30 septembre 2006

Où l'on apprend la véritable nature de WIL2 ?

Mes amis, en lisant PAF, j'ai été aiguillé sur un site répertoriant les 300 sites francophones de droite. Par curiosité, et parce que je ne sais pas ce qu'est un site de droite, j'ai cliqué pour apprendre que :

"Les sites de droite rejettent les idéologies "socialistes" qui prônent l'égalitarisme étatique qui appauvrit tout le monde, ou une idéologie obligatoire comme le collectivisme ou le multiculturalisme, mais imposées autoritairement par un gouvernement et une technocratie et non par le peuple souverain. A l'opposé des idéologies de gauche, ils ne veulent pas créer un homme nouveau et citoyen du monde, lutter contre toutes les inégalités ou les "discriminations" naturelles ou changer l'ordre naturel ou la culture de la société. Selon ces critères, les sites fidèles aux valeurs chrétiennes sont considérés comme de droite, puisque la philosophie chrétienne est par nature opposée aux socialismes et collectivismes d'état."

Jusque-là tout va bien, pourquoi pas. L'Orient le jour se classe quatrième. Normal. Les sites vaticanistes ont aussi la part belle, logique d'après la définition d'un site de droite. PAF est 136ème. on trouve vraiment tous les courants de droite, y compris les lepénistes, les royalistes ou les libéraux.

Et qui qui pointe en 236 ?

Putain ! WIL2 ! C'est-à-dire ce site !

Alors Window in Lebanon est de droite ? Mais qu'est-ce que mes billets ont à voir avec les poujadistes et les identitaires ?

En même temps, si on avait dit que j'étais un site "de gauche", j'aurais été choqué d'être avec les troskystes, les conspirationnistes et les anti-américains. Mais là, me retrouver dans le camp de la droite, en "bonne place" (bien que, restons modestes, les chiffres de fréquentation sont largement sous-estimés [vous êtes à peu près dix fois plus nombreux, héhéhé])... D'après l'auteur de ce classement, "TOUS les sites de droite d'information ont été mentionnés, à l'exception des sites qui sont uniquement des forums".

Je ne sais pas trop quoi penser. Quand même, être considéré comme dans le même camp que Radio Notre-Dame ou "quitter la sécu", quelle ironie.

C'est là où vos commentaires vont être les bienvenus. Ce blog est-il un blog de droite parce qu'il n'est certainement pas de gauche ? Lâchez-vous, mais en douceur, je suis encore sous le choc.

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28 septembre 2006

500

Hier soir, vers 22h, la journaliste de i-télé note l'absence au sommet de la francophonie de Bucarest d'Emile Lahoud qu'elle qualifie de "président libano-syrien".

Hystérie dans les foyers ! Une journaliste française qui appelle un chat un chat ! Merveilleux moment de télévision ! Surtout dans ces temps troublés où la liberté d'expression commence à être sérieusement malmenée. La mésaventure de Robert Redeker ne ressemble en rien à celle du pape il y a quelques temps, mais elle est quand même édifiante (Libération) :

«Jésus est un maître d'amour, Mahomet un maître de haine», un «pillard, massacreur de juifs et polygame», tel se révèle Mahomet à travers le Coran, «livre d'inouïe violence». La charge parue dans les pages débats du Figaro du 19 septembre était signée Robert Redeker, suivi du nom de son lycée. Dès le lendemain, le répondeur téléphonique et la boîte mail de cet enseignant d'un lycée de la banlieue toulousaine débordaient d'insultes et de menaces de mort, incidemment accompagnées de précisions sur sa vie quotidienne. Il a déposé plainte auprès de la police, qui a tout de suite jugé que ces «menaces circonstanciées» nécessitaient protection.

Qu'on m'explique, à moi qui ne fait aucune différence entre les religions. Pour montrer que Redeker a tort et que l'Islam est une religion d'amour, quelques abrutis fans du Coran le menacent de mort ? Est-ce qu'ils ne sont pas en train de le confirmer dans sa thèse ? Je pense que le problème de l'Islam, ce n'est pas son dogme, il y a certainement autant de scènes de violence dans le Coran que dans l'Ancien Testament ; c'est son absence de version 2.0 comme l'ont eu les Chrétiens avec le Nouveau Testament. "Nouveau" en marketing, ça sent l'arnaque, ça veut dire qu'on veut vous faire acheter le même produit sous un packaging différent. Dans le cas de la Bible, il semble plutôt que le premier modèle était défectueux, alors discrétement, on le remplace. L'Islam a besoin d'un nouveau prophète, qui va se dévouer ? Dépêchons-nous sinon ce sera Nasrallah, bien parti pour incarner pêle-mêle le Liban, la Oumma, l'Islam et la lutte contre l'ennemi impérialo-américano-sioniste.

La France en viendra-t-elle aussi à parler d'ennemi sioniste ? L'Orient le jour, rapporte cette curieuse rencontre :

la tension est nettement montée hier, près de Marouahine, où quatre chars Leclerc français qui patrouillaient dans la région ont fait face pendant vingt minutes à deux Merkava israéliens.

J'aurais payé cher pour y assister et entendre les échanges radio des tankistes. La FINUL a du cogité sec avant de laisser tomber un "ignorez-les" de sagesse, ce qui ne risque pas de renforcer la confiance qu'ont les Libanais dans l'ONU. A ce propos, je suis heureux de signaler un excellent article d'un des historiens que j'estime le plus, Paul Kennedy, qui s'est intéressé à l'ONU et ses difficultés. Il en tire bientôt un livre que je vais m'empresser de dévorer. Oubliez Huntington et Fukuyama, et lisez Kennedy dans Le Monde. Enfin un qui sauve l'honneur de la famille (en plus, Kennedy veut dire moche tête en gaélique).

Et hop, 500 posts ! Comme ça, tranquille.

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Plus qu'un

Ce blog approche le 500ème post, et a dépassé depuis longtemps les 100 000 visites. J'ai donc voulu en savoir un peu plus sur le "rang" de WIL, surtout après un été chaotique qui a amené parfois plus de 1000 visites quotidiennes. Technorati permet d'obtenir un "rang" de blog, et j'ai eu la suprise de voir que WIL était classé dans les 77000 quelque chose, ce qui en fait non seulement le premier blog francophone sur le Liban par l'ancienneté, mais aussi par la fréquentation. Vous me direz que la concurrence n'est pas très rude, hélas (un peu plus de "francophonie" dans un pays qui s'affirme comme tel serait la bienvenue) ; je répondrai que je n'ai jamais conçu ce blog pour avoir la prétention d'en faire un média comme d'autres qui s'y sont brûlés les ailes. Je voulais garder une trace d'une expérience libanaise qui s'achèvera bientôt, et la transmettre à d'éventuels lecteurs. Et vous êtes venus.

Je suis particulièrement heureux de la vivacité des commentaires qui rassemblent ceux que je vois maintenant comme mes amis virtuels. Leur présence depuis plusieurs mois m'a beaucoup aidé à surmonter les événements difficiles engendrés par le conflit au Liban, mais aussi les critiques et les attaques souvent imbéciles dont j'ai fait l'objet parce que je ne voulais pas hurler avec les loups, en me positionnant dans un camp ou un autre. Je ne sais pas si j'y ai réussi, mais au moins je n'ai pas honte de ce que j'ai écrit durant cette douloureuse période. On m'a qualifié de beaucoup de choses, j'ai eu à quelques trolls particulièrement idiots et acharnés, mais le soutien de mes lecteurs m'a poussé à continuer à écrire avec régularité, pour aider à ma manière le Liban, en ajoutant ma voix à d'autres pour que les cèdres ne soient pas oubliés.

Car le Liban mérite qu'on s'y intéresse malgré ses défauts que je me suis pas privé de rapporter. J'espère pouvoir par la suite rédiger des billets plus positifs, qui seront certainement encouragés par la nécessité de voir le pays de plus loin. D'ici là, dans ce 499ème post, un grand merci à tous, en particulier mais sans ordre de préséance à Bee, Nanou, M1, Taf, Julie, Farah, Calli, Saul, Yehouda, Barns, Maquettes, Natacha, Tristao, Liquid, JW, Vox et à tous les autres commentateurs plus irréguliers qui prennent le temps de me laisser une marque d'intérêt. Sans oublier les blogs qui me font l'honneur de me référencer, ce qui reste une source d'émerveillement pour moi surtout quand je tombe sur un blog espagnol ou un site polonais. Ou que Yahoo me référence comme site "officiel" sur le Liban. Tu parles d'un putain d'honneur !

Voilà, merci de me lire et de vous intéresser au Liban.

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27 septembre 2006

Coup de sens

Deux grandes nouvelles dans un Liban calme avant la tempête : Ghassan Tuéni sera l'un des candidats au prix Sakharov, décerné par le parlement européen à un défenseur des droits de l'homme. Au Liban, tout le monde est content, sauf que c'est pas gagné. Tuéni (qui, si on me le demande, mérite largement son prix et même plus) sera "opposé" à deux autres compétiteurs :

La candidature d’Ingrid Betancourt, otage des guérilleros des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), a été présentée par une députée socialiste française. Celle d’Alexandre Milinkevitch a été proposée par des groupes de droite et celle de M. Ghassan Tuéni a été proposée par des groupes de gauche européens.

Passons sur la candidature pipolo-fantaisiste de Betancourt certainement soufflée par Villepin. On dit que le Liban est bordélique à cause de son mélange de religion et de politique, mais comment en est-on arrivés à la conclusion que Tuéni serait un candidat "de gauche" ? Sachant que Tuéni est grec-orthodoxe, donc chrétien, et que les chrétiens se font régulièrement traiter de gens de droite, voire de fachos par les incompétents, comment le Parlement européen et ses divisions droite-gauche aussi ineptes qu'archaïques en sont arrivés à le nommer candidat de la gauche ? Dommage, le seul qui aurait pu nous l'expliquer, le représentant de l'Union européenne Patrick Renauld, quitte le Liban. Rien de personnel, mais c'est pas dommage, il était bien illuminé. Vous me direz que le prochain pourra l'être tout autant ou plus, je dirais que c'est la fonction qui veut ça. Représenter une organisation politique qui n'existe pas demande des trésors d'inventivité. Ou un passage intensif chez les Jésuites.

La Francophonie n'existe pas non plus, mais le Liban n'y enverra qu'un ministre car le président du Liban est vexé de n'y être point convié.

« Le Liban ne sera pas représenté au sommet de la francophonie (Bucarest - 28 et 29 septembre), car il n’y a pas été invité », a affirmé hier le chef de l’État, le général Émile Lahoud, qui a reproché au président roumain Traian Basescu d’avoir cédé aux pressions « exercées directement par le président français Jacques Chirac », et adressé son invitation au sommet au Premier ministre. Or, souligne un communiqué de la présidence, « selon la Constitution libanaise, l’invitation doit être adressée au président de la République ».

La Francophonie est censée constituer un espace de dialogue où les peuples utilisent une langue commune pour échanger. En théorie. En pratique, la Francophonie reste un espace politique, un sous-Commonwealth, d'où le Liban s'est longuement vanté d'avoir fait interdire Israël, pourtant plus francophone que le pays de Lahoud. Ce genre d'accrocs montre bien que la France fait ce qu'elle veut de la Francophonie et que ceux qui ne s'y plient pas sont punis. J'ai l'air de défendre Lahoud mais je me marre : son français est atroce et monter sur ses ergots est pour lui une occasion de détourner l'attention du peuple sur autre chose que les véritables problèmes du Liban.

Car pendant ce temps le Hezbollah et ses "20 000" roquettes plastronnent et représentent de plus en plus un Liban déterminé. Tiens, d'une pierre deux coups comme disait Arafat : donner le prix Sakharov à Nasrallah qui le confondra avec Molotov et l'acceptera donc avec le sourire, puis auréolé de cette récompense, l'envoyer au sommet de la francophonie. Grâce à WIL, toute casserole à son couvercle, et tout problème à sa solution. Je vous laisse, je vais résoudre le problème de violence des banlieues françaises en leur montrant l'exemple de Zinedine Zidane.

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26 septembre 2006

Coup de sang

Selon un ancien camarade de promotion maintenant chez la Grande Muette, l'arsenal envoyé par la France au Liban relève d'une logique défensive. Les tanks Leclerc, plutôt que de les voir comme des blindés d'assaut, doivent être interprétés comme permettant de protéger efficacement les soldats français. Cette décision d'envoyer du lourd vient du syndrome de Bouaké, où les forces françaises s'étaient faites pilonner par l'aviation ivoirienne et faute de protection, trop d'hommes avaient été perdus. Donc, selon ce copain, les Leclerc sont là pour éviter un carnage du côté français. Confidence classifiée ? Je ne pense pas, mais ça risque, vu son affectation, d'être la position officielle de l'armée française. Vous y croyez, vous ?

Le Liban manque de position officielle unique. A lire les journaux libanais, on se perd parfois entre toutes les appellations. Un exemple :

Le camp du 8 Mars craint une présidentielle qui permettrait à la majorité adverse de désigner le remplaçant. C’est bien pourquoi ce camp réclame des législatives anticipées susceptibles, espère-t-il, de modifier les donnes au Parlement. Pour que ce soit la nouvelle Chambre qui élise le président.Il faut souligner qu’au sein du 14 Mars, l’on affirme que les failles dans la représentation chrétienne ne se situent pas au niveau de la composition du gouvernement.

On en est même à donner des dates aux mouvements devant leur multiplication exponentielle, un peu comme les Américains qui donnent des numéros aux rues plutôt que des noms. Et quelque chose me dit qu'on aura bientôt un camp nommé le bloc du 12 juillet 2006, qui se scindera entre partisans du 12 juillet à 15h26, et thuriféraires du 12 juillet à 18h30.

En France, le passé aussi a la cote, vue que l'avenir risque de lui ressembler fortement. J'aimerais faire mon Finkielkraut et dire du mal du film "Indigènes" sans l'avoir vu. Son plan média m'horripile, voir partout Jamel Debbouze, qui a conquis le coeur du public en traitant les femmes de putes, faire son autopromotion en utilisant une fois de plus l'histoire honteuse de la France m'exaspère. Le film, avec un acteur comme Roschdy Zem, sera sûrement bon, alors je préfère l'attaquer maintenant : combien de temps la France devra faire son autocritique ? Combien de communautés attendent leur tour pour clamer à la face de la République qu'elle leur doit à cause de la souffrance de leurs ancêtres ? Qui seront les prochains à utiliser le devoir de mémoire pour démontrer une fois de plus que la France est un gueuse, une bourgeoise avec un passé de prostituée qui se donne des grands airs ? Qu'un film comme ça sorte, j'en suis ravi et j'irai le voir, mais alors ce déluge de fardeau de l'homme blanc et ce cynisme dans l'utilisation de la souffrance des autres par Debbouze et consorts m'écoeurent. Promis, quand je l'aurai vu, j'en reparlerai, sûrement en bien. En attendant, n'y-a-t'il que Le Pen pour dire qu'il aime la France ? Alors que Sarkozy et Royal ne parle que de rupture ? Merde, moi j'aime la France, ce qui ne veut pas dire tout excuser d'un passé souvent lourd. Mais il y aurait tellement de belles choses à mettre à son crédit.

Comme l'évacuation des Libano-français pendant la guerre par exemple. On ne les entend plus beaucoup maintenant que le calme est revenu. Mais je suis confiant. Ils se manifesteront certainement à notre bon souvenir en cas de problème.

Ha, ça soulage.

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24 septembre 2006

Paradoxes

  • Au Liban, on peut affirmer incarner le changement alors qu'on est au pouvoir depuis toujours.
  • Au Liban, on peut écrire en français que les francophones sont des cons.
  • Au Liban, on peut dire en arabe qu'on est phénicien, pas arabe.
  • Au Liban, on peut avoir deux armées pour le prix d'une.
  • Au Liban, on peut prétendre incarner la nation libanaise en étant un parti de l'étranger.
  • Au Liban, les universités américaines qui reçoivent de l'argent des Etats-Unis sont les plus anti-américaines.
  • Au Liban, on peut se dire croyant en Dieu et communiste.
  • Au Liban, on peut être religieux et parler de tolérance.
  • Au Liban, on peut jurer vouloir la paix en voulant la mort de son voisin.
  • Au Liban, on parle de victoire sur Israël quand on est encore vivant.
  • Au Liban, on peut fêter l'indépendance avec des armées qui occupent le pays.
  • Au Liban, on célèbre les dictateurs sanguinaires et on n'aime pas les présidents américains élus.
  • Au Liban, quand on émet un avis différent, on est un sioniste.
  • Au Liban, on peut avoir du sang sur les mains et être acclamé par la foule comme un prophète.
  • Au Liban, on parle trois langues, mais on n'en entend aucune.
  • Au Liban, on aime la France quand elle donne son argent, pas quand elle donne son avis.

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22 septembre 2006

Le diable au Liban

Aujourd'hui, devant un public chauffé à bloc, il a tenu un discours non pas de victoire, mais de chef d'Etat, parlant au nom du Liban, revisitant son passé, prédisant son futur, et proposant dans un élan magnanime à ses adversaires d'hier le pardon à la fois de dieu mais aussi des hommes puisqu'il contrôlera bientôt tous les deux.

Sur la photo, on peut noter que le mot "victoire" a fort habilement été inscrit en utilisant la même charte graphique que le slogan "Indépendance" de Mars 2005. Nasrallah récupère tous les mouvements en un seul et s'autoproclame père de la nation. "Tant qu'existent des défis graves que le gouvernement actuel ne peut relever, la seule issue est la mise en place d'un gouvernement d'union nationale.". Si par malheur Siniora cède aux demandes et aux coups de boutoir du Hezb, d'Amal, d'Aoun et des Maradas, on connaît exactement l'avenir du Liban. Quiconque connaît un peu l'Histoire sait que ce genre de personnage manie presque à la perfection la menace et la récompense, la frustration et la promesse d'un avenir meilleur, les attributs d'un dieu jaloux et ceux d'une divinité compatissante. Nasrallah est dangereux, il l'est de plus en plus et il risque même d'inquiéter par la suite ses alliés du jour, qu'il ne se prive pas de saluer de Caracas à Téhéran en passant par Gaza.

En voyant cette foule, je ne peux m'empêcher de saluer la patience de l'armée israélienne qui a du beaucoup lutter pour ne pas faire un carton qui aurait grandement contribué à régler le problème de la région. Je sais, il ne faut pas penser comme ça, mais cette foule, je la connais. C'est une foule imbécile, et en même temps désespérée. Elle est prête à tout pour sortir du malheur dans lequel elle s'est plongée toute seule, et l'avenir du Liban continue d'étouffer son restant de démocratie.

Chavez prétend qu'il a vu le diable à la tribune de l'ONU. Moi, j'ai vu l'enfer que va subir le Liban. Et je pense que je sous-estime beaucoup la situation.

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Invitée de WIL

Une fois n'est pas coutume, c'est Bee, une contributrice régulière des commentaires de ce blog (et traductrice patentée) qui est l'auteur de ce billet. L'original se trouve ici.

Ce que je reproche à Aoun:
a- de lancer une offensive contre une milice chrétienne en temps de guerre et de s'allier sans état d'âme à une milice chiite en temps de paix. Mais c'est tout à fait compréhensible, contrairement à Samir, Hassan risque très peu de lui disputer le fauteuil prédidentiel.

b- de ne jamais rater l'occasion de rappeler au clan hariri ses opérations-arnaque, et de sauter allègrement le chapitre Murr et Frangieh; celui qui raconte comment ses partisans se faisaient tabasser et humilier à chaque manifestation.

c- de défendre la laïcité et d'éviter de se présenter aux élections à Haret Hreik, son village mixte, pour lui préférer le Kessrouan; bastion des maronites et du maronisme.

d- de crier à l'ingérence américaine dans les affaires du Liban en 2006, oubliant qu'en 2003, il plaidait encore sa cause devant le Congrès américain, lorsque ce dernier était en plein débat sur la Syria Accountability and Lebanese Sovereignty Restoration Act.

e- de taper, depuis les Champs Elysées, sur l'opposition libanaise qu'il jugeait trop lâche, et de rentrer au Liban, grâce à cette même opposition, pour faire tous genres de compromis, comme le montrent les points a, b, c, g et h.

f- de prôner un Etat fort et laïc et de s'allier à une milice armée confessionnelle.

g- de régulièrement tirer à boulets rouges sur le cabinet Siniora et de s'allier à ceux qui en font partie.h- de prétendre qu'il est le père de l'indépendance, alors qu'il y a des milliers de Libanais qui sont morts et sans doute des milliers d'autres qui ont souffert, d'une manière ou d'une autre; la preuve que le rêve d'un Liban libre, indépendant et souverain, mérite qu'on y croit.

Ce que je respecte chez Aoun:

a- l'enthousiasme, l'engagement et les sacrifices de ses partisans.

b- sa participation à la libération du Liban.

c- le fait qu'il soit l'un des rares à n'avoir pas pillé les ressources du pays -mais il faut dire que jusque là, il n'a jamais été au pouvoir-Au moment où j'écris ce post, une manifestation se prépare dans la Banlieue Sud. Je n'en parlerai pas. Ma victoire n'est pas orange, jaune et vert phosphorique. Ma victoire est rouge et blanche. Mon Liban, c'est plutôt celui là:

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Météo au Liban

Les zones en rouge seront, selon le Quai d'Orsay, soumises à des dépressions.
Le rassemblement de la victoire du Hezbollah devrait donc bénéficier d'ondées passagères, qualifiées de "rain on your parade" par les observateurs internationaux.

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21 septembre 2006

T e k n i v a l au Liban

Viendra, viendra pas ? Le Hezbollah laisse planer le suspense sur la participation de son chef , Hassan Nasrallah le victorieux, à son grand raout de vendredi sur le thème de "We are the Champions". Comme personne n'en est vraiment convaincu, c'est une bonne idée de le faire savoir et la présence de l'idole des masses opprimées serait un symbole de la puissance du parti de dieu et de sa capacité à effrayer l'ennemi sioniste. Toutefois, celui-ci, habitué aux assassinats politiques, ne dédaignerait pas faire un carton sur Nasrallah à l'occasion de ses retrouvailles avec la lumière. Alors, le grand leader qui descend du prophète a peur de se faire abattre. Je ne comprendrai jamais les leaders religieux qui encouragent les autres à devenir des martyrs, mais ne font pas confiance à leur dieu pour les protéger. Le pape a une papamobile blindée, mais quel constructeur automobile voudra équiper Nasrallah ? Certainement pas ceux qui se prennent des procès en Californie pour atteinte au climat.

Quittons un temps l'ironie pour aborder l'hypocrisie. Seront présents à cette fête sans alcool Hezbollah, Amal, et également le courant alternatif de Michel Aoun, bien qu'une "source du CPL a expliqué la participation « spontanée et non organisée » de ses partisans par le fait que « la victoire appartient à tous les Libanais »". Donc, la présence des orangistes avec le Hezbollah, plutôt qu'avec les forces du 14 mars et le gouvernement, sera voulue par le peuple, mais pas par les dirigeants, qui savent pourtant déjà combien d'aounistes spontanés seront présents demain. Ce genre de petit paradoxe devient le propre de Michel Aoun, en qui les espoirs placés se sont avérés stériles voire contreproductifs. On a le prophète qu'on mérite.

Mais revenons à demain. Je vais essayer de trouver une fenêtre pour voir ce grand rassemblement qui ne manquera pas de ressembler à la Love Parade. J'ai déjà envoyé un petit mot à Nasrallah (M. H. Nasrallah, appt. 1, bunker 128, banlieue sud, Liban) pour le conseiller sur le livre qu'il devra brandir. Le pape a le Coran, Chavez le Chomsky, je lui ai donc suggéré de brandir les identités meurtrières d'Amin Maalouf. Mais de le lire avant, dans sa situation, c'est plus sûr qu'après...

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20 septembre 2006

Faust au Liban

La politique libanaise, c'est complexe. Voilà un bien terne début de billet, mais c'est à peu près la conclusion déprimée à laquelle sont arrivés tous les gens qui m'ont demandé d'expliquer le Liban, parfois en regrettant leur initiative tant ils été abattus par le tableau du péril communautariste libanais et des ambitions hégémoniques du Hezbollah. Les médias français rapportent plutôt bien ce qui se déroule au Liban, mais les Français n'ont pas le temps d'absorber toutes les informations concernant la crise libanaise qui dure depuis des décennies, et il faut avouer que l'avenir s'annonce sombre. Pour comprendre une situation que je maîtrise de moins en moins à mesure que je l'observe, il convient, en plus de l'analyser d'un point de vue géopolitique, de considérer la politique intérieure et ses multiples rebondissements, dont la conversion de Walid Joumblatt comme chantre du combat contre la mainmise syrienne n'est qu'un épisode spectaculaire.

Le Liban est une démocratie, ou une démocrature, ou une démocratie féodale mais en tout cas il existe un jeu politique complexe qui pousse les Libanais à former des alliances et des vassalités en permanence. Je m'étonnais ainsi de l'omniprésence de Georges Corm dans les médias français, et de son parti-pris résolument en faveur de la "résistance" libanaise. Une fois de plus, il s'agit de politique intérieure, puisque l'ex-ministre Corm a été reçu par Michel Aoun, qu'un renversement du gouvenrment ne dérangerait nullement, et sa visite n'avait rien de protocolaire au vu de ses déclarations rapportées par l'Orient le jour :

« Le général a rendu un grand service au pays en empêchant la zizanie et les clivages entre Libanais pour faire face à l’agression israélienne », a-t-il dit.M. Corm a, en outre, affirmé avoir évoqué avec le chef du CPL les questions économiques, soulignant l’importance d’accélérer le processus de reconstruction en s’assurant de la transparence des opérations. Il a espéré que la reconstruction « puisse permettre une réorientation de l’économie vers des secteurs productifs ».

Au-delà de l'aspect comique du "grand service au pays" qu'aurait rendu Tsunamichel, Georges Corm semble donc viser un nouveau maroquin, de préférence, celui de l'économie. Il n'est pas le seul à déclarer pouvoir s'accommoder du Hezbollah. Les hommes politiques libanais sont comme la plupart de leurs homologues occidentaux : ils cherchent avant tout le pouvoir et ne se préoccupent guère de l'avenir de leur pays tant que leur postérité financière et la satisfaction gloutonne de leur égo deviennent acquises. Sauf que.

En occident, on peut se permettre dans une certaine limite ce genre de calcul égoïste. Les pays sont stables politiquement, l'économie est forte, et l'idée de nation prévaut généralement même s'il existe de grandes disparités idéologiques. En France, l'alliance socialistes-communistes de 1981 n'a pas mené le pays à devenir une dictature satellite de Moscou. Au Liban, les enjeux sont infiniment plus graves, et les petites trahisons des uns et des autres pourront prendre des proportions catastrophiques à l'avenir. Le pays ayant toujours vécu dans le provisoire qui dure, même le conflit de juillet 2006 n'a pas entaché l'idée qu'il faut vivre au jour le jour et que le Liban s'en sortira comme d'habitude. Mais le Hezbollah n'est pas un parti comme les autres. Etablir une alliance avec le parti de dieu, le CPL d'Aoun et éventuellement les Maradas conduirait rapidement à une prise du pouvoir de Nasrallah qui dirige une formation idéologique dont les visées sont très claires, et très morbides. Lorsqu'on prétend gouverner au nom de dieu, on ne le fait pas pour les hommes, mais pour une petite caste d'oligarques qui lancera sa croisade, ou son jihad, contre les petits et grands satans qu'il aura choisi. Certains partisans du relativisme semblent considérer que Bush fait la même chose, ce qui est ridicule. Qu'on aime Bush ou pas, il a été élu démocratiquement et doit faire face à nombre de contre-pouvoirs qui l'empêche de faire ce qu'il veut, ou ce que ses amis souhaitent. Dans le cas de partis théologiques, où un homme prétend directement parler avec dieu, on ne peut pas exprimer son désaccord, parce qu'on est un impie, et donc un ennemi. Le Hezbollah ne doit pas être sous-estimé, mais ses alliés comme le CPL voit plus en lui un allié qui leur permettra de reprendre le pouvoir qu'un danger qui pourrait détruire le Liban que nous connaissons. Avec ses défauts, mais aussi son potentiel formidable.

Paris, paraît-il, valait bien une messe. Une âme vaut-elle un maroquin ? Un pays peut-il se trahir cyniquement comme l'ont fait des générations d'hommes politiques ? Le danger est présent, plus que jamais, alors que le Liban se retire petit à petit des actualités internationales. Et que dans la pénombre, les guerriers de chaque camp se prépare pour le prochain round.

N'oublions pas le Liban pour ne pas que le Liban s'oublie.

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18 septembre 2006

Sacré nom de dieu !

Commençons par l'affaire du pape. Celui-ci s'est déclaré attristé par les réactions à ses propos. C'est bizarre, non ? Il est tellement idiot qu'il ne savait pas qu'insulter les musulmans allaient les chagriner ? Sfeir, le chef des maronites, considère que les critiques contre son chef au Vatican sont politiques. Voilà un homme qui mériterait de devenir pape, il a le sens politique qui manque au seizième Benoît.

Ces histoires de religion sont toujours politiques. La religion c'est de la politique. On a eu quelques discussions dans les commentaires précédents sur mon côté anticlérical, et on m'a accusé d'être un homme de peu de foi. En vérité, je vous le dis, je respecte la foi, mais je n'ai aucune estime pour les religions. Toutes. Vous pourrez dire que vous vous en foutez, que mes convictions religieuses ou mon absence de, ne vous intéressent pas, je tiens juste à dire que si on en est là, au Liban, c'est quand même un peu beaucoup la faute de la religion. Est-ce qu'il n'y avait pas un certain parti de dieu qui a pris part à la guerre ? Qui a juré la destruction de son ennemi parce qu'il a une religion différente ? Par pitié, qu'on ne vienne pas me dire que "le Moyen-Orient, c'est plus complexe, un Français ne peut pas comprendre, son cerveau est trop faible", le problème du Liban c'est d'abord est avant tout la religion. Quand des hommes basent leur façon de se gouverner sur l'irrationnel, c'est-à-dire sur les propos d'autres mortels soi-disant en relation avec une entité extraterrestre qui leur dit qu'il ne faut pas mettre de capote ou tuer tous les infidèles, vous appelez ça comment ? Vous trouvez logique que les présidents libanais doivent être d'un certain crédo, les premiers ministres de telles communautés et tous les postes du "service public" fonction de la religion ? Et il n'y a pas qu'au Liban qu'on voit de telles absurdités. Alors le pape a dit une connerie, il l'avait calculé, ses concurrents pour le contrôle des âmes ont fait ce qu'ils avaient à faire, et ça continuera tant que des religieux, qui n'en savent rien, diront aux civils comment se comporter dans la vie. Qu'est-ce que le pape est censé connaître au mariage ? Quand l'Abbé Pierre, un homme éminemment bon et humain, a avoué qu'il avait fauté sur le "péché de chair", ses coreligionnaires lui sont tombés dessus. Je n'ai pas été étonné non plus. La religion, c'est de la politique pur et dur, à la différence que l'on tient son pouvoir non du peuple, mais d'un concept, le divin. Encore une fois, vive la république. On n'a peut-être que le choix entre Sarko et Ségo, mais au moins, on n'est pas excommuniés quand on attaque le dogme. Sauf au PCF, mais je parlais de la France moderne.

Sinon, un article intéressant sur les blogs pendant la guerre du Liban. Le Monde n'aime pas les blogueurs, et considèrent qu'ils lui font une concurrence déloyale alors même que les conseils de l'article devraient largement s'appliquer aux médias, à commencer par le vénérable quotidien de référence français. Histoire de dogme encore. Colombani, qui t'a fait roi ? Je ne parle évidemment pas pour moi, mais il y a nombre de blogs intéressants qui peuvent compléter la lecture des médias. Allez, je me fais mal, mais il y a celui-là. Comme on est très peu nombreux sur le créneau du blog en français consacré au Liban, je rends hommage à son auteur qui écrit bien, sans fautes de français ce qui est rare, même si je suis en général en total désaccord avec ce qu'il écrit. Mais je le lis quand même, alors que le pape n'a jamais lu le Coran.

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15 septembre 2006

Pauvre Béa

Il est certain que ce blog, comme d'ailleurs les médias, s'éloignent petit à petit du Liban, et c'est tant mieux : ça signifie que les nouvelles ne sont pas suffisamment atroces pour mériter les unes de journaux. J'en profite donc pour parler de l'un des grands combats de WIL : Béatrice Schönberg.

Depuis des mois, je m'époumone tel un leader cégétiste à clamer que la femme d'un ministre en exercice ne peut pas et ne doit pas présenter le journal télévisé de la chaîne publique française. J'étais bien seul. En France, la politique et les médias, c'est l'inceste. Je me souviens d'un Paris-Match où la journaliste avait laissé tomber cette phrase, à peu près, "Béatrice Schönberg n'a pas à payer pour son amour"... Bref, tout le monde trouvait ça normal.

Et puis Carolis est arrivé, et en tant que PDG, il a fait un excellent boulot : il a viré Fogiel, Ardisson et il compte mettre en réserve Mme Borloo dès janvier 2007. Bref, ce garçon prend les décisions que ses prédécesseurs auraient du prendre depuis longtemps. Aussitôt, tollé chez les politiques :

"On ne voit pas bien en quoi le fait d'être marié avec un ministre, ou un homme politique quel qu'il soit, devrait être suspect au point de remettre en question son honnêteté professionnelle", souligne le député UMP des Alpes-Maritimes, Lionnel Luca.

Les 52 signataires dénoncent "une atmosphère de dénigrement et de chasse aux sorcières", estimant que "l'honneur de la chaîne publique France Télévisions serait de ne pas se soumettre au diktat de la calomnie".
"Ce délit d'opinion d'un nouveau genre est inacceptable dans une démocratie qui ne veut ni ne doit devenir une démocratie populaire des années 1950", concluent les élus.


En fait, il y a un rapport avec le Liban dans ce post. C'est pour dire aux Libanais : votre situation est difficile, votre avenir incertain, vos hommes politiques ridicules, mais est-ce qu'on est vraiment tellement plus avancés que vous ?

La réponse fuse.

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Liban ltd.

On attendait la réaction aux propos du pape sur l'islam d'Orianna Fallaci, mais elle vient de mourir ce matin. On devra donc se contenter des commentaires des lecteurs de Libération qui, surprise, soutiennent largement Ratzinger alors qu'on aurait pu attendre une plus large condamnation dans un journal de gauche. Petit florilège de logorrhée antimusulmane chic et pseudo-informée :

A l'heure de la mondialisation, je trouve courageux de la part du pape d'entreprendre un devoir de vérité et de rappeler de fort repères moraux . (pierlevener)
il n'a pas tort; les extremistes musulmans parlent sans cesse des croisades, mais ce sont eux qui ont commencé les croisades au 8 eme siecle. (vinz)
Il n'y a qu'à lire le Coran, disponible dans plusieurs éditions de poche (Points Seuil, folio Gallimard, Petite Bibliothèque Payot) pour s'apercevoir que, pour une fois, un pape a dit une vérité. (courouve)
Les propos du Pape me semblent en fait mesurés, et ne font que condamner la violence et la cohercion à la foi, il est dans son role de Pape quand il s'exprime ainsi. Certains musulmans semblent plus rapide à condamner toute critique à leur égard que les debordements de certains d'entre eux quand ils appellent à la violence et au jihad. Ras le bol de cette tyrannie quotidienne qui arrive au point ou la condamnation de la violence peut être jugée comme une attaque contre l'islam, ils reussissent donc à nous imposer un auto-censure demesurée! (chrirac,jackchi)
(ecrit avec un clavier sans accent) les musulmans au lieu de jouer les eternels offensses feraient bien de concentrer leur energie a reformer tant que se peut l Islam... (niko)

Etonnant comme les deux dernières contributions me semblent familières, si on remplace "musulmans" par "juifs" : Ha, ces juifs, toujours à s'offenser quand on parle de la Shoah, il ferait mieux de réformer Israël au lieu de faire chier les bons chrétiens. L'islam n'est pas parfait, beaucoup s'en servent pour des objectifs politiques, mais franchement, les chrétiens ne feraient pas pareil ? Après tout, il ne s'agit que de quelques réactions de lecteurs matinaux. A moins de croire que les catholiques possèdent leur mégaphone à eux ? En tout cas, la tolérance n'est pas une vertu catholique, heureusement sinon le Vatican serait une maison de tolérance.

Le Liban se veut une terre de tolérance, mais on a de plus en plus de mal à y croire. Coincé entre un hezbollah prudent mais conquérant et des chefs de communauté qui réclament la fin des armes, Siniora ménage la chèvre et les choux en utilisant une fois de plus Israël comme ennemi commun et assurant qu'aucun contact n'est possible avec l'Etat honni, ni avec l'autre voisin. Interrogé sur une possible visite en Syrie, Siniora a laissé tomber "chaque chose en son temps". Il est donc, une fois de plus, urgent de ne rien faire alors que la FINUL a du mal à se loger (forcément tous ces tanks, ça prend de la place), que Lahoud représente le pays à Cuba en terre démocratique, que le Hezbollah s'offusque qu'on l'accuse de crimes de guerre, que le rapport Brammetz se profile à l'horizon, et que les chefs féodaux s'en vont chacun quérir le soutien de l'étranger. Cette chronique mondano-politique dans L'Orient le Jour :

Le chef du Bloc du rassemblement démocratique, le député Walid Joumblatt, a quitté hier le Liban à destination de Rome. De son côté, la députée Bahia Hariri a pris l’avion pour Vienne. Mercredi, c’est le chef du Bloc parlementaire du changement et de la réforme, le général Michel Aoun, qui avait quitté Beyrouth à destination de la Belgique.

Qui reste pour tenir le magasin ? Toujours le même, le petit commis Nasrallah, qui doit sérieusement commencer à manquer d'air pur dans son bunker.

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14 septembre 2006

Salon libanais (2) de l'armement

Le Liban est en passe de devenir le plus grand salon de l'armement du Moyen-Orient. Après les chars Leclerc, les Italiens ont décidé eux aussi d'envoyer des tanks (Fiat ? Ferrari ?) au Liban. Pourquoi ? Pas vraiment de réponse satisfaisante devant les missions d'interposition que l'ONU s'est donnée. Israël s'interroge aussi sur les raisons qui poussent les Français à s'équiper de missiles sol-air Mistral, selon Le Canard Enchaîné. Vu que les hezbollahis n'ont pas encore trouvé le moyen de voler, sinon Nasrallah serait chef d'escadrille, on peut penser que les Français ne comptent pas viser les drones, mais plutôt les kfirs. En même temps, il est normal que devant l'armement russe et chinois, nos excellents VRP que sont les soldats français cherchent à gagner quelques parts de marché. De là à se faire enfler comme toujours dans ce pays par les Italiens, Vergogna ! Aux armes, citoyens ! Il s'agit de patriotisme économique, nom de dieu !

Il semble après tout qu'il y a bien eu une guerre, c'est-à-dire deux armées qui pour s'affaiblir tuent des civils. Amnesty International, une des rares ONG dont la probité n'a jamais été remise en cause, n'a cessé de dénoncer les attaques israéliennes contre le Liban. Aujourd'hui, c'est au tour du Hezb d'être épinglé par Amnesty :

En ciblant délibérément des civils israéliens au cours du récent conflit, le Hezbollah a commis de graves violations du droit international humanitaire, s'apparentant à des crimes de guerre, selon un rapport rendu public ce jeudi 14 septembre par Amnesty International.

La question que l'on peut se poser c'est : si une organisation comme le Hezbollah commet des crimes relevant du droit international, qui va comparaître pour en répondre ? Le pays d'accueil (le Liban), le chef de guerre (Nasrallah) ou le chef tout court (Bachar el Assad et Ahmadinejad sont dans un prétoire. Bachar essaie de faire assassiner Ahmadinejad pendant que lui-même tente de tuer le président syrien. Qui est-ce qui reste ?).

Je vous laisse, France Inter nous fait l'honneur de faire un spécial Liban. Rapport dans le prochain post.
Ou pas.

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13 septembre 2006

Collection de cons

Petit à petit, le Hezbollah orchestre sa propagande en se démarquant d'Al Qaida, à qui seuls quelques ignorants l'ont comparé, et en investissant le domaine culturel et intellectuel. Voici un article édifiant, en attendant le débat d'aujourd'hui sur France Inter avec Walid Chérara, principal héraut du parti de dieu :

Hassan Nasrallah est un homme politique dont l'action se plie aux règles du jeu. Il n'a jamais défié l'Occident ni son mode de vie. Ses opérations contre Israël visent toujours les militaires, et il n'a menacé les civils israéliens qu'après la guerre de destruction massive lancée par Israël au Liban.

Bref, un mec bien. Comme il me semble que j'ai pu l'entendre crier mort aux Etats-Unis et à Israël plusieurs fois à Beyrouth, j'essaie de trouver des preuves pour rappeler à Georges Sarwat Fahmi, écrivain égyptien, la véritable nature de son idole.

Voilà.C'est long, près de 16 minutes, mais au bout de 8, vous pourrez entendre "Mort à l'Amérique". Le reste décrit assez bien les amours et les haines du "nouveau Nasser".

Ce qu'il y a de bien avec le Hezbollah, c'est qu'il ne cache pas ses intentions. Il n'y a qu'à l'écouter pour savoir qui il veut détruire.

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Meet De-Gaulle

Libération nous permet aujourd'hui de rencontrer De-Gaulle, maronite fervent, ancien communiste et membre du Hezbollah parce que le parti de dieu "est le seul à porter les idéaux de «résistance», de justice et de probité auxquels il est attaché". De-Gaulle ne voit pas de paradoxes dans le fait de cumuler toutes ces appartenances politico-religieuses. Pour nous, c'est parfaitement contradictoire, surtout avec un prénom comme ça. Lire cet article permet pourtant de mieux comprendre pourquoi tout le monde a sous-estimé le Hezbollah et pourquoi des jours sombres s'annoncent lorsqu'on assistera à une confrontation historique : "De-Gaulle contre Leclerc". On dirait un match de catch, mais les références ont perdu de leur panache.

Le catch, Nasrallah connaît mais à distance, sur Playstation. Bien caché, il a pu accorder une interview à Al Jazira où il a de nouveau accusé le monde entier d'être contre lui, ce qu'on ne peut que souhaiter mais qui hélas ne se vérifie pas avec les stratégies combinées de la Syrie et de l'Iran. Les rodomontades de Nasrallah depuis son bunker ne sont pas une pratique nouvelle au Liban : on se souvient de sa logorrhée lorsque les Libanais manifestaient pacifiquement pour le retrait syrien et qu'à l'époque le Hezbollah paraissait clairement en perte de vitesse. Puisque sa seule stratégie de recrutement se base sur la "fierté" arabe, Nasrallah doit gueuler pour montrer qu'il est le patron et justifier son existence. Bien planqué dans son bunker. Petite question religieuse : s'il mourrait, tué par une arme ennemie, est-ce que ça ne favoriserait pas ses chances de devenir un martyr de la cause ?

Je ne sais pas si Samir Kassir peut être considéré comme un martyr. J'étais en désaccord pratiquement avec tout ce qu'il disait mais il faut reconnaître qu'il a payé de sa vie son engagement politique, et qu'on lui doit pour cela le respect. Alors quand un imbécile l'accuse d'avoir été un "agent américain", surtout provenant d'un journaliste d'Al Jazira, on hésite entre la colère et le mépris. Samir Kassir, agent américain ? Cela prouve bien que son accusateur n'a pas lu les articles du défunt, et qu'il cherche le scoop de caniveau. Rappelons que ce petit monsieur (il vient de se faire traiter de nain de journaliste), Faycal Al Qassem, reste passionné par les complots qu'il voit partout et se fait un devoir d'indiquer aux téléspectateurs d'Al Jazira, comme en 2002 où l'on reparle du Protocole des sages de Sion à l'occasion d'un débat où Qassem fait le modérateur en lançant :

Moshé Dayan s'est-il trompé lorsqu'il a dit que "les Arabes ne lisent pas ou, s'ils lisent, ils ne comprennent pas et, s'ils ne comprennent pas, ils n'agissent pas" ? En effet, les Arabes ont-ils lu les Protocoles des sages de Sion ? Les ont-ils compris ? Et, dès lors, que font-ils alors que ce qui est écrit dans ce livre se réalise tous les jours sous leurs yeux ? Pour ceux qui ne connaîtraient pas bien cet ouvrage, il faut savoir qu'il consiste en vingt-quatre protocoles élaborés par un groupe de sionistes il y a plus d'un siècle, où ces derniers dévoilent leurs plans pour dominer la Palestine, les Arabes et ensuite le reste du monde. Certains prétendent qu'il s'agit d'un faux fabriqué par les Russes, d'autres qu'il s'agit d'une sorte de Constitution du sionisme.

La discussion s'engage entre les deux experts, l'un d'entre eux, Kamaran Karadaghi, "intellectuel irakien vivant à Londres", niant évidemment tout fondement de vérité aux Protocoles, l'autre, "Mohammad Jamil Ben Mansour, activiste mauritanien antisioniste (sic)" au contraire affirmant qu'il s'agit d'un véritable programme de conquête du monde. Qassem en rajoute et oublie largement son rôle de modérateur :

D'accord, mais pouvez-vous pour autant nier que 99 % de l'empire médiatique américain soit aux mains du lobby juif sioniste ?

99%. Même les nazis affirmaient que les juifs ne contrôlaient que 70% des médias américains. Et j'ai quand même une question : qui contrôle le 1% restant ?

Ha oui, Samir Kassir. Mais maintenant, qui a repris la boutique ?

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12 septembre 2006

Trafiquant d'âmes

J'ai déjà fait mon Mea Culpa en admettant que le Hezbollah avait été sous-estimé par beaucoup, y compris moi. En revanche, on peut reprendre l'avantage en constatant que le parti de dieu reste désespérément prévisible et c'est ce qui causera sa perte, enfin on espère. Dans un grand son et lumière religieux, le Hezbollah a considéré hier que les forces du 14 mars se sont alliés avec Israël et les Etats-Unis pour assassiner la résistance, qui gardera ses armes car elles sont "comme l'Evangile, comme le Coran". Le parti de Nasrallah, par la voix du "député" Ali Ammar a également réclamé la démission du gouvernement, reprenant le voeu de Michel Aoun, qui devrait se retrouver dans un gouvernement d'union nationale avec Sleimane Frangié, le chef des maradas chrétiennes pro-syriennes dont j'avais parlé précédemment. Cette alliance Hezbollah-aounistes-maradas pourrait convaincre de la prise en compte des toutes les communautés du Liban dans la gestion de la chose publique ; elle est surtout une preuve supplémentaire du caractère trompeur de la religion, de nombreux maronites pouvant se sentir proche du Hezbollah, de nombreux chiites s'en sentant très éloignés comme on l'a dit à plusieurs reprises.

Le Hezbollah ne déposera pas les armes. Le Hezbollah refusera qu'on lui prenne. Les trafics vont continuer, par la Syrie notamment dont le président demeure aussi imperturbablement prévisible que le Hezbollah. Leur logique est claire, leur objectif évident : démolir Israël, réasservir le Liban. Pourquoi, pourquoi, pourquoi les belles âmes occidentales n'arrivent pas à se rendre compte du danger représenté par l'axe Iran-Syrie-Hezbollah ? Combien de preuves faut-il pour qu'on se rendre compte de la menace ? Combien de temps les intellectuels de gauche continueront-ils à analyser le Moyen-Orient avec le prisme de la guerre froide ? Après les T-shirts "Che Guevara" des adolescents en rébellion, va-t-on trouver des T-shirts "Hassan Nasrallah" en vente chez H&M ? Cette soi-disant résistance usurpe son rôle et joue pleinement du sentiment de culpabilité de l'homme blanc, qui ne cesse de se fouetter pour les colonisations de ses ancêtres. Si l'occident remettait de l'ordre au Moyen-Orient, ce serait le retour aux colonies, un recul dans l'Histoire intolérable ! Et pourtant.

L'Histoire, c'est aussi Munich en 1938. Franchement, vous ne voyez pas quelques similitudes, avec un vociférateur acclamé comme un messie, qui hurle sa haine de la démocratie pendant que les démocrates eux-mêmes détournent les yeux en se disant que ça va passer ?

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11 septembre 2006

A bas la calotte, vive la capote

On savait depuis longtemps, malgré la maladroite propagande de quelques ahuris, que le conflit de "juillet 2006" n'est pas religieux, et qu'être chiite ne signifie pas être automatiquement pour le Hezbollah, tout comme on peut soutenir le parti de dieu comme Al Akhbar sans se proclamer en accord avec ses principes religieux. Libération, pour mieux le prouver, évoque Ali Al Amin, mufti chiite de Tyr qui considère que l'action du Hezb était injustifiée et que c'est le Liban qui a perdu le plus. On le savait, on savait également que les chiites sont tout aussi capables de réflexion que les autres confessions, mais ça rassure d'en recevoir des preuves.

Surtout aujourd'hui où on célèbre les 5 ans de l'attentat du World Trade Center. A ceux qui considèrent que l'idée de cette attaque ne peut avoir germée que dans un cerveau malade, on peut rappeler que la première fois que l'hypothèse de lancer des avions suicide sur New York City a été évoquée, c'était sous Hitler, en Allemagne. Ce n'est pas un hasard. La plupart de la propagande anti-juifs ou anti-Etats-Unis que l'on retrouve au Moyen-Orient, à l'exception du "Protocole des Sages de Sion", vient en ligne directe des nazis. Quand on connaît le lumineux destin du Reich de mille ans, on a tendance à parier sur la démocratie américaine plutôt que sur les rodomontades du Hezbollah ou de Al Qaida.

Quoique. Avoir été enrôlé "de force" dans les jeuneSSes hitlériennes et avoir servi dans la Wehrmacht jusqu'en avril 1945 n'a jamais empêché quiconque de devenir pape et de se pavaner en Bavière. On peut dire ce qu'on veut des chiites, il semble qu'il y ait un débat d'idées chez eux, ce qui est peut-être moins le cas dans la monolithique Sainte Eglise Romaine Catholique. Israël voulait ramener le Liban 20 ans en arrière, pour le pape, ce sera 200 ans pour tout le monde.

De toute façon, ça faisait longtemps que je ne l'avais pas dit ici, les religions sont toxiques. On devrait vendre les "livres saints" avec un avertissement, comme les disques de rap ou les paquets de cigarettes.

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09 septembre 2006

Les enfants de Tass

Quand j'ai besoin des informations officielles du Hezbollah, je vais à la source, c'est-à-dire chez Sana, l'agence de presse syrienne. On y apprend ainsi aujourd'hui que le Hezbollah refuse toute présence de la FINUL en dehors du Liban-Sud, ce qui ne faisait pas partie de l'accord et n'augure rien de bon, et aussi que Bachar el Assad et Romano Prodi ont échangé des informations sans grand intérêt, alors que Prodi, tout frétillant, avait annoncé que c'est bon les gars, c'est plié, Bachar est un gars sympa, il veut bien des soldats à la frontière mais sans armes. Déjà, là, on avait un peu ricané. Pauvre Prodi, il vient peut-être de comprendre pourquoi même Chirac, qui n'en est pas à un dictateur près, se méfie du lapin du Golan.

On se rappelle de Sana notamment lorsqu'agence avait prétendu l'an dernier qu'un million de personnes avaient manifesté dans Beyrouth pour soutenir le régime syrien. Sauf que la dépêche était tombée avant la manifestation, et qu'elle avait rassemblé quatre fois moins que prévu...

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Poker, échecs et billard

En général, dans un négociation ou un dialogue, il faut que les deux partenaires aient un minimum de confiance entre eux. Mais que peut-on attendre quand il s'agit d'un Etat qui doit discuter avec une organisation dont l'existence même est justifiée par la destruction de l'autre. Si Israël disparaît, alors logiquement le Hezbollah disparaîtrait aussi, mais comme l'Etat hébreu n'a aucune intention de s'évanouir, alors le Hezbollah restera pour clamer sa haine et ses victoires. Mais en attendant, il faut trouver une solution pour sortir de la crise. Alors Olmert, franchement désapprouvé par l'opinion publique, sort un joker, pratique acceptée dans le poker menteur :

Nous serons d’accord pour discuter du statut des fermes de Chebaa si le Liban remplit ses engagements vis-à-vis de la résolution 1701, comprenant le désarmement du Hezbollah », a déclaré jeudi soir M. Olmert au chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, selon un communiqué officiel publié hier.Il a ajouté que le « secteur devrait être reconnu auparavant comme libanais et non syrien ».

D'abord on se demande un peu ce que les Russes font là, eux qui sont restés assez cois pendant le conflit, et qui ont des amitiés historiques plutôt avec la Syrie. En proposant de discuter, Olmert ne se mouille pas trop, et il sait de toute façon que le Hezbollah ne lui fera pas confiance et ne compte que sur ses armes pour se défendre. Car un Hezbollah sans armes serait ravagé à l'intérieur même du Liban, sans même attendre Israël.

Les blocus se lèvent, et on peut se dire qu'au final Israël a fait une bonne affaire, puisque l'ONU et les nations qui vont participer au filtrage vont faire le travail pour lui. Sauf que, on apprend que la France, très engagée dans les opérations de surveillance du territoire maritime libanais, ne pourra pas bloquer par la force un navire, que la mission française consiste à surveiller et repérer les bateaux suspects puis de confier la mission d'arrestation si besoin est aux autorités libanaises, dont l'efficacité a été maintes fois prouvée. Ce serait bien sûr en attendant l'arrivée de la FINUL dont le statut reste encore à déterminer mais dont la composition fait grincer des dents.

Car les Arméniens du Liban, en particulier le Tachnag, ne veulent pas de soldats turcs dans la force de l'ONU, parce que la Turquie n'a pas reconnu le génocide de 1915, et aussi peut-être parce qu'elle est un allié stratégique et militaire d'Israël. Mais il est important que la nouvelle FINUL comporte des soldats musulmans, parce que les Libanais veulent une force d'occupation qui leur ressemble : un peu de chrétienté, un peu d'Islam. Je ne me rappelle pas que les forces d'occupation de l'Irak aient respecté cette représentativité, mais en même temps, elles n'étaient pas chapeauté par l'ONU. Là où j'ai du mal à suivre le communautarisme, c'est pour le contingent népalais, présent depuis des années au Sud Liban, et dont la religion est majoritairement l'hindouisme. Quelle comunauté les Népalais représentent-ils ? Vont-ils être obligés de partir parce qu'il n'y a pas de communauté hindoue considérée comme une force politique au Liban ?

Et pendant ce temps, comment ça va en Iran ? Plutôt bien, j'ai l'impression. On continue de jouer au billard à trois bandes, et à prendre le Liban pour une boule blanche.

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08 septembre 2006

En lisant L'Orient

Je continue le deuil de Rémy Belvaux, mais il faut bien penser aussi au Liban.
Alors je feuillette L'Orient-le Jour.
Et je trouve cet article "Débat passionné sur le Liban au Palais Bourbon, la ligne chiraquienne totalement plébiscitée" fort primesautier qui relate les discussions sur le Liban à l'Assemblée nationale, mais comme si le journaliste commentait pour "Point de vue, Images du monde" :

«De mémoire de député ou de correspondant parlementaire on n’avait vu au Palais Bourbon un intérêt aussi grand pour un pays aussi petit », m’a soufflé discrètement un des huissiers les plus gradés du Palais Bourbon au moment où je quittais hier la séance parlementaire qui était consacrée au Liban.

Ha la la, les confidences des huissiers "les plus gradés" ! Vous imaginez ? Les députés français s'intéressent au Liban, les huissiers font des messes basses avec le journaliste et notre correspondant en rosit de plaisir ! Mais il s'assombrit un peu quand on ose mélanger le malheur des Libanais avec celui, bien moindre, des juifs :

Seule ombre au tableau, le discours de M. François Bayrou (UDF) qui s’est longuement attardé sur les malheurs subis par le peuple... juif et qui ont culminé, selon lui, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. Le chef de l’UDF avait rapidement « glissé » sur la question libanaise avant de revenir sur des thèmes soulignant « la responsabilité » et « la culpabilité » de la France et de l’Europe qui ont « laissé faire et commis l’irréparable ».

Bravo, pour une fois que Bayrou parle d'autre chose que de lui, on lui en fait le reproche. Mais écoutons Marie-Georges Buffet, représentante démocratiquement élu d'un des derniers partis communistes d'Europe :

Parlant de la Finul renforcée, Mme Buffet a appelé à une définition claire du rôle de cette force internationale, expliquant que celle-ci sera bientôt en mesure de soutenir le règlement politique de la crise « à condition que l’on ne lui fasse pas faire ce que la résolution 1701 ne prévoit pas : désarmer le Hezbollah ». « La position de la France, agréée par les autorités libanaises, est que ce désarmement doit être le résultat d’une entente entre les forces politiques libanaises. C’est le choix de la sagesse si l’on veut éviter d’autres tragédies au Liban », a-t-elle ajouté.

Mme Buffet, qui conçoit la politique en 2006 toujours avec les filtres de la grande période du Grand Frère soviétique et du petit frère syrien, ne semble toujours pas comprendre que la question du Hezbollah et surtout de ses armes ne peut pas être résolue par les Libanais seuls, car elle ne les concerne pas seulement. Il s'agit d'une affaire internationale, le Hezbollah n'étant pas un parti financé par le Liban et bénéficiant d'une idéologie et d'un soutien militaire étranger. Mais allez expliquer ça à Mme Buffet, pour qui la démocratie, voilà l'ennemi.

Heureusement, dans L'Orient le jour, Gaby Nasr fait sa rentrée, toujours en piquant les jeux de mots des autres, mais en gardant son punch habituel. Continuons à lire "le quotidien francophone de la bourgeoisie chrétienne" comme l'appellent les ânes, en gardant en tête qu'un bon journal, c'est un journal où tout le monde peut s'exprimer, les émules de Gala comme ceux du Canard enchaîné.

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Putain, mais c'est pas vrai ??!

Rémy Belvaux est mort.
On n'aura jamais la suite de "C'est arrivé près de chez nous"
Je suis en deuil.
Quel été de merde.

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07 septembre 2006

Contrat de conscience

Pourquoi la France envoie-t-elle des chars Leclerc au Liban et pourquoi en parle-t-on comme d'un événement, me demandais-je en contemplant l'hystérie collective des commentateurs spécialisés qui délaissaient pour un moment la description des performances extraordinaires de l'A380 pour mieux évoquer les mensurations et les capacités surtankesque du joyau de l'armée de Terre française ? Est-ce pour l'opposer au Hezbollah, qui ne saurait constituer un morceau de choix pour notre chasseur enchenillé, ou plutôt pour le tester face aux puissants Merkavas, gloire de la technologie israélienne et alpha-dog de la lutte blindée au Moyen-Orient ?

Le Canard enchaîné a vendu la mèche, si l'on peut dire. Ces treize bestiaux sont conduits à l'abattoir et n'en repartiront pas. Il semblerait que l'armée libanaise doivent par la suite en hériter, sous forme d'une location-vente, et que les 13 Leclerc soient les premiers échantillons du nouvel équipement made in France des forces militaires libanaises officielles. Au grand dam des Américains, ajouteront les commentateurs spécialisés.

De là à penser que la France déploie tout ce matériel pour faire une démonstration grandeur nature de ses capacités de destruction à elle, il n'y a qu'un pas que je ne me résoudrais pas à franchir. Je sais que mon pays va aider les petits Libanais à se protéger de...

De quoi au fait ? En cas de conflit, qui tire sur qui et comment ? Quelqu'un pourrait m'expliquer qui les chars Leclerc devront aligner si Hezbollah et Israël se remettent dessus ? En bagarre de rue, celui qui s'interpose s'en prend toujours plein la gueule. Ici, on aurait une bagarre à quatre, l'armée libanaise étant également censée maintenir l'ordre avec la FINUL leclerisée. Est-ce qu'en cas de conflit, l'armée libanaise tire sur le Hezbollah, la FINUL sur Israël ou l'inverse ? Je vous laisse imaginer le tableau, moi je retourne piquer des titres à IAM.

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06 septembre 2006

War in Lebanon for Dummies (mais en français) 2

Et si, pour tuer le temps, on refaisait le petit jeu des pronostics, sachant que la denière fois, je m'en était pas mal tiré pour un occidental qui ne peut rien comprendre au Moyen-Orient ? Je reprends donc mes scénarios (non, pas scénarii), pour estimer avec toute la mauvaise foi dont je suis capable dans quelle mesure je me suis trompé :

Scénario 1 : L'opération se prolonge et le gouvernement libanais ordonne à l'armée de faire face à Israël. Probabilité : 2%
Pas loin en fait, puisque l'armée s'est déployée au Liban Sud et fera sûrement la police près de la frontière syrienne.
Scénario 2 : L'opération se prolonge et le gouvernement libanais ordonne à l'armée de neutraliser le Hezbollah avec l'assentiment de la population. Probabilité : 5%
Sans commentaire, il faut dire que je n'y croyais pas beaucoup.
Scénario 3 : L'opération se prolonge et la population libanaise excédée se rebelle contre l'envahisseur israélien. Probabilité : 10%
En fait, dans ma tête, il s'agissait d'un sursaut combatif, où les habitants prennent les armes. La population libanaise s'est-elle rebellée contre les Israéliens ? J'aurais dû être plus précis.
Scénario 4 : L'opération se prolonge et la population libanaise excédée se rebelle contre le Hezbollah. Probabilité : 15%
Pareil que précédemment. La population libanaise s'est-elle rebellée contre le Hezbollah ? Je commence à penser que ce post était une mauvaise idée...
Scénario 5 : L'opération se prolonge et le conflit s'étend à la Syrie. Israël fait face à plusieurs fronts, mais peut ainsi régler en même temps des problèmes liés entre eux. Probabilité : 20%
Ce scénario reste en suspens. Attendonc de voir, d'autant qu'Israël fait face déjà plusieurs fronts, le Liban et les Territoires palestiniens.
Scénario 6 : L'opération s'arrête au bout de quelques jours : le Liban et Israël parviennent à un accord incluant la démilitarisation du Hezbollah, le déploiement de l'armée su Sud et le retour des deux soldats israéliens. Probabilité : 25%
Là mon p'tit WIL, complètement raté. C'était plutôt une manière de proner l'espoir qu'une vraie analyse.
Scénario 7 : L'opération s'arrête au bout de quelques jours : l'ONU envoie des forces d'interposition qui se font tirer dessus des deux côtés, mais qui évitent une escalade du conflit. Probabilité : 30% (c'est ma préférée, donc je gonfle la probabilité)
Peut-on considérer que c'est ce qui s'est passé ? Je parlais de quelques jours, aussi pour me rassurer, en fait la guerre a duré un peu plus d'un mois. A vot' bon coeur, m'ssieurs dames.
Scénario 8 : Le Hezbollah conquiert Israël et massacre tous ses habitants. Probabilité : 0%
Alors là, bravo ! Quel nez ! J'ai tout bon.
Scénario 9 : Embrasement général avec l'Iran qui teste ses nouveaux missiles sur Tel Aviv et les Américains qui entre dans Téhéran. Probabilité : Je ne veux même pas y penser %
Moi non plus.
Scénario 10 : James Bond révèle qu'en fait, c'était le SPECTRE qui avait provoqué la guerre, notamment en lançant de missiles sur Haïfa. 007 nous fait bien rire en commentant en écossais : "Pensez-vous réellement que le Hezbollah saurait utiliser des drones ou des missiles ?". Probabilité : 15%
Non plus, mais on a eu un autre Ecossais qui nous a bien fait rire, le toujours primesautier George Galloway , aka le Chavez highlander ou Braveheart !

Et maintenant, quels scénarios ? Je pense que la grande inconnue reste le peuple libanais, et sa vision de l'avenir. On connaît celle de l'Iran, de la Syrie, du Hezbollah et d'Israël, mais on ne connaît toujours pas ce que veulent LES Libanais : paix dans la région ou guerre à outrance avec l'ennemi sioniste ? Les deux vont être difficilement conciliables dans l'avenir et ce ne sont pas quelques chars Leclerc, même puissamment équipés, qui pourront décider du cap du Liban. Quand je me rappelle les océans de drapeaux sur la place des Martyrs à Beyrouth l'an dernier, j'ai du mal à reconnaître le pays. Je crois que celui-là me manque.

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05 septembre 2006

Pro-verbe

Il existe un indicateur très fiable sur ce blog : quand les trolls s'agitent dans les commentaires ci-dessous, c'est que la situation se réchauffe. Cet adage n'a jamais été pris en défaut. Alors que hier on pouvait penser que les choses s'amélioraient, avec l'arrivée de l'avion de Qatar Airways, les nouvelles de la FINUL Bi-Fluorée ou les déclarations d'Annan, aujourd'hui, (les trolls reviennent), un attentat tue deux militaires libanais, Israël s'impatientent de ne pas récupérer ses deux soldats comme mentionné dans la 1701, Fneich du Hezbollah exige la libération des Libanais par l'entité sioniste et refuse bien sûr de lâcher les armes, Aoun sent le coup d'Etat et Gemayel lui tombe dessus ainsi qu'à Lahoud, ce qui montre une fois de plus les difficultés du camp "chrétien" à trouver une voie commune. J'en passe et des meilleures, mais je sens que la saison des trolls va reprendre, tels les oiseaux de mauvais augure.

Et puis il y a la vie quotidienne au Liban, qui doit reprendre malgré les bombes. Chacun pense à ses proches, ne sait pas trop comment faire pour les aider, si ce n'est de les exfiltrer vers un pays plus calme. Le traumatisme de la guerre mérité bien d'être soigné par un peu de repos, on pense aux enfants dont les vacances ont été gâchées par la fureur des hommes et on se prend à espérer qu'ils ne commettront pas les mêmes conneries.

Et on tombe sur cet article de L'orient le jour, "le quotidien de la bourgeoisie chrétienne francophone" affirment les sots, sur les horreurs de la guerre :

Les convictions religieuses protègent les enfants contre les traumatismes de la guerre, assurent des thérapeutes, et les familles liées au Hezbollah semblent avoir mieux résisté à la récente offensive d’Israël au Liban. C’est ce que montre le reportage de Roula Kabbara, de l’AFP. [...]

Mais la force morale des parents et l’admiration qu’inspirent aux familles les chefs du parti de Dieu sont de puissants palliatifs, assurent les spécialistes.« Hassan Nasrallah a accompli l’essentiel du travail de soutien psychologique durant la guerre », explique en souriant la psychologue Ola Ataya. « Maintenant, c’est à nous d’agir », assure la jeune femme qui coordonne le travail de l’association Samidoun, un groupe laïc de secours psycho-social qui compte 44 volontaires.Cette jeune femme, qui a travaillé dans des centres de déplacés à Beyrouth, reconnaît avoir été frappée par « la sérénité émanant des familles chiites animées par l’idée du sacrifice chère au Hezbollah ».[...]

« la foi dans la victoire contre un ennemi offre aux sympathisants du Hezbollah une équanimité face aux malheurs et cette attitude procure à leurs enfants un sentiment de protection ».

On va être reparti pour toute une génération de petits chahids, que le Hezbollah a cueilli au berceau, et qu'il ne relâchera qu'à la mort, qu'ils accueilleront le sourire aux lèvres. Comment être optimiste si on en a encore pour des décennies avant de pouvoir se débarrasser de ce fléau qu'est le Hezbollah ? Je peux gérer mes trolls de blogs sans problème, mais le Liban arrivera-t-il à surmonter les siens, bien plus dangereux et insidieux puisqu'ils planifient leur oeuvre sur des générations ?

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04 septembre 2006

Ego

Alors le principal problème du blocus israélien serait qu'il est "humiliant" pour les Libanais ? Pourquoi, dans cette zone de conflits, faut-il ramener toujours les enjeux à des considérations d'ego, comme "la fierté" ou "l'humiliation" ? Le problème de ce blocus, c'est qu'il va rendre la vie plus difficiles pour les Libanais, dont le pays ne se portait pas bien avant juillet 2006 contrairement à la légende, et dont les conditions de vie ne se sont évidemment pas améliorées depuis. Evidemment, les habitants du Liban sont en partie responsables de ce qu'il leur arrive, en ayant laissé pourrir la situation, mais ce blocus, même si on comprend son objectif pour Israël, risque de détériorer la situation interne : combien de révoltes ou de révolutions sont déclenchées quand les ventres crient famine ? On n'en est pas encore là au Liban, mais quelques habiles fomenteurs, comme le général Aoun, saurait sûrement tirer parti d'une grogne générale pour "accomplir son destin".

Je ne comprends toujours pas en quoi le malheur arabe est plus fort que celui de l'Afrique. Je ne saisis pas pourquoi le peuple arabe a plus souffert que le peuple juif. Je n'arrive pas à intégrer dans quelle mesure les Arabes sont plus humiliés que quiconque. Hier soir, M6 nous a gratifié d'un reportage sur la guerre où ses équipes ont pu suivre des soldats israéliens et des Libanais dans leurs occupations respectives. Quelle image les Libanais ont pu donner en ne parlant que de représailles et de vengeance mais en restant pour la plupart les bras croisés ! Personne n'attendait que le Liban éprouve de la reconnaissance pour Israël, mais la guerre était libanaise par procuration. Où étaient les files de jeunes attendant de s'inscrire au Hezbollah ou à l'armée libanaise pour combattre leur agresseur ? Si Israël est l'ennemi, il faut le combattre, pas laisser une milice terroriste le faire à sa place. Ou alors accepter les conséquences pour le pays, mais franchement, tous ces gens qui hurlent leur amour du Hezbollah, leur "résistance" sont-ils prêts pour ce que fera le parti de dieu au Liban en cas de prise de pouvoir ? J'en doute.

Du côté israélien, dans le même reportage, on se sentait mal à l'aise, avec de jeunes soldats qui parlait de cette guerre comme d'un travail, indispensable car pour eux les enjeux étaient clairs : vaincre ou disparaître. Les jeunes Libanais ont-ils compris aussi que dans ce conflit, le Liban tel qu'ils le connaissent risque de disparaître au profit de la conception fort peu démocratique du Hezbollah ?

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02 septembre 2006

Supplément à WIL du week-end



Comme c'est
le week-end, et que la situation est rela

tivement calme, profitons-en pour rire un peu avec ces deux dessins de Charb que j'ai encore volé à Charlie-Hebdo, hebdomadaire dont je suis de plus en plus heureux d'être le lecteur fidèle depuis des années devant les excellents articles qu'on y trouve, notamment sur le Liban. Donc rions un peu, voilà c'est fait.

Maintenant, pour pleurer, mon conseil bande dessinée du jour : il s'agit d'un album du dessinateur britannique Raymond Briggs, "Ethel & Ernst", qui a fait un triomphe en Angleterre, et serait épuisé dans sa version française, mais vous avez sûrement, comme moi, une excellente bibliothèque près de chez vous qui vous permettra d'avoir accès à la culture pour pas cher. "Ethel & Ernst" raconte la vie des parents du dessinateur et, comme pour "Persépolis" de Marjan Satrapi, je rembourse ceux qui regrettent leur achat. (Les observateurs remarqueront que j'ai racheté un scanner).

C'est bien de temps en temps un post sur du positif, non ?

Pour les autres, les sarcasmes et les commentaires cyniques reviendront sûrement lundi.

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01 septembre 2006

Encore plus fort : des photos de Dieu


...donné (suite mais pas fin, y'en aura d'autres visiblement)

Bien qu'exténué d'avoir accompli tant de miracles (car Il a rendu la vue à un sourd et transformé Israël en nation de buveurs de sang), Notre Berger des âmes a pris le temps de rencontrer le président du Liban mais pas tellement. Il lui a fait part de son destin : tu seras remplacé par le seul qui puisse te succéder pour mener la Croisade : Michel Aoun le très vertueux (voir post précédent sur sa Sublissime Humilité). Le Grand Chambellan Meyssan a ensuite accepté de converser avec le président afin de le mettre en garde contre les dangers qui le guettent, notamment un tennis elbow et il faut faire gaffe à l'eau de l'ATCL parce que c'est desfois c'est trop chloré à cause des sionistes qui viennent s'y repaître la nuit et transmettent des maladies.

Le Très Pieux a ensuite été visiter les hordes du Juste Combat, et a

a même touché leur drapeau afin de le bénir par son Saint Contact. Notre Très Vénéré ne dédaigne pas à l'occasion laisser quelques reliques aux âmes simples, et on raconte que le drapeau a pleuré quand Notre Puissant Roi des Rois a pris congé !!

Enfin, le Cadeau de Dieu a été touché par un petit homme à l'air chafouin se prétendant président du Vénézuela. Cet épisode fâcheux a été rapporté par la presse sioniste, mais pour montrer Sa bonté, Notre Prince des Villes a accepté de figurer sous le portrait des plus nobles combattants de la plus noble des causes :

le Père, le Fils et les simples d'esprit. Gloire à Notre Prophète ! Sa Sainte Parole peut être trouvé ici ! Maudits soient ses détracteurs, qui ne sont que des bâtards dont la mère a couché avec le juif d'Amérique, celui à qui nos guerriers trois fois bénis vont niquer sa race ! Halléluia pour Notre Ambassadeur des opprimés que les médias fascistes boycottent ! Gloire à toi, Dieudonné et à tes chambellans, qui ont su montrer le complot que la juiverie franc-maçonne fomente avec les gnomes de Bruxelles ! Zyva Mon Frère, on Te suivra jusqu'en enfer !

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Attention, une partie de ce post est à prendre au second degré

Pendant que sur les blogs libanais, la dernière mode consiste à s'échanger des photos de Merkavas détruits dans le Sud, je m'interroge sur la patriotisme des uns et des autres. En Israël, le service national c'est trois ans pour les garçons, et un peu moins pour les filles. Au Liban, c'est wasta (piston) si possible et rien pour les filles. Dans un pays où le sport national de la jeunesse revient à éviter le service militaire, comment comprendre que ces mêmes jeunes se réjouissent des victoires du Hezbollah ? Quand on ne fait pas son service (si, si, moi je l'ai fait, je vous rassure), c'est qu'on est contre les armes et la guerre, non ? Ce n'est pas parce qu'on pense qu'on est trop bien pour donner quelques mois de sa vie à son pays ?

Après cette saillie un peu réac, j'en conviens, je continue dans la même direction en voyant mon candidat aux présidentielles 2007 se profiler à l'horizon. L'Orient-le Jour, que certains appellent, comme des ânes, le "quotidien de la bourgeoisie chrétienne libanaise" :

Le président de l’UMP, Nicolas Sarkozy, a affirmé, dans une interview au Figaro Magazine daté du 2 septembre, que le Hezbollah est un mouvement « terroriste ».« L’attitude qui consiste à envoyer des roquettes sur le nord d’Israël sans se demander sur qui vont tomber ces roquettes est une opération terroriste », a-t-il déclaré. « Accepter d’être financé par l’Iran dont on sait ce que disent ses dirigeants revient à se situer dans le camp des terroristes », ajoute-t-il.Selon lui, « le droit à la sécurité pour Israël est un droit sur lequel on ne peut pas transiger ». « Israël est une démocratie. Israël est né dans les conditions que l’on sait. C’est une responsabilité essentielle pour tous les pays libres d’assurer sa survie », a-t-il affirmé. Et de poursuivre : « Est-ce que, pour autant, je considère que le gouvernement israélien a eu en se défendant, je dis bien en se défendant, la réponse appropriée ? Je n’en suis pas sûr. J’ajoute que si je suis l’ami d’Israël, je suis aussi celui du Liban, qui doit devenir un pays véritablement souverain. »

Hé ben zut alors, tu me l'enlèves de la bouche. Je suis plus qu'étonné, parce que je pensais qu'en bon politique, Sarkozy arriverait à rester à équidistance de tous les problèmes du Moyen-Orient. On me fera remarquer qu'il cherche le vote juif ; je répondrai que ça n'existe pas, et que les juifs votent à peu près partout, même à l'extrême-droite. Et puis, dans la balance, 800 000 juifs ou 6 fois plus de musulmans, ce n'est pas équilibré. Se pourrait-il que Sarkozy ait parlé par conviction ?

Celui qui en manque, de conviction, c'est Aoun, qui menace et tempête contre Saniora. Je fais ici mon Mea Culpa : quand il est revenu au Liban, ses propos étaient encourageants. Comme beaucoup de Libanais, j'ai pensé qu'il ramenait la modernité dans ses valises, malgré l'avis de mes proches qui me soutenaient qu'il était fou. Que d'engueulades pour prendre la défense de ce qui me semblait le dernier espoir du pays ! Et puis il a commencé à flirter avec le Hezbollah, et j'ai fini par comprendre. A voir l'attitude du vieux mégalo aujourd'hui, qui fait passer ses ambitions de politique intérieure avant le bien-être du pays, je me sens stupide d'avoir soutenu un homme comme ça.

Donc la prochaine fois, je ne me tromperai pas, ce sera Sarkozy (relisez le titre).

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