemple pour le Liban réside aujourd'hui peut-être dans l'Irlande du Nord. Jusqu'ici, les loyalistes, que les journalistes appellent les protestants, et les républicains, que les médias surnomment les catholiques, ne trouvaient pas de compromis possible, déchirés entre leurs allégeances politiques et leurs traditions antagonistes. Aujourd'hui, Ian Paisley et Gerry Adams peuvent enfin dialoguer et s'asseoir à la même table sans risquer d'en venir aux mains, voire aux armes. La raison en est simple et n'a rien à voir avec la diplomatie britannique qui n'a eu de cesse de stigmatiser les républicains en ignorant les crimes d'armes des mouvements loyalistes : l'Eire est devenu riche, et attire les investisseurs comme jamais. Alors qu'auparavant la population avait le choix entre une Angleterre puissante et une Irlande certes folklorique mais arriérée et miséreuse, l'option nationaliste devient maintenant envisageable devant la croissance du dragon celtique. L'unification de l'île se dessine pour des raisons économiques : les opérateurs de téléphonie mobile vont notamment offrir un tarif insulaire plutôt que d'appliquer deux tarifications nord et sud. Il n'existe pas de frontière physique entre Eire et Ulster, juste une barrière dans les têtes. Pendant longtemps, les protestants accusaient l'autonomie de l'île de provoquer la domination des papistes (Home Rule is Rome Rule). Devant les vociférations du Vatican sous Ratzinger, on hésite à leur donner tort. Le Monde rapporte que Benoît le seizième a, samedi dernier, relancé le débat sur la dimension chrétienne de l'Europe.
Le pape a dénoncé l'"apostasie" de l'Europe, c'est-à-dire la rupture avec son patrimoine chrétien. Dans un discours alarmiste, il a appelé les hommes politiques catholiques à l'"objection de conscience" contre les lois touchant aux valeurs "universelles et absolues" (défense de la vie, de la famille) qui ne supposent aucun "compromis". Pour lui, l'identité de l'Europe est "historique, culturelle et morale", avant d'être "géographique, économique et politique". Elle est constituée de valeurs "que le christianisme a contribué à forger". En l'oubliant, l'Europe risque d'être "mise en congé de l'histoire".
Car il est bon de rappeler que lorsque la France était catholique, elle n'a jamais provoqué de guerre, ne connaissait pas la misère, et disposait du meilleur système de gouvernance qui soit, une monarchie de droit divin qui laissait plus de 95% des citoyens dans la misère. S'il existe une dérive de la morale, je dis bien "si", les bonnes âmes sont tout prêtes à croire que c'est à cause de la laïcisation de la société, jusqu'à "Romano Prodi, qui a souhaité dimanche que soit "donné aux Eglises un rôle de consultation". Ajoutant : "En ces temps d'intégrisme, les Eglises sont un des éléments les plus stables de notre société.". Celle-là, Romano, elle est bien bonne : il est certain qu'il n'y a pas plus stable, ou plus conservateur, qu'une religion. Mais laquelle choisir pour l'Europe ? Le pape est-il prêt, à l'image des négociations de paix en Irlande, à se rapprocher des orthodoxes ou des protestants, qu'il avait accusé il y a quelques années d'être de faux chrétiens ? Sans parler des musulmans et des juifs, qui bien que minoritaires, devraient être consultés selon toute logique dans des débats moraux. Ratzinger sent ses parts de marché s'effondrer. L'avantage, c'est qu'il est le meilleur exemple de la nécessité de la laïcité, qui protège les croyants, et permet aux athées de ne pas avoir à se considérer comme des déviants.

On l'a vu en Irlande, on l'observe au Liban, la pauvreté, toujours elle, pousse les populations dans les bras des religions qui en ont fait leur fonds de commerce. Lorsqu'on a un toit, à manger et une école pour ses enfants, on ressent moins le besoin de fariboles sur la vie dans l'au-delà. L'avenir du Liban s'obscurcit de plus en plus, comme en témoigne le regain de religion dans un pays qui a pu autrefois être le fleuron de l'éducation dans le monde arabe. Aujourd'hui, cette première place (sans deuxième place d'ailleurs) s'écroule, concurrencée par des pays comme Dubaï, Abou Dhabi ou le Qatar qui invitent des universités étrangères sur leur sol pour en assurer la prospérité. Quelle tristesse de penser que l'expérience démocratique libanaise pourrait prendre fin, surtout à l'occasion de ce sommet de Ryad ou l'Arabie saoudite apparaît comme le chantre de la paix et de la fraternité ! L'attention du monde se détourne de ce petit pays exaspérant, et cherche d'autres drames. On parle du Darfour, une catastrophe sans nom, et où les Nations unies s'agitent en vain devant la Russie et la Chine pour faire cesser les massacres. Que l'on agisse pour le Darfour ! Mais il doit bien rester une petite place pour le Liban, enfant gâté qui déçoit toujours, mais qui convenablement orienté, pourrait devenir un excellent élément dans la turbulente classe des pays arabes.

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26 mars 2007

Vertu française

M6 (la chaîne de télé, pas le petit dictateur marocain) nous a entraînés hier dans les coulisses de la campagne de Jean-Marie Le Pen. Conscient qu'ils avaient grandement contribué à le diaboliser en 2002, les médias tentent désormais de traiter le candidat du Front national comme n'importe quel prétendant au titre, avec l'espoir que le nombre de ses supporters diminuera. Il semble que ce soit peine perdue. Les électeurs du Menhir ont ceci de particulier, contrairement à ceux des partis "traditionnels", qu'ils sont extrêmement (sic) fidèles, et vouent un véritable culte au doyen des candidats. Celui-ci, bon an mal an, améliore son score à chaque élection, en brandissant toujours les mêmes arguments de la conspiration contre lui, du "tous pourris", de la faute aux étrangers, des valeurs de la France qui foutent le camp. Jean-Marie Le Pen me fait peur. Pas tellement pour ses idées, que je trouve tellement absurdes qu'elles sont indignes d'intérêt, mais pour ce qu'il représente. En le voyant, je me demande comment les autres partis peuvent-ils être incapables de comprendre ce qui motive les électeurs du FN ? C'est pourtant clair comme de l'eau de roche. JMLP est le roi des démagogues, capable d'agiter toutes les peurs conscientes ou inconscientes, comme de représenter tous les fantasmes de pureté et de panacée politique. Le Pen, c'est le démon tentateur des mythes, le serpent de la bible, celui qui ne paiera pas le prix de ses conseils et se fout royalement des conséquences. Claude Chabrol a été pote avec lui au temps où le borgne dirigeait la corpo de droit à Paris, et se rappelle d'un "fouteur de merde magnifique". Il n'a que peu changé aujourd'hui, et apprécie de "foutre la merde" chez les bien-pensants, les timorés ou les bourgeois. Ceux qui le suivent ne s'en rendent pas compte, et sont persuadés qu'il les conduit vers un autre monde, alors qu'il n'est que le joueur de flûte de Hamelin : l'autre monde, c'est celui d'après la falaise, soit la mort sous une forme ou une autre.

Dans ce reportage, on nous présentait aussi quelques habitants d'une cité près de Calais où le score du FN avait été particulièrement haut en 2002. J'ai toujours du mal à penser que tous les habitants d’une cité puissent être homogènes, mais on parle aujourd'hui dans les médias des bobos des villes, des paysans des villages et des rebuts des cités. Raccourci journalistique qui commence à faire son chemin, comme si tous les habitants de HLM étaient des exclus de la société. Le journaliste nous montre le délabrement d'un hall d'entrée, avec les boîtes aux lettres arrachées et les murs couverts de tags avec des morceaux de carrelage manquant. Plus loin, deux hommes "tiennent le mur" en alignant les canettes de bière. Ils admettent ne pas voter, n'avoir rien à faire de la journée, et voudraient juste un endroit pour boire tranquilles. Quel est l'avenir de ces deux épaves ? Aucun, et on aura vite fait de les plaindre, les pauvres. Et s'il leur prenait l'envie de réparer leur entrée plutôt que de picoler toute la journée ? D'améliorer leur cadre de vie ? De tenter de sortir de cette spirale de la déchéance en essayant de ne plus subir leur avenir, mais de le construire ? Le journaliste ne posera pas cette question, on sent au contraire qu'il les plaint, et nous aussi, on les plaint, les pauvres.

La France procède d'un héritage catholique fort, sur lequel le socialisme n'a eu aucun mal à s'implanter. Nanti de ces deux influences idéologiques, la réaction française naturelle devant ces deux rebuts de cité sera la compassion devant leur triste sort, éventuellement de leur donner la pièce, mais sûrement pas de tenter de leur "apprendre à pêcher". Le pauvre a un statut sacré en France : qu'il en soit là parce qu'il a décidé de ne rien foutre ou à la suite de difficultés colossales qui l'ont brisé, il entrera plus sûrement au paradis que le riche qui, selon la doctrine catholico-socialiste, a moins de chances d'y entrer qu'un chameau par le chas d'une aiguille. François Hollande admet qu'il n'aime pas les riches, et la France s'indigne du salaire des patrons qui ont certainement volé leur argent. En revanche, un Johnny Hallyday ou un Zinedine Zidane font rêver et font partie des personnalités favorites des Français, avec le défunt Abbé Pierre. En France, le riche est un salaud, sauf s'il exerce une activité populaire, le pauvre est vertueux. Aussi, plutôt que de penser à une meilleure répartition des richesses, ce qui est l'un des objectifs que devrait avoir l'Etat, on entretient cette misère à dessein. On doit s'occuper de "nos pauvres", comme disait les dames patronnesses, au lieu de faire en sorte qu'il ne le soit plus. On donne aux restos du cœur, on écrase une larme devant les décès des SDF en hiver, on loue l'Abbé Pierre pour son abnégation, tout cela est bel et bon. Mais parce qu'un ancien pauvre ne peut être qu'un salaud de nouveau riche, on préfère qu'ils se complaisent dans cette innocence que procure l'indigence, cette vertu provoquée par le dénuement, cette soi-disant noblesse de la pauvreté.

Des hommes comme Jean-Marie Le Pen prospèrent sur ce terreau, en promettant que le monde changera s'il parvient au pouvoir, et ses suivants, pas toujours bien nantis, ne s'étonnent pas que le grand leader fustige les riches et les puissants depuis sa résidence somptueuse de Montretout. "Il ne suffit pas d'être heureux, il faut aussi que les autres soient malheureux", dit officieusement le proverbe. Et si le principal objectif au bien-être en France était cette idée terriblement bourgeoise, mais aussi socialiste et catho, que l'argent ne fait pas le bonheur, et qu'il vaut mieux rester dans une misère vertueuse ? Et pourtant, devenir riche, tous en rêvent, il n'y qu'à voir le développement des jeux d'argent ou des séries télé qui promettent la fortune aux futures stars de la chanson, en attendant une "foot academy" ou "à la recherche du meilleur buteur des cités qui sera payé en millions (pendant que les autres le regarderont à la télé depuis leur HLM)". Quand Madelin voulait résoudre le problème du chômage par la création d'entreprises, il était ridicule, mais quand les hommes politiques jouent avec la compassion pour maintenir la populace dans la médiocrité, ce sont des salauds.

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24 mars 2007

Tango Charlie

Charlie Hebdo a été relaxé dans l'affaire des caricatures et c'est une très bonne nouvelle. Bien sûr, les plaignants secouent la tête et se grattent la barbe en regrettant que la France ne comprenne pas le blasphème que constitue une caricature du prophète. Tant pis, on les emmerde. Mon journal favori se tire d'affaire une fois de plus et peut continuer sa saine critique d'une société qui ne lit plus que L'Express et autres joyeusetés pour cadres préoccupés par l'achat de leur prochain caméscope.

Charlie est un journal nécessaire, que je lis depuis des années. J'apprécie les éditos de Val, les dessins de Charb, les enquêtes de Caroline Fourest, le point de vue de Cavanna, et même la mauvaise foi insensée de Siné, persuadé d'être libertaire alors qu'il est juste beauf (sympathique) de gauche. Siné fustige Israël qui s'en prend aux terroristes et appelle à la solidarité d'avec les damnés de la terre en Palestine qui posent des bombes, mais il se refuse à admettre la justesse de la cause des mêmes terroristes qui en Corse ont plastiqué sa résidence. Les avis sont souvent divergents dans Charlie, et c'est ce qui fait sa force, tout comme son absence de pub constitue son indépendance.

On s'étonne parfois que je lise cet hebdomadaire classé à gauche. Charlie n'est pas de gauche, ou alors j'en suis également. Charlie prend des positions de gauche, mais sait souvent en prendre le contrepied. Un exemple dans le dernier numéro : un article d'Agathe André se réjouit que le tueur d'inspecteurs du travail en ait pris pour trente ans de prison. L'auteur conclut "un message clair envoyé à tous ceux qui rêvent de transformer leurs petites entreprises en paradis d'esclavagistes". Souvent, Charlie estime que les gens que l'on envoie en prison sont des victimes ; dans ce cas précis, un meurtre de fonctionnaires, le magazine considère que c'est bien fait, et serait même prêt à louer la diligence des policiers qui ont arrêté le coupable, quand à une autre époque on aurait gueulé "mort aux vaches", ce que Siné clame fréquemment même s'il est contre la tauromachie.

Ces petites contradictions de ce magazine me correspondent bien. J'ai du mal à croire qu'en France on puisse être complètement d'accord avec un candidat, un parti, un programme. Tout comme je suis convaincu que même les catholiques pur Christ ne sont pas toujours d'accord avec leur pape, j'estime qu'on a le droit dans un pays comme la France de se sentir appartenir à une famille politique, tout en appréciant des idées de l'autre camp, et en enviant le candidat d'à côté qui paraît provenir d'un herbage plus vert que le sien propre. J'ai déjà dit que je voterais Ségolène Royal bien que je sois (ou plutôt, à force, qu'on me dise) de droite. Je ne crois pas que ce soit pire trahison que de voter pour un candidat qui se prétend au milieu, ou pour un borgne qui prétend casser le système, ou pour un garçonnet qui rêve de la présidence comme d'une voiture de pompiers. Je pense également qu'on a les hommes politiques qu'on mérite, et que ceux qui trouvent que la campagne est médiocre devrait se présenter aux élections, ce dont je doute. Je remarque que les femmes qui se plaignent de l'absence de femmes aux élections ne votent pas pour celles qui y sont présentes, que les jeunes qui déplorent la vieillesse des candidats n'accordent pas leur allégeance à leurs contemporains, et que même les immigrés votent extrême-droite, peut-être pour montrer leur patriotisme (?!). Le vote dans nos démocraties n'est pas rationnel, et trouver la mine d'un candidat déplaisante (Jospin rigide, Royal arrogante, Voynet désagréable...) et ne pas voter pour lui en conséquence montre que nous ne sommes parfois pas dignes d'élire nos représentants, ou que nous avons bien ceux qui nous ressemblent.

Et que devient le Liban me direz-vous ? Il s'intéresse de près à nos élections, car il sait tout le changement qu'une nouvelle équipe à la tête du pays pourrait apporter. Alors on attend, comme toujours. Parfois, une déclaration fait sursauter : "Pour le général Alain Pellegrini, ce sont les groupes islamistes affiliés à el-Qaëda et non le Hezbollah qui constituent « la menace principale ». Pellegrini, qui a dirigé la FINUL après avoir été attaché militaire à l'ambassade de France, connaît son Liban, et sait qu'il est important que la France ne s'expose pas trop à la vindicte du parti de dieu qui a su dans les années 80 exterminer avec soin les représentants de l'hexagone au pays du cèdre. Accuser Al Qaida demeure le meilleur moyen, comme dans le 1984 d'Orwell, de provoquer la vigilance contre l'ennemi invisible sans insulter qui que ce soit, et passer pour un fin connaisseur. De son côté, le hezb attend sagement, d'autant que le leader de l'Iran vient d'affirmer que son pays n'aurait pas la bombe, parce que c'est "contraire à sa religion". J'ai vérifié, c'est véridique, il est dit dans le Coran "la bombe atomique tu ne fabriqueras point car c'est Haram". En revanche, rien sur les caricatures de Mohammed. Les barbus qui ont attaqué Charlie se seraient-ils fourvoyés ? Ils font appel, paraît-il, ce qui montre que la France est bonne fille. Je doute que l'appel ou le pourvoi en cassation existe dans les tribunaux coraniques.

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21 mars 2007

La France d’à-côté

Le moins qu’on puisse dire, c’est que vous n’avez pas aimé mon dernier post. Je m’en doutais un peu, et la règle d’un blog consensuel, c’est de ne pas parler politique ou religion, ou alors taper sur Bush et sur le pape, ça met tout le monde d’accord ou presque. Pour autant, je ne regrette pas de m’être « déclaré », d’autant que ça m’a permis de me rendre compte à quel point mon choix semble minoritaire, en tout cas chez ceux qui ont eu la patience de me lire. Nicolas Sarkozy sera de toute façon vraisemblablement élu en mai, et la seule chose dont je sois sûr c’est que son avènement sera une bonne chose pour le Moyen-Orient, vu le peu de sympathie qu’il éprouve pour le hezb et l’amitié qu’il éprouve pour le Liban miraculeux et Israël. Pour le reste, je persiste à douter, même si les témoignages des anti-Sarkozy me le rendent de plus en plus sympathique. Une sorte de rappeur nommé Axiom vient de déclarer sur Canal + à quel point il n’aimait pas Sarkozy, d’autant que le ministre de l’Intérieur n’est pas venu faire allégeance aux caïds des cités dont ledit Axiom semble être le porte-parole. La France tourne parfois à l’envers : les rappeurs, fort sensibles lorsqu’il s’agit de leur « bien parler », n’ont aucun problème à traiter les femmes de putes dans leurs « chansons » ou à affirmer être prêts à tuer des flics s’ils en ont l’occasion ; en revanche, ils n’aiment pas qu’on leur demande leurs papiers et le font savoir haut et fort. Pauvres petites brutes sensibles.

Dans le cas de Cesare Battisti, ce sentiment que les hors-la-loi sont romantiques est encore plus flagrant. Voilà un gaillard condamné par deux fois pour terrorisme qui se fait la malle pour la France pour échapper à la justice italienne, qui commet quelques bouquins pour montrer que ce n’est pas qu’un criminel (syndrome Bernard Tapie), puis qui reprend la tangente au Brésil lorsqu’on parle de l’envoyer purger sa peine dans son pays d’origine. Et il se trouve des bonnes âmes pour le défendre, comme Gaillot le défroqué, sous prétexte qu’après tout, il a changé, il est devenu écrivain, et puis il n’est pas vraiment coupable, et les Italiens ont une bien mauvaise justice. Il est vrai que la justice française est de loin supérieure à celle de nos transalpins voisins : voyez le cas Yvan Colonna. Accusé d’avoir tué un de nos préfets, excusez du peu, ce noble berger corse trouve le moyen de poursuivre en justice les autorités françaises car il s’estime maltraité. Ses copains cagoulés auraient recours à une justice plus expéditive mais la République française est décidément bien bonne avec ceux qui souhaitent sa perte. Qu’on foute Battisti et Colonna dans la même cellule : ils en ont des choses à se raconter et avec un peu de chance, une belle idylle carcérale verra le jour (ou une internationale terroriste Bastia-Roma).

Mais assez avec les bandits du Sud de l’Europe, hier, c’était la journée de la francophonie. Vous me direz qu’on s’en fout car aujourd’hui c’est le printemps. Mais à propos de francophonie, je voulais revenir sur deux belles réussites françaises, toutes deux à Abou Dhabi : les franchises de Paris IV et du Louvre. J’étais persuadé que tout le monde se réjouirait de cette preuve que la France dispose encore d’un rayonnement culturel tel qu’elle parvient à exporter ses emblèmes intellectuels jusque dans des pays non-francophones. Et bien, non, il a encore fallu que des crétins critiquent le Louvre en fustigeant la marchandisation de la culture. Alors que le milliard que Abou Dhabi donne au Louvre-Paris, en compensation d’œuvres qui ne manqueront pas au musée devant l’abondance de ses collections, servira à créer un atelier de restauration, et qu’au final, tout le monde est largement gagnant, on trouve encore des esprits ( ?) chagrins pour pester en arguant que la culture n’est pas à vendre, voire à se prostituer. Dans ce cas, inutile d’avoir un ministère de la culture. Quand on voit le niveau de la culture officielle financée par la France et qui transite par les CCF et les Alliances françaises, on doute de l’intérêt d’une subvention étatique. Le Louvre et La Sorbonne d’Abou Dhabi me réchauffent le cœur, mais je n’aime pas l’art subventionné. Dans le même temps, je fustige le laxisme de l’Etat français vis-à-vis de ses voyous. Question : pour qui devrais-je voter aux présidentielles ?

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18 mars 2007

Glandeur de la France

Pendant que Dominique de Villepin, maître d'hôtel stylé de Matignon mais incapable de résoudre les problèmes de la France, va frimer à Harvard et se voit bien régler les problèmes du monde avec des prix Nobel et d’anciens présidents, on sent que le changement politique à la tête de l’Etat approche à grands pas. Quand arrivent les élections présidentielles en France, le choix est assez simple : on vote en fonction de sa famille politique, et pas par rapport aux programmes que personne ne lit, et qu’aucun candidat ne respecte. Dans mon cas, donc, en bon garçon de droite, proche idéologiquement d’un gaullisme sans politique arabe automatique, je devrais voter pour le soi-disant héritier, Nicolas Sarkozy. Ce candidat ne me dérange pas le moins du monde, je n’ai pas le réflexe bobo de le trouver facho ou xénophobe, mais je me méfie. Je ne vois pas en lui le traître qui s’est rallié à Balladur en 1995, mais plutôt celui qui a su courageusement reprendre le flambeau quand Philippe Séguin, cette grosse chochotte, a renoncé à trois semaines du scrutin à conduire la liste de droite aux élections européennes en 1999. Sarkozy sera sûrement élu, et constituera certainement un président qui ne peut être pire que le sortant, s’il respecte un tant soit peu son programme (??!). Mais je trouve le personnage trop assoiffé de pouvoir, sans compter son aveu de ne pas boire (un comble dans un pays hédoniste comme le nôtre), d’être très croyant (sans commentaire) et sa difficulté à contenir un tempérament à la Sonny Corleone. Donc, bon courage Nico, mais sans moi au premier tour. Au suivant donc.

Bayrou est un ectoplasme, l’héritier du poujadisme (tous pourris), adepte d’un Le Pen light (le complot médiatique), et représentant de ce qui affaiblit la France, l’indécision. Le fait que Simone Veil l’ait désavoué me semble un signe très clair. Venant de la femme politique de droite la plus honnête et la plus respectable, ce jugement me semble définitif. Bayrou monte artificiellement dans les sondages pour faire croire qu’il n’y aura pas d’effet Front national, mais il ne dépassera pas les 12%. La France des agrégés a vécu, enfin je l’espère, car qui voudrait vraiment d’un prétendu Européen qui s’allie aux nationalistes basques, d’un candidat de la « rupture » ministre avec le RPR et descendant de VGE, d’un propriétaire terrien qui s’affirme paysan alors même qu’il fait partie du très sélect club France Galop ? Bayrou satisfait les adeptes du provisoire qui dure, du pas-de-vague, du pourrissement de la situation. Incapable de la moindre réforme lorsqu’il a été ministre, abandonné par les siens à cause de son autocratie, François Bayrou se fera consoler par Mme de Sarnez le soir des élections. Et il retournera à sa théorie du complot qui reste son fonds de commerce.

Toujours à droite, on trouve Jean-Marie Le Pen. Comment peut-on avoir un candidat qui monte de façon régulière à chaque élection présidentielle, jusqu’à arriver au second tour en 2002, sans que le parti dont émane ce leader n’ait de représentants à l’assemblée nationale ? Inimaginable, surtout quand on compare avec le nombre de députés communistes et le score de leurs champions aux présidentielles. Il y a quelque chose de pourri dans la représentation nationale des Français, et il serait temps qu’on accepte que les électeurs du Front national ne sont pas tous des salauds, ou alors ils constituent presqu’un cinquième de la population de notre pays. C’est beaucoup. C’est faux. En revanche, le personnage lui-même qui menace de casser la gueule à une élue socialiste, ou qui parsème son discours de petites phrases immondes sur la Shoah ou l’occupation allemande, sans compter l’équation absurde trois millions de chômeurs = trois millions d’immigrés, m’empêche à jamais de voter pour lui. Impossible de voter pour un type dont les politiques d’un autre âge feraient régresser la France au niveau de l’Albanie de la guerre froide. Inimaginable de donner sa voix à un type dont le fascisme est discutable, mais qui en se montrant avec des salauds comme Alain Soral ou perroquet Dieudonné, contribue à alimenter un sentiment de haine entre les Français, peuple issu de mélanges qui ont fait sa force au fil des siècles. C’est Voltaire qui avait popularisé l’idée qu’il fallait combattre certaines idées, mais donner sa vie pour qu’elles aient le droit de s’exprimer. Qu’on traite Le Pen comme tout le monde, et on n’en entendra plus parler.

Alors qui reste-t-il à droite ? Une égérie. Pour la première fois, une femme est en passe de remporter l’élection présidentielle française. Elle est maladroite dans sa communication, ce qui la rend plutôt sympathique face aux pros du circuit qui concourent depuis longtemps. Son programme tient la route, et Mme Royal a fait ses preuves en étant quatre fois ministres et en dirigeant une région, ce qui n’est pas à la portée du premier venu. Si Ségolène fusionnait avec Marianne, le symbole serait fort, et éclipserait temporairement la honte de n’avoir accordé le droit de vote aux femmes qu’en 1945 et de ne comporter que 13% de femmes à l’assemblée nationale. On a souvent dit que les femmes seraient égales aux hommes le jour où des femmes incompétentes seraient à des postes de pouvoir. Ségolène Royal, en plus d’être jolie, semble la seule capable de changer la présidence française, qui pour le moment reste une monarchie héritée du gaullisme. Nous sommes en 2007, le gaullisme a changé de visage. Si la France, sans parler du monde, fonctionnait parfaitement, je serais pour continuer avec les mêmes. Mais les problèmes s’accumulent, et intégrer ce qui constitue plus de 50% de l’humanité dans son fonctionnement me paraît urgent. En plus d’être une femme, ce qui n’est pas rien, Ségolène Royal est une femme compétente. Et je pense que François Hollande en première dame de France risque de faire mieux que les pièces jaunes, alors qu’on n’est jamais à l’abri d’un caprice de Cécilia (et difficile de transférer l’Elysée à NYC).

Ségolène représente le PS ? Nobody’s perfect. Elle aura quand même mon vote.

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14 mars 2007

Positions

Même si la situation semble calme, on continue à attendre la tempête. Le Moyen-Orient demeure une poudrière, et chacun sait qu'elle peut sauter à tout moment. Les Etats-Unis continuent à être perçus comme l'élément déstabilisateur, alors même que leur présence est plutôt récente dans la région, et que critiquer Bush est facile et gratuit ; attaquer les dictateurs de la région reste plus problématique, et peut conduire en prison, quant à critiquer la France, la Grande-Bretagne, la Chine ou la Russie, cela semble une perte de temps (et pourtant...). Mais quel moyen plus facile de paraître humaniste que de clamer sa haine des Ricains ? En matière de relations publiques, le gouvernement américain a compris depuis longtemps qu'il lui fallait redorer son image auprès des populations arabes, en particulier après le 11 septembre qui n'a guère suscité de sympathies au Moyen-Orient, en-dehors d'Israël et hormis un président Arafat qui a l'époque avait proposé de donner son sang pour les victimes.

Karen Hughes est chargée depuis 2005 de diffuser une image plus positive des USA, et les blogs sont devenus son nouveau champ de bataille. Si vous vous souvenez bien, durant la guerre de juillet au Liban, les blogs avaient activement pris part à la bataille, et de nombreux trolls aveuglés par la propagande du hezbollah avaient trouvé bon de venir sur ce blog pour diffuser le message lancinant "Israël veut détruire le Liban". Aujourd'hui, tout le monde évoque le conflit comme une guerre entre Israël et le hezb, et on se rend mieux compte des petites manipulations dont ont pu être victimes certains sites Internet très impliqués émotionnellement dans cette tragédie. Le cyberespace est donc un champ de bataille comme les autres, et le département d'Etat américain compte utiliser les blogs comme un outil de propagande :

The Washington Times reports on the U.S. State Department's "digital outreach team," mentioned in a recent interview by Karen Hughes, the Undersecretary for Public Diplomacy and Public Affairs. "We want to make sure that U.S. views are present in the Arabic cyberspace," said the State Department's Jeremy Curtin. "The first step of success is to be there and have people respond. ... The second step is to engage in a conversation. We try to adopt an informal tone, and we are careful what we say." The State Department team "recently began a thread" on egyptiantalks.org, asking, "Will violence end in Iraq if U.S. forces withdraw?" In another online engagement described by Curtin, participants challenged "accusations that the U.S. military is engaged in widespread rape of men and women in Iraq." A team member explained, "I stated that, when there have been cases of misconduct by U.S. soldiers against Iraqi civilians, a legal process has been implemented. I also said allegations that such misconduct is widespread are untrue and unproven."

Ce qui m'a toujours intéressé dans les blogs, c'est leur réactivité, leur subjectivité mais surtout leur honnêteté, en ce qu'ils sont le plus souvent rédigés par des individus qui, comme moi, entendent partager des réflexions ou des opinions sans se prendre pour des médias comme le fameux M. Le M e u r. Le fait qu'on les utilise comme instrument de propagande est regrettable, tout comme leur prochain emploi à des fins marketing puisqu'ils semblent également intéresser les publicitaires qui y voient un moyen de faire de la pub détournée. Les lecteurs se laissent prendre à ce qu'ils croient être un avis d'un individu ayant jugé bon de communiquer son opinion sur un produit qu'il a essayé, alors même qu'il s'agit d'un site publicitaire masqué destiné à donner "l'avis de la ménagère".

Les blogs sont les prochaines cibles de la guerre globale opposant l'Occident à... on ne sait pas trop quoi au final. Est-ce à dire qu'il va me falloir trouver un autre moyen de communication à l'avenir ? Le prochain post devait être consacré à soutenir un candidat à la présidentielle mais là, j'ai peur qu'on ne m'accuse d'être un blog sponsorisé par la ségosphère.

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07 mars 2007

Milieu de semaine



Comme mes sympathiques lecteurs l'ont compris depuis longtemps, au Moyen-Orient, les Arabes sont tous frères, c'est Israël qui fout le bordel. A preuve cette déclaration tonitruante du ministre syrien des Affaires étrangères Walid Moallem qui a affirmé hier que "son pays refuse aussi bien un éventuel déploiement de forces internationales le long de sa frontière avec le Liban que le jugement par le futur tribunal international d’accusés présumés syriens qui ne se fasse pas sur base de la loi syrienne". On le comprend. Ces Occidentaux sont fous ou manipulés par les juifs. Pourquoi pas aussi une ambassade de Syrie à Beyrouth tant qu'on y est ! Walid le sage continue dans L'orient-le jour :

Interrogé sur un éventuel déploiement d’une force internationale à la frontière avec le Liban, Walid Moallem a rappelé qu’il avait déclaré voici quelques mois à son homologue finlandais Erkki Tuomioja à Helsinki que « la Syrie fermerait sa frontière avec le Liban » dans un tel cas. « Pourquoi voudriez-vous d’un contrôle international à la frontière entre la Syrie et le Liban ? C’est un signe que les Occidentaux voudraient que l’état de guerre s’installe entre les deux pays », a-t-il dit.

Ben oui, tout le monde sait que c'est l'occident qui pousse deux pays frères à se méfier l'un de l'autre et au lieu d'accepter que le Liban et la Syrie puissent laver leur linge sale en famille (avec beaucoup de taches de sang, donc il va falloir frotter, frotter...), les forces impérialistes veulent un tribunal international qui ne manquera pas d'accuser la vertueuse patrie des Assad. Levez-vous frères arabes, et condamnez cette tentative d'intrusion dans la politique fraternelle libano-syrienne qui ne pourra que mener à la vérité tortueuse de ces mécréants qui ont le toupet d'élire leur président ! Aux armes ! Sus aux démocrates de Satan.

A propos de président et de religion, ça y est, depuis le 2 mars le petit Kadyrov dont je vous parlais il y a quelques temps est enfin devenu tsar de la Tchétchénie. Encore un dont on n'entendra le nom que lorsque les massacres qu'il aura perpétré ne pourront vraiment plus être tus par ses copains du Kremlin. Fanatique wahhabite, ancien chef de milice anti-russe, Ramzan Kadyrov est ainsi défini dans Wikipedia :

Le groupe allemand de défense des droits de l'homme, Gesellschaft für bedrohte Völker (GfbV) a affirmé que 70 % des meurtres, viols, tortures et enlèvements en Tchétchénie ont été commis par la force de sécurité interne qu'il dirigeait, une armée privée de 3000 hommes, du nom de Kadyrovtsy. (sources de l'analyse requises)

Dans l'un de ses derniers articles publié le 11 septembre 2006, la journaliste assassinée Anna Politkovskaïa écrivit : "Qu'est-ce que le syndrome Kadyrov? On peut le caractériser par les traits suivants que sont l'insolence rustre et la cruauté masqués par du courage et de l'amabilité. En Tchétchénie le Kadyrovtsy frappe les hommes et les femmes à partir du moment où ils pensent que c'est nécessaire. Ils les décapitent de la même façon que leurs ennemis Wahhabites. Et tout ceci est justifié et commenté par les plus hautes autorités par "détails afin de soulever des Tchétchènes en faveur de la Russie".

Quand on en aura marre de Ben Laden, on saura vers qui se tourner.

Sinon, Jean Baudrillard est mort. Encore un cerveau qui est parti se faire stariser à l'étranger, faute de pouvoir s'insérer dans l'université française. On court à la catastrophe à ce niveau-là. Entre la frilosité du milieu enseignant qui ne reconnaît que les purs produits d'un cursus traditionnel, la guerre facs-grandes écoles et les désastreux classements mondiaux de nos établissements d'enseignement supérieur, c'est un bien sombre avenir qui s'avance pour la France de demain. Je finis Sorbonne confidential (sur le conseil de Michel Polac dans Charlie) et ce que l'auteur rapporte sur l'agrégation est également effrayant. Contrairement à Ted Stanger et ses bouquins merdiques où les Français sont décrits comme des staliniens, Laurel Zuckerman essaie avec honnêteté de comprendre notre système bien français, mais se heurte à l'écueil de la reproduction sociale des élites et à la francisation du monde dont l'agrégation d'anglais fait partie. Selon elle, cet examen désuet n'a pas d'autre objectif que de s'approprier la langue anglaise en la rendant française, et le niveau déplorable en anglais des professeurs censés apprendre la langue étrangère aux élèves reflètent ce curieux objectif. C'est bien triste, mais chacun sait que le réseau normalien constitue une des plus anciennes et des mieux établies mafias en France. Qui osera remettre en question l'agrégation et donner de l'autonomie aux facs françaises, sans parler d'autoriser la création d'universités privées ? Pas à l'ordre du jour. Si on vous demande, les Français sont les plus cultivés et les plus intelligents du monde grâce aux meilleures universités de l'univers. Ceux qui pensent le contraire succombent à la propagande sino-américaine. Baudrillard n'y croyait pas : moralité, il est mort.

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05 mars 2007

Ulectricité de France

Lorsque Michel Aoun arborait une casquette orange sur un polo de la même couleur, on croyait avoir touché le summum du ridicule et on était un peu déçu que ce ne soit pas une victoire tricolore. Heureusement, on peut toujours compter sur nos hommes politiques pour se défoncer dans cette catégorie et, grâce à François Bayrou, le trophée revient au pays. Juché sur son tracteur dans Envoyé spécial, F. B. atteint des niveaux rarement tutoyés par les grands démagogues. Essayant d'attirer pêle-mêle les agriculteurs et les bobos qui ont toujours honte de vivre à la ville et fantasment sur la vie des hommes des champs (et avancent dans les cocktails que seuls les chasseurs, ces gros cons, connaissent vraiment la nature), François Bayrou continue sa trajectoire de large ratisseur, après avoir attiré les poujadistes (ni droite, ni gauche, tous pourris !) et les derniers électeurs à avoir voté oui à la constitution qui croient que le leader UDF en a quelque chose à secouer du machin bruxellois. On prête 20% d'intentions de vote au Béarnais ; si c'était le cas, je fais le serment de ne plus jamais payer d'impôts en France, et qu'ils viennent les chercher mes sous, y'a pas que les chasseurs qui ont des fusils, surtout au Liban !

Et pourtant, les armes, les menaces se taisent dans le petit pays du cèdres, comme si chacun retenait son souffle en attendant un dénouement heureux. On rapporte que les promeneurs reprennent le chemin du centre-ville, et que les fils à papa ont réinvesti les bars de la rue Monnot. Serait-ce le signe que la diplomatie parallèle menée par la grande démocratie saoudienne porte ses fruits ? Ou que tout le monde en a marre de rester cloitré chez soi en attendant que les polémarques s'entendent entre eux ? "Nous ne voulons pas prendre les armes, mais nous nous défendrons en cas d'attaque" avertit l'ex gagnant politique de la mise la plus ridicule, Michel Aoun. Celui-ci est d'ailleurs devenu leader non plus du Courant patriotique libre (CPL, ce qui en informatique permet de créer un réseau domestique en passant par les prises électriques donc rien à voir avec le titre de ce post), mais du Bloc du changement et de la réforme. J'ignore quand la rebrandisation a eu lieu, mais Aoun ne dirige plus le CPL mais le BCR. C'est nettement mieux.

La violence n'a donc plus lieu au Liban, mais elle grandit dans les stades de football, ce qui me réjouit tout en me laissant perplexe. Qu'est-ce que des hooligans néerlandais venaient faire dans une rencontre franco-française ? Existe-t-il, au niveau européen, une passion pour le championnat français, de la même façon que les parieurs étudient avec soin la campagne présidentielle de notre beau pays ? Il paraît que M. Sarkozy est à 1/2, puis vient Mme Royal ; mais un bookmaker britannique prévient que Bayrou pourrait devenir un challenger qui déboule entre les deux. Je pense qu'on n'a pas la télé française en Angleterre. Ces images de tracteur conduit par le petit François aurait sérieusement fait chuter sa cote, et provoquer des cauchemars chez de jeunes téléspectateurs habitués aux charmants télétubbies.

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01 mars 2007

Générale

Qu'est-ce que c'est que cette nouvelle mode en occident de faire des livres pour se plaindre des femmes ? L'excellent Eric Zemmour avait déjà balancé son petit pavé dans la mare médiatique pour se plaindre que les hommes se sentent maintenant castrés à cause des nouvelles prérogatives des femmes. On lui avait pardonné : il essaie d'exister sur la place de Paris comme intellectuel de droite et par ailleurs il est assez brillant. Mais là, encore une charge par Michel Schneider dans "la confusion des sexes" sur le soi-disant malheur de l'homme moderne déstabilisé devant la montée en puissance des femmes dans la société. Comme je ne l'ai pas lu, sauf quelques "bonnes feuilles", je ne peux pas honnêtement critiquer son ouvrage, juste constater que la situation des femmes dans le monde est tout simplement catastrophique. En Europe, elle s'améliore peut-être mais la France avec ses 13% de députées ne fait pas franchement figure de phare de la civilisation. Je ne me sens pas menacé par les femmes. Etre un homme, c'est accepter le changement de toute façon, et se rendre compte d'une évidence : le monde tel qu'il est ne marche pas, entre guerres, famines, violence de tous poils et oppression. Il est temps de changer son fonctionnement. La moitié de la population est sous-exploitée dans des tâches secondaires. Si tout le monde s'y mettait, femmes et hommes réunis, on ferait sûrement mieux. Je doute que les femmes seules fassent mieux que les hommes, je ne crois pas à une prétendue douceur ou instinct maternel, surtout quand je vois Marielle de Sarnez (ou Thatcher disait Renaud avant de partir en Angleterre payer moins d'impôts). Je suis juste convaincu en tant qu'homme que les femmes ne sont pas dangereuses (sic) et que c'est notre intérêt de les aider à mieux s'intégrer dans la société. Pour Schneider, la différence des sexes charpente notre pensée, fonde notre humanité. Très bien, c'est donc la preuve qu'il faut en changer d'humanité, surtout après Auschwitz.

Ce qui ne change pas, c'est la campagne électorale en France. Nicolas Sarkozy, pour glaner quelques voix (les Libanais votent plus que les Syriens en France. Beauuuuuuuuucoup plus), a parlé de "Liban miracle", ce qui ne coûte rien et permet de louer sa compassion. Je ne moque pas, je suis même sûr qu'il apprécie le Liban, Nico. Mais je suis toujours étonné que les relations entre nos deux pays soient tellement à sens unique. A l'heure où on parle d'évacuer, par l'armée française, nos ressortissants de Guinée, on apprend que les Libanais feront également partie du sauvetage, tout comme lors de l'opération en Côte-d'Ivoire, sans parler des "Français" extirpés lors de la guerre de juillet 2006. La France fait beaucoup pour le Liban. Le Liban en retour se tait ou nous insulte par la voix de ces grands démocrates que sont Hassan Nasrallah ou Michel Aoun. Je me rappelle que dans un grand quotidien français, le 15 avril 2005, le chef du hezbollah rédigeait une lettre à un ami (?) français, où déjà on sentait la menace comme lorsqu'il évoque la France dont la "participation à l'élaboration de la résolution 1559 a interloqué de nombreux Libanais qui n'aiment pas voir la France aux prises avec une hégémonie américaine déchaînée et agressive même s'ils sont conscients que la préservation des intérêts nationaux dans un contexte mondial complexe et en pleine mutation est une tâche ardue". Déjà à l'époque, tenter de diviser pour gagner. Déjà à l'époque ce petit ton pédagogique pour expliquer que lui a tout compris des enjeux et que celui qui n'est pas d'accord devra se préparer à en payer le prix. Et en première ligne, cette France que l'on voudrait plus interventionniste au Liban, mais qu'en même temps on aimerait dégagée des enjeux moyen-orientaux. Le hezbollah ou la culture du paradoxe.

Alors la question du jour : combien de femmes au hezbollah ? Quel est leur rôle ? Le hezbollahi moyen ressent-il, à la manière de Michel Schneider, que sans la différence des sexes, il n'y a plus d'altérité ? Le farouche combattant barbu de la résistance libanaise est-il un hétérosexuel "ringard et crispé" ou un homosexuel "formidablement affranchi de la tyrannie naturaliste" (hé oui, ces longues veillées dans les tranchées en attendant l'ennemi sioniste...) ? Curieusement, je sens que Nasrallah est assez détaché de la question : je vois mal sa femme lui choisir son turban le matin pour aller au taf.

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