27 juin 2006

Le dernier post sur la politique libanaise

Pas facile de recommencer à bloguer, la situation au Liban n'est pas vraiment une inspiration pour l'intelligence. Le récent scandale ? Emile Lahoud, président du Liban reconduit par la Syrie, n'a pas été convié au sommet de la francophonie qui se tiendra en Roumanie. Chacun au Liban y voit la main de la France, ce qui paraît plutôt logique, mais les commentaires que l'on peut entendre montre le fossé qui sépare l'Europe et le Moyen-Orient. Car certains murmurent que si Lahoud n'est pas invité, alors que Fouad Siniora, le premier ministre, est convié, c'est parce que la France "lâche les maronites pour les sunnites".

(soupir)

Tout dans ce pays, par ailleurs charmant et plein d'intérêts pour l'Occidental en exil, s'explique au final par l'appartenance religieuse qui définit quasiment un destin du berceau (baptême) à la mort (saints sacrements) en passant par les grandes étapes comme le mariage. En France, nous n'avons pas cette vision. J'en suis très, très heureux, ce qui ne veut pas dire que je cherche à l'imposer aux autres. Il n'empêche que séparer la religion du politique, considérer que nos hommes politiques ne participent pas du domaine divin, et que l'ont peut postuler aux principaux postes de responsabilité de la France sans considération de croyances, c'est une très bonne chose. Notre République n'est pas parfaite, seulement 13% de femmes à l'Assemblée Nationale et une surreprésentation d'hommes blancs dans les principaux secteurs de décision, c'est médiocre, je vous l'accorde. La France a encore beaucoup à faire, et ne peut pas servir de modèle. Elle pourrait en revanche constituer un exemple, et on peut toujours considérer qu'elle engrange des réussites, comme elle possède des défauts. Au final, c'est un pays où il existe des tabous (le service public, notamment), mais où la liberté d'expression n'est pas polluée par des considérations claniques.

Alors la France qui "lâche les maronites pour les sunnites", c'est bien sûr faux, parfaitement idiot, mais aussi ça montre l'incompréhension totale qui existe entre nos deux civilisations. Un Libanais qui reste dix ans à Paris ne sera jamais laïc, un Français résidant dix ans au Liban n'ira jamais à l'Eglise. Faut-il s'en désoler ? C'est en tout cas une preuve de plus que la mondialisation tant redoutée n'a que peu d'influence, et que les Libanais achètent des 4X4 et des portables comme dans les films hollywoodiens, mais qu'ils savent conserver leurs traditions (parfois de façon splendide, comme lors du mariage de Madame, qui restera dans les annales comme les noces réussies entre l'Orient et l'Occident, dans tous les sens du terme).

Au final, devant mon incompréhension de ce phénomène qui conduit à voir la main des dieux partout (et devant les trolls que je reçois parfois dans mes comments), je pense qu'il vaut mieux que je m'abstienne à l'avenir d'évoquer la situation politique du pays. Les Libanais ne seront de toute façon jamais d'accord, et argumenteront sans fin, et je crois que les autres s'en foutent. Le Liban intéresse peu de monde, ce qui est dommage, mais en même temps la seule chose sur laquelle tous les Libanais s'entendent, c'est qu'ils n'ont besoin et ne veulent l'aide de personne, voulant nouer des relations d'égal à égal avec les autres pays, et non pas des liens de dominant-dominé. C'est une lapalissade, mais pour créer des liens entre égaux, il faut l'être, égal. Et le Liban demeure le pays le plus fragile de la région, malgré les rodomontades du Hezbollah et les déclarations fracassantes des hommes politiques qui sont prêts à écraser militairement tous les voisins, celui de l'est comme celui du sud, et plus s'il le faut.

C'est difficile de voir quelque chose que l'on aime se détruire petit à petit. Mais quand on n'y peut rien, il vaut mieux passer à autre chose. J'ai envie de souhaiter bon courage au Liban, qui le mérite, mais qui refuse le vieux proverbe "aide-toi, le ciel t'aidera". Ici, le ciel est divisé en clans, et chacun soupçonne l'autre de vouloir lui cacher son soleil.

Pendant ce temps, Beyrouth devient la 32ème ville la plus chère du monde, et les voitures continuent d'arborer avec fougue leurs oriflammes du ballon rond. Et Chirac, après sa prestation surréaliste d'hier soir à la télé, se demande s'il ne devrait pas lâcher les Libanais, sans considération de religion aucune, mais parce qu'il en a un peu marre.

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20 juin 2006

Les Ricains et nous

Le Pew Global Attitudes Project paraît chaque année, et permet de connaître les tendances des opinions publiques d'une dizaine de pays concernant quelques enjeux mondiaux. Certains résultats sont peu surprenants, notamment concernant la France qui perd des points de popularité après les émeutes des banlieues et les grèves des étudiants, ou une tendance à avoir deux fois plus confiance en Blair aux Etats-Unis qu'en Chirac. D'autres chiffres en revanche sont plutôt inattendus : les Nigérians pensent à 72% que les efforts pour établir la démocratie en Irak seront couronnés de succès quand 64% des Turcs pensent le contraire. Les Français seraient 76% à estimer que "la guerre en Irak pour retirer Saddam" (sic) a rendu le monde plus dangereux, opinion partagée par 74% de Jordaniens, 70% deTurcs ou encore 66% d'Allemands. Les Français répartissent leurs sympathies à égale mesure entre les Israéliens et Palestiniens (38-38, le partage de Salomon) quand les Egyptiens préfèrent à 2% les Hébreux (où sont-ils aller chercher ces petits provocateurs) contre 97 et que les Britanniques, curieusement, préfèrent les P. à 29% contre les I. à 24.

Enfin, chacun n'a pas la même perception des dangers que représente le réchauffement climatique, comme l'indique le tableau suivant :

Visiblement, l'avenir de la planète concerne chacun de manière assez disparate. J'aurais aimé lire les chiffres concernant le Liban, mais l'ex-pays des Cèdres n'a pas été interrogé sur ce problème, ni sur les autres d'ailleurs.

Le plus intéressant indicateur de ce sondage reste bien entendu l'opinion publique mondiale face au phénomène "Etats-Unis". Je dis phénomène, et pas pays, parce qu'on a tendance à bien souvent confondre les images que les USA renvoient avec la réalité plus complexe. Les Turcs seraient une petite minorité de 12% à apprécier Uncle Sam, presque le double chez les Espagnols avec 23%, encore un effort avec les Allemands qui montent à 37% d'opinions favorables, légérement battus par les Français avec deux petits points de plus : 39% des Français ont une opinion favorable des Etats-Unis !

39% seulement. Ce chiffre ne m'étonne pas, mais je n'arrive pas à comprendre qu'un pays auquel la France est alliée depuis toujours obtienne une si mauvaise cote d'amour. Bush est apprécié par 15% des Français, ce qui ne veut rien dire puisque Chirac obtient 56% de votes favorabes dans l'opinion publique française (rappelons qu'il est censé plafonner en ce moment autour de 25% selon les médias français), et que donc ce sondage est à prendre avec précaution. Mais en gros, à peu près un Français sur trois verrait les Etats-Unis d'un bon oeil, même si plus tard on apprend qu'il serait deux sur trois à apprécier les Américains (?).

J'aurais beaucoup apprécié un sondage sur la façon dont les Français connaissent les Etats-Unis. Pour la plupart, c'est à travers les films, les séries télé, la musique (y compris celle de Johnny Hallyday), donc principalement par les représentations culturelles, qui n'ont pas grand chose à voir avec la réalité. Mais comme l'image américaine est prédominante dans nos médias, même si l'industrie audiovisuelle française se porte plutôt mieux qu'ailleurs, chacun est persuadé de connaître l'Amérique. Mais qu'est ce que l'Amérique ? Le pays de George W. Bush, ou celui de Michael Moore ? La fédération des fanatiques religieux anti Darwin, ou la Californie de toutes les modernités ? L'Amérique qui a attaqué l'Irak pour des raisons franchement mystérieuses, ou celle qui a libéré le vieux continent en 1944 ? Les Etats-Unis du McDonald's ou ceux de Tom Wolfe. Complexe. Au final, les Français préfèrent peut-être prétendre ne pas apprécier un pays qu'ils envient, et qu'ils aiment défier pour se faire entendre dans un monde qui les ignore de plus en plus, toujours selon le même sondage.

Heureusement, le pourcentage d'opinions favorables par rapport à la France est passé en un an de 71 à 59 chez les Britanniques. Et ça, c'est une bonne nouvelle.

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18 juin 2006

Communiqué

Concernant la polémique suscitée par mon blog du 15 juin 2006 au sujet de
mon différend avec l'écrivain et avocat A.Najjar , je tiens à préciser
,que cet incident est définitivement clos.Je reconnais avoir eu des propos
déplacés , gratuits et injustes à son égard et m'en excuse sincèrement après de
lui. Najjar tient d'ailleurs à remercier les internautes qui,
sans le connaître, ont pris sa défense dans cette "joute", notamment Ray,
Levantine et Adeline.

Merci de ne pas commenter ce post. Les commentaires seront effacés par le webmaster.

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17 juin 2006

Tiens au fait

Si le réseau du "Mossad" a été arrêté dans le Sud, région contrôlée par le Hezbollah depuis le départ de l'armée israélienne, alors de deux choses l'une :
  • Le Hezbollah n'est pas si efficace que cela en matière de sécurité, puisqu'il laisse des réseaux espions proliférer sur son territoire.
  • Le Hezbollah était peut-être au courant de l'existence de ce réseau et l'a laissé faire, ce qui veut dire qu'il y a intelligence avec l'ennemi.

Vous voyez une autre solution ? Joshua Landis, le plus grand expert en Moyen-Orient depuis Britney Spears a son idée sur le Grand Complot contre la Syrie. Comme toujours.
Bravo professeur Landis.

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16 juin 2006

Mondialisation : problèmes et opportunités

L'avantage de ce blog, c'est qu'il peut potentiellement être lu dans le monde entier, par Sylvie en Polynésie, jusqu'à la fameuse ville de Lowell dans le Massachusetts. L'inconvénient, c'est que découlant de cette possibilité géographique, il ne sera pas perçu de la même façon en fonction des cultures qu'il touche. J'ai déjà dit qu'un blog, c'est tout petit, c'est juste un espace de liberté pour celui qui l'anime (bien que visiblement, certains réfutent cette minuscule liberté d'expression), mais ça peut informer de manière détournée, et je lis beaucoup de blogs parce qu'ils me permettent d'avoir, en plus des informations officielles des médias établis, la température d'un pays ou d'une culture.
Ici, j'ai des lecteurs qui connaissent très bien le Liban, parfois mieux que moi, d'autres qui savent très bien ce que c'est que la France, et quelques-uns qui s'intéressent aux Etats-Unis, les trois pays où j'ai longuement séjourné et dont je parle fréquemment. Mais en fonction de ce que je vais dire sur l'un de ces trois champions, les réactions vont être très différentes, et je ne serai pas compris de la même manière. C'est l'inconvénient de la mondialisation, les cultures sont projetées les unes dans les autres sans précaution.
Ainsi, aujourd'hui, j'ai envie de dire du bien de Samir Geagea pour les propos qu'il a tenu à propos du Hezbollah, en arguant qu'il "devrait remettre son arsenal à l’État et se transformer en force de réservistes à la disposition de l’armée, laquelle devrait enfin pouvoir se déployer au Liban-Sud. " et aussi en plaidant pour "la restitution du monopole de la violence légitime à l’État".
Pour des lecteurs français, je parle juste d'un chef de guerre libanais, certains savent qu'il s'agit du leader des Forces Libanaises, et il s'agit donc d'une opinion, une de plus, concernant les activistes barbus. Mais pour les Libanais, j'ai peur que l'interprétation soit que je me positionne politiquement par rapport à Geagea, pour lequel pourtant jusqu'à présent j'éprouvais plus de la suspicion que de l'admiration. Les Libanais (je dis ça pour les Français) sotn très politisés, ce qui pour moi est une qualité chez un peuple, mais la lutte politique prend parfois des aspects guerriers. Dire du bien de Geagea peut être vu comme une allégeance, tout comme, en France trouver intéressantes les propositions de Ségolène Royal sur la délinquance me classerait tout de suite en supporter PS. Au final, les peuples politisés comme les Français et les Libanais ont tendance à juger vite les discours et les assimiler à des prises de position. Aussi, j'essaie de faire attention à ce que je dis, en essayant de conserver le contexte, et pour éviter d'être mal compris.
C'est clair ? Non.
Je résume. J'ai apprécié ce qu'a dit Samir Geagea. Je ne peux pas voter pour lui. Je ne voterais pas pour lui. Mais je trouve bien ce qu'il dit et je le dis. Suis-je pour autant un suppôt FL ?
Déjà que l'Europe c'est pas gagné, alors la mondialisation culturelle...

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14 juin 2006

A tribute to the Lebanese Army

Mes amis, revenons à la dure réalité de la vie au Liban après ces petits passages culturels. Comme vous le savez, l'armée libanaise, et je dis cela avec tout l'amour et le respect que l'on doit éprouver pour cette noble institution, ne représente pas un risque majeur en cas d'affrontement militaire avec Israël, d'aucuns murmurent même du côté de nos voisins du Sud qu'en cas de conflit avec le Liban, Tsahal déléguera son orchestre pour se battre, victoire assurée. Toutefois, et avant de se moquer de l'armée qui a déjà fort à faire pour montrer son utilité par rapport au Hezb, l'appel d'offres pour choisir l'une des deux formations devant s'achever bientôt, on a parfois des surprises concernant l'efficacité de nos bidasses. J'en veux pour preuve l'article de "L'Orient le jour" d'aujourd'hui et intitulé "Le réseau terroriste démantelé se fournissait auprès d’Israël" :

L’armée a présenté hier le matériel de communication et d’espionnage
sophistiqué, en provenance d’Israël, retrouvé en majorité dans la cave du
domicile de Mahmoud Rafeh à Hasbaya. Selon l’enquête des services de
renseignements de l’armée, Rafeh faisait partie d’un réseau travaillant
depuis plusieurs années pour le Mossad et qui avait exécuté pour le compte
d’Israël l’attentat contre les frères Majzoub à Saïda en mai dernier, ainsi
que d’autres assassinats qui avaient eu pour cibles deux responsables du
Hezbollah ainsi que Jihad Ahmad Gibril.

Les membres de ce réseau terroriste avaient effectué des stages de formation en Israël et avaient été recrutés pour l’exécution d’opérations et non pour la collecte d’informations. Ils recevaient leur matériel de l’État hébreu par voie terrestre via des points de passage situés dans l’ex-bande frontalière entre Chebaa et
Kfarkila.

Vous saisissez l'extraordinaire efficacité de l'armée libanaise ? En trois coups de cuillères à pot, démantèlement d'un réseau terroriste, établissement de ses liens avec le Mossad, découverte de ses précédents agissements, preuves irréfutables de leur entraînement en Israël et même mise à jour de leur réseau de communication ! Combien d'armées au monde peuvent se targuer d'une telle efficacité ! Il faut peut-être préciser que ceux qui ont effectué l'enquête ont été aidé par le manque de professionnalisme notoire des services de renseignement israéliens à opposer à la grande compétence des enquêteurs locaux, souvenons-nous notamment qu'ils avaient réussi à trouver avec la plus grande célérité qui avait assassiné Rafic Hariri, Gebran Tuéni et Samir Kassir pour ne citer qu'eux.

Bref , encore une réussite à mettre au compte de nos Sherlocks libanais ! Bravo, mes amis mais courage, il reste encore beaucoup de complots ourdis par ces malfaisants juifs à mettre au jour !

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12 juin 2006

Le meilleur bouquin sur le Moyen-Orient ?

Il y a quinze ans, j'ai commencé à lire Dune. Je reste persuadé que ce roman, et ses suites, restent la meilleure clé pour comprendre la région, et visiblement je ne suis pas le seul.
Vos commentaires sont les bienvenus.

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11 juin 2006

Les beaux jours reviennent




Et avec eux les compétitions sportives qui permettent à chacun de se rappeler que l'homme descend bien du singe, un singe farouchement attaché à sa caverne et qui entend le faire savoir. Cet après-midi, merveille, on avait droit à du ballon rond ou à de la petite baballe jaune, déprime garantie surtout qu'il ne fait pas encore très chaud au Liban. Un Breton se ruerait dans l'eau tiède, mais je préfère attendre encore un peu, on se ramollit vite dans ce pays de douceurs. Heureusement, Internet permet encore de s'amuser ou de se cultiver à peu de frais. Après le journal du remplaçant, dont j'ai déjà parlé, deux autres blogs-bande-dessinée : le premier, le journal de Frantico, relate les aventures d'un apprenti dessinateur taraudé par sa libido et anxieux d'accomplir son destin malgré sa mauvaise conscience vélléitaire. C'est très drôle, et ça se lit d'une traite, dommage que ce soit fini maintenant que l'auteur a une vie sexuelle épanouie et qu'il est publié sur papier. Le deuxième blog qui m'a retenu pendant des heures conte les aventures d'un lutin, petit pervers polymorphe dessiné à la manière d'un enfant de cinq ans mais avec les capacités d'observation d'un adulte. Si vous avez aimé le petit Nicolas et que vous n'avez pas honte de rire en entendant des gros mots, cure de lutin à conseiller.

Tiens, pendant qu'on y est, les stakhanovistes de la bande dessinée méritent aussi le détour, leur production forcenée donnant souvent lieu à du mauvais, mais aussi du très bon. Et puis n'oubliez pas celui qui fait presque figure de grand-père de la bande dessinée, Lewis Trondheim, qui nous donne dans sa grande bonté une page presque par jour. Et puis Boulet reste un blog incontournable, d'autant qu'il recense nombre d'autres sites relatifs à la BD qui pourront faire votre bonheur.

Bon, avec tout ça, on devrait pouvoir s'occuper pendant quelques tours de f o o t b a l l. Avec un peu de chance, la France se fait sortir, le t o u r de France est annulé, et Edouard Baer présente des émissions tout l'été à la télé.

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10 juin 2006

Pourquoi ça va jamais marcher


Observez attentivement cette photo prise Place des Martyrs avec mon téléphone donc pas de grande qualité. Est-ce qu'il n'y a pas quelque chose qui vous choque ? Oui, sur la voiture. En pleine coupe du monde, ce gros 4X4 malodorant exhibe deux drapeaux, un brésilien, un français. De deux choses l'une : ou bien, considérant que le football est une autre expression de la politique ou de la guerre, ce mec essaie de proposer une alternative qui consiste à soutenir tout le monde de façon équitable, façon "We are the World", mais vu qu'il conduit un gros SUV Béhème ça m'étonnerait qu'il se préoccupe du reste du monde ; ou bien, en bon Libanais, ils misent sur le maximum de gens pour choisir au final le vainqueur, celui vers qui il se ralliera, style pendant la guerre, on demande à la Syrie ET à Israël de venir nous aider, et on se débrouillera après.
Vous pouvez me dire aussi que peut-être cet homme aime les deux équipes nationales et il n'arrive pas à se décider, mais là, vous êtes de mauvaise foi.

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09 juin 2006

Enfin un post sur l'état de la morale dans ce pays


La couverture du magazine à votre droite peut surprendre quand on pense que le Liban est le fief du Hezbollah. Pourtant, les moeurs peuvent être légères dans ce pays, et il est maintenant possible d'acquérir des magazines comme "Playboy" dans les magasins de journaux, bien que seuls les fidèles soient concernés car il faut deviner, derrière la cellophane noir protégeant les âmes sensibles du contenu du précieux journal pour adultes, l'identité de la jeune fille qui va y montrer son cul.

Time Out nous apprend donc dans son numéro de juin qu'il y a de sacrés lurons au Liban, pratiquant finalement toutes les dépravations de l'Occident, le tout dans un anglais très perfide Albion, puisqu'il utilise le mot "shag", qui m'a toujours bien fait rire tant il exprime bien les relations curieuses entre nos voisins prisonniers de leur île britannique et le s e x e.

Le Liban reste décidément une exception dans les pays arabes. Même si les barbus aimeraient le mettre au pas, ce pays continue de réclamer sa liberté et d'affirmer sa différence. Les boutiques affriolantes sont légion dans un pays où les touristes viennent pourtant avec leurs épouses convenablement voilées. Mais il est courant pour ces messieurs des pays du Golfe de s'offusquer devant la liberté de moeurs pratiquée par les Libanais, tout en en profitant largement, surtout en été. Hypocrisie masculine accentuée par une montée en puissance des fondamentalismes religieux dans le monde, chez les chrétiens comme chez les musulmans.

Après les émeutes qui ont suivi l'émission satirique Basmat Watan, j'ai bon espoir que le Hezbollah va mettre un peu d'ordre chez ces dépravés de Libanais en instituant une police des moeurs chargée d'interdire le genre de publications dégoutantes que représente Time Out. Problème : si le Liban devient pur, où iront le sayyed et sa bande pour prendre un verre après la mosquée ?

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08 juin 2006

In the Ghetto

La très Beyrouth-sur-Seine journaliste Mouna Naïm propose un reportage sur les ghettos palestiniens du Liban dans "Le Monde", qui n'ont rien à envier aux ghettos juifs d'autrefois. On y apprend nombre de choses intéressantes, notamment le cosmopolitisme des camps palestiniens :

D'après les estimations de l'UNRWA, entre 12 000 et 13 000 personnes - dont un tiers de miséreux non palestiniens, Egyptiens, Soudanais, Syriens, Kurdes - habitent actuellement dans le camp de Chatila.

La solidarité interarabe, dont certains leaders libanais ne cessent de se justifier, n'est visiblement pas appliquée dans les camps qui restent dans un état d'éternel provisoire :

En 1949, après la création d'Israël, l'Etat libanais a fait don aux réfugiés de terrains sur lesquels ont été dressés douze camps de réfugiés répartis entre Beyrouth, le nord, le sud et l'est du pays. Officiellement, la construction y est interdite, mais l'interdiction n'est pas appliquée. [...] Alors qu'elle l'a obtenue pour d'autres camps palestiniens du pays du Cèdre, l'UNRWA, qui assure dans la mesure de ses maigres possibilités les services sociaux et d'infrastructure, n'a jamais eu l'autorisation des autorités libanaises pour faire les travaux de réfection nécessaires dans les cinq camps de la périphérie de Beyrouth. Le Liban n'a fourni aucune explication à son attitude et l'UNRWA, étant une agence apolitique, ne pouvait protester.

Tout est fait pour que les Palestiniens demeurent dans l'inconfort, afin de les pousser à réclamer leur Etat propre. Ainsi, ce que j'ignorais, de nombreux métiers au Liban sont interdits aux Palestiniens :

La médecine est l'un des 72 métiers interdits aux "frères" palestiniens au pays du Cèdre - sauf à travailler au noir, avec tous les risques que cela suppose. [...] Dans le cadre d'une soudaine empathie pour les réfugiés palestiniens, le ministre du travail, Trad Hamadé, a publié en juin 2005 un mémorandum limitant le nombre d'emplois interdits à une vingtaine - pratiquement toutes les professions libérales.

Plusieurs raisons à cette situation catastrophique. D'abord, la raison officielle, qui consiste à refuser que les Palestiniens s'installent ailleurs que "chez eux", en Palestine, en arguant du "droit au retour". Ensuite, si les 400000 Palestiniens étaient naturalisés au Liban, le déséquilibre confessionnel qui s'ensuivrait perturberait grandement les relations entre les communautés dans un système où un individu sera conditionné toute sa vie par son appartenance religieuse. Enfin, on peut prendre en compte le ressentiment d'une population libanaise qui a combattu les milices palestiniennes et derrière le discours politique de solidarité se méfie de ces camps de non-droit où les armes pullulent sans aucun contrôle. Les camps palestiniens, les ghettos comme les appelle très justement Mouna Naïm, restent des zones de non-droit où chacun attend... on ne sait plus quoi. Beaucoup de Palestiniens préféreraient d'ailleurs rester au Liban plutôt que de rentrer dans un pays avec lequel ils n'ont de liens que par le souvenir et où la situation est souvent pire que dans les camps. Pour d'autres, nés au Liban, la lutte pour la Palestine devient chaque jour moins importante devant les impératifs de la survie. Et pour beaucoup de Libanais, les camps de la honte sont un sujet que l'on n'aime pas évoquer, une anomalie que l'on s'efforce d'oublier, même si la poudrière que les ghettos palestiniens constituent pourraient d'un jour à l'autre se rappeler au bon souvenir du Moyen-Orient. Une fois de plus le petit Liban est dépassé par ses problèmes. Quand je pense que certains en Occident appellent encore aujourd'hui la guerre du Liban de 1975 à 1990 une "guerre civile", j'en reste sans voix. Cette guerre n'avait rien de civil, et vu la situation actuelle, on peut douter également qu'elle se soit achevée sur une quelconque solution libanaise.

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07 juin 2006

The Truth about Wang Laboratories


En France comme au Liban, mes voisins sont des connards de la pire espèce. Dans les deux cas, des familles nombreuses, je n'arrive pas à compter les enfants tellement ils s'agitent, dans les deux cas la mère reste au foyer à faire je ne sais quoi (ha si, en France du piano et au Liban, elle prie Jésus), dans les deux cas le mari se la pète parce qu'il gagne de l'argent et a une grosse voiture, bref, des connards. La dernière preuve du connarisme de mon voisin : cette nuit, il a trouvé le moyen de faire descendre par le concierge les gravats des travaux de son balcon en utilisant l'ascenseur à MINUIT. Il n'a même pas cherché à nier quand je lui suis tombé dessus, méthode du fourbe habituelle, il a fait son grand sourire de con qui fait ce qu'il veut quand il veut et pis c'est comme ça. Ce qu'il ne sait pas, c'est que j'ai l'intention de lui péter la gueule la veille de mon départ définitif du Liban, mais ça c'est pas pour demain.

Donc, mes voisins sont des cons, ce que chacun sait puisque personne n'aime ses voisins, surtout pas les Libanais qui détestent les leurs. Quelle ne fut ma surprise donc en voyant par la fenêtre de mon balcon (l'autre, pas celui qui a vue sur la mer...) un énorme drapeau français trôner sur le toit de l'immeuble d'en face. Au début, j'ai cru rêver, on n'est pas trop habitués à voir des hommages à la France dans un pays qui s'affirme pourtant francophone. Etre français au Liban, c'est pire que tout, ce n'est pas exotique vu qu'il y a plein de Libanais qui ont le passeport, ce n'est pas bienvenu style italien toujours heureux pourvu qu'il ait de l'amour et du vin, ce n'est pas détesté comme les Américains, c'est médiocre d'être français à l'étranger. Alors un énorme drapeau comme ça, qui claque fièrement au vent !
Et puis bien sûr j'ai compris que c'était pour la C o u p e du M o n d e de f o o t b a l l, et pendant deux secondes je me suis dit, ouais, enfin des supporters de la France, allez C i s s é, allez Z i d a n e !

J'ai eu peur. Se mette à soutenir ce jeu de milliardaires drogués qui provoquent l'hystérie des foules nationalistes, même pour deux secondes... Si les jeunes crachent sur les profs, c'est aussi parce qu'il rejette l'éducation qui ne sert à rien puisqu'ils peuvent gagner des millions comme leurs idoles de la S t a r A c' ou du sport le plus débile de la planète.

Alors ça m'a fait plaisir de lire cette bande dessinée, très bien faite, émouvante, et gratuite dans un monde où on va commencer à payer l'air et l'eau. C'est l'histoire d'un prof qui parle de son remplacement dans une classe difficile, et ça permet aussi de rappeler que toutes les saloperies qu'on raconte sur les fonctionnaires (ces fainéants que Villepin insulte en permanence et pas plus tard que le 12 mai dernier) ne concernent qu'une petite et triste minorité. Il reste des gens qui croient à leur vocation d'enseignement, et d'avance je les plains à l'approche du rendez-vous de tout ce que la mondialisation, le sport et la compétition à mort peuvent apporter d'immonde à la planète. J'espère donc de tout mon coeur que la France perdra le plus vite possible, quitte à ne plus avoir de drapeaux français en face de moi quand je travaille.

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06 juin 2006

Post franco-français

Chers amis francophones, la politique française à l'approche de l'élection présidentielle de 2007 ne lasse pas de me décevoir. Les thèmes abordés sont toujours les mêmes, les candidats aussi, à deux exceptions près, et évidemment les "nouveaux entrants" se font bizuter par les plus anciens qui feraient peut-être mieux de prendre leur retraite. Ainsi Jack (notez le côté anglo-saxon du prénom) Lang, infatigable politique branché, éternel ministre amer de la culture, chantre de la jeunitude de gauche contre les vieux réacs de la droite (notre bonhomme est convaincu que les gens de droite ne peuvent être que méchants, comme il le dit dans l'entretien "nous n'avons qu'un seul ennemi et qui n'est pas socialiste: la droite et Sarkozy". Tonnez canons !), Jack donc, donne une interview dans Libération où il a le culot de se plaindre que la campagne repose plus sur la communication que sur les idées. Ce brave garçon n'a aucune chance d'être élu, comme d'habitude, souvenons-nous de la campagne de Paris, mais il va quand même profiter de chaque micro, caméra ou dictaphone pour mine de rien se mettre en valeur et débiner les copains.

Ainsi, concernant Ségolène, le grand homme déclare "Je me félicite, à l'inverse, que Ségolène Royal ait épousé les idées lancées par Lionel Jospin et moi-même à l'Education nationale en 1992". Evidemment, une femme ne pouvait pas penser à ça toute seule, et Djack a tout compris depuis longtemps. Et ce n'est pas le genre à se vanter, car lui comprend qu'il faut savoir s'effacer devant la politique :

Depuis deux ans, les luttes internes au sein du PS accaparent notre énergie au détriment du travail collectif et de l'esprit d'équipe. La fantasia des ego bat son plein! Certains consacrent 80 % de leur activité à leur propagande personnelle.

Ce n'est pas le cas de Jackounet qui sait rester discret et ne saurait fréquenter les émissions télé people pour afficher sa chevelure bouclée et sa chevalière super ringarde. Bien sûr, Djaaack sait parler au public, mais visiblement je ne dois pas être assez éduqué, car j'ai du sortir mon dictionnaire quand il dit :

Nous sommes asphyxiés par les querelles pichrocolines entre les divas du parti.

Peut-être qu'à l'image de Villepin qui boxe dans la même catégorie, Djaaaccckkk se dit qu'il faut épater le péquenaud avec des grands mots qui le feront paraître lettré et cultivé, un peu la méthode Ardisson d'ailleurs, balancer des concepts avec un nom étranger (pitch entre autres) quand un mot français parfaitement adapté existe mais fait provincial.

notre texte manque de Weltanschauung, d'une vision du monde.

Visiblement votre Grâce, votre texte n'est pas le seul à manquer d'une Weltanschauung, voire d'une connaissance du monde tout simplement.

Sérieusement, vous connaissez des gens qui voteraient Lang ? Peut-être Karl Lang, mais Jack ?

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05 juin 2006

C h a k o M a k o ? Ktir cho be Lubnan !


Après avoir passé mon week-end à répéter comme un con "India very bad" chaque fois qu'on me posait une question à cause des mémoires d'Hadrien, je suis allé dans le Sud du Liban pour changer d'air et voir du pays. Bien m'en a pris car le Liban c'est une juxtaposition de cultures qui n'ont le plus souvent pas grand chose à voir les unes avec les autres. Comprenons-nous, il y a beaucoup de différence en France entre le Nord et le Sud, tout comme entre la côté Ouest américaine et sa rivale Atlantique, ou entre l'Ecosse et le pays de Galles. Mais au Liban, on passe d'une extrême à l'autre : Achrafieh, par exemple, et ses cortèges de minijupes qui roulent en décapotables, et quelques kilomètres plus au Sud, Saïda et ses femmes corbeaux. A l'entrée de la ville, des jeunes font la quête pour la Palestine, avec un logo qui ne laisse pas de place à "l'ennemi s i o n i s t e". Difficile de trouver de la bière, surtout pas au Spinneys qui semble être toléré comme symbole de l'Occident mercantiliste mais doit obéir aux règles des barbus du coin. Mais ce qui reste le plus choquant, c'est quand même bien les femmes à la plage. Alors que les hommes ne subissent aucune dictature vestimentaire, les pauvrettes sont tenues d'arborer des tenues couvertes, qui ne laissent rien apparaître, mais suggèrent quand même beaucoup une fois mouillées.

Le problème, ce n'est pas l'islam, c'est l'utilisation politique que beaucoup en font. Où est-il marqué que la femme sera l'esclave de l'homme et devra subir son sort la tête courbée et la mine déférente derrière son voile ? Quand on essaie d'aborder le problème au Liban, on se fait immanquablement renvoyer dans ses foyers avec comme excuse définitive que l'Occident a assez fait de mal dans le monde sans qu'il vienne encore donner des leçons aux musulmans. A force de vouloir "résister" contre un Occident forcément dominateur et conquérant, on en vient à justifier tous les archaïsmes, sous prétexte qu'il s'agit de lutter contre un ennemi qui veut désarticuler les cultures traditionnelles. N'oublions pas que la charte du Hamas pose qu'il est primordial de lutter contre l'éducation des femmes, car l'instruction les corrompra avec des valeurs de l'Occident. Il faut donc les garder dans l'inculture et l'illettrisme pour leur bien, de peur qu'elle ne se corrompent et commencent à réaliser la misère dans laquelle on les maintient.

Alors quand j'entends des connards dire que le féminisme a fait plus de mal que de bien, et que les hommes ne sont plus ce qu'ils étaient, j'ai des envies de kalachnikovs.

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03 juin 2006

Le coin de l'autocongratulation

J'avais répondu par email à un questionnaire d'une journaliste de Magazine, une publication libanaise, qui voulait faire un article sur les blogs qui vient de paraître. Après Le Nouvel Obs (hahaha), WIL est cité dans cet article, avec ce vieil OussamaBenLiquid dont j'avais parlé en bien, mais qui devra trouver un nouveau sujet de blog l'an prochain.
C'est la gloire. Hassan Nasrallah tremble devant mon pouvoir de communication.

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02 juin 2006

Rions un peu avec les barbus. En fait, non.

A la suite d'une émission satirique télévisée "Basmat Watan" (approximativement, "les sourires du pays" ou "la mort du pays" selon l'interprétation) concernant le Hezbollah, Beyrouth s'est encore agité. Compte-rendu de L'Orient le Jour :

"...colère des sympathisants du leader chiite qui ont investi sur-le-champ plusieurs axes de Beyrouth. Les manifestants, qui ont pratiquement bloqué la route menant à l’aéroport, ont brûlé des pneus et scandé des slogans en signe de soutien à leur leader politique. Les opérateurs de chaînes câblées dans la banlieue de Beyrouth ont immédiatement retiré la LBCI de leur bouquet et coupé les programmes diffusés par la chaîne. Les protestataires, qui ont sillonné les rues de la banlieue de Beyrouth et de Chiah, sont arrivés jusqu’à la rue Monnot en passant par le centre-ville, où trois jeunes d’Achrafieh ont été tabassés et atteints de blessures diverses. Déployée en force, l’armée est intervenue pour tenter de disperser les protestataires qui ont échangé des jets de pierres avec des habitants de Aïn el-Remmané. Le mouvement de protestation ne devait se calmer que deux heures plus tard, suite à un appel au calme lancé par le secrétaire général du Hezbollah, et après les excuses exprimées sur la chaîne al-Manar par le concepteur et réalisateur de l’émission, Charbel Khalil."

Donc, non seulement les caricatures Mohamet sont impies (compris M. l'insolent étudiant ?), mais se moquer du grand chef de la révolution islamique et de la résistance libanaise contre l'entité sioniste impie sera considéré comme un blasphème. Donc, on en parle en bien ou pas du tout du Hezbollah. Sinon... Ceci dit, Amal c'est pareil vu qu'un Français s'est fait tabasser hier soir ainsi que sa femme par les brutes de l'autre organisation chiite du mafieux Nabih Berri. Qu'est-ce qu'il faut de plus à l'Union européenne pour mettre le "parti de Dieu" sur la liste des organisations terroristes ? Même le Parlement européen a voté en ce sens.

Pendant ce temps, dans la baie de Jounieh , des abrutis m'a-tu-vu font tirer des feux d'artifice pour le mariage de leur fille inculte et qui ressemble à une grosse meringue dans sa robe de mariée ramenée spécialement de Paris, pendant que des enfants essaient de dormir et font des cauchemars à cause du bruit des pétards. Cela sent de plus en plus la poudre au Liban.

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Live de mon balcon

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