28 novembre 2004

Goodbye Mr. Chip

L'ambassadeur de France, Philippe Lecourtier, s'en va. Il se lâche un peu dans cette interview donnée à L'Orient-le Jour, où il tente de justifier le brusque changement d'attitude de la France vis-à-vis de la région :

Selon lui, l’Europe est un partenaire généreux et sans arrière-pensées, qui veut contribuer à un monde de paix en Méditerranée, dans lequel le Liban occupe une place importante, compte tenu de ses ouvertures intellectuelles et culturelles. « L’Europe pourra aider à régler la question syro-libanaise. Demain, les Syriens signeront sans doute un accord d’association avec l’Europe. Et je vois très bien, dans quelques années, un monde plus apaisé dans la région. Naturellement, la Syrie sera toujours extrêmement présente au Liban et réciproquement. Si la Syrie se libéralise, les premiers à en profiter seront les Libanais. C’est le Liban qui apportera la modernité à la Syrie. C’est d’ailleurs pour cela que nous formons des étudiants libanais à l’Esa. C’est là l’avenir du Liban. Empêcher les Libanais de dire ce qu’ils pensent, opprimer la presse, c’est faire disparaître ce pays. Est-ce cela que nous voulons : en faire une triste province des pays voisins ? », souligne-t-il.

La vérité est que les Français sont énervés de ne pas avoir obtenu des contrats intéressants en Syrie (gaz) et au Liban (téléphonie). Alors la France tape du poing sur la table avec la résolution 1559. N'est-il pas intéressant qu'un ambassadeur parle de position désintéressée de l'Europe pour ensuite évoquer le soutien à une école de commerce (l'ESA) qui produit de petits entrepreneurs tournés vers la France ? Il semble que ce soit la diplomatie moderne : le retour aux colonies ou plutôt aux comptoirs, commercer avec un pays plutôt que communiquer. Et l'Europe désintéressée ? Bien sûr, seuls les méchants Américains sont intéressés par l'argent, les Européens ne pensent qu'à la fraternité et à la culture, comme en témoigne le festival du cinéma européen qui se déroule en ce moment à Beyrouth, et dont l'objectif n'est que de présenter à un public libanais béat la splendeur de la création des 25. Hallelujah ! Vive l'Europe ! (Mais sans la Turquie, parce que les Musulmans, hein, ils pensent pas comme nous ces gens-là)

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24 novembre 2004

La fin du Liban tel que nous le connaissons ?

James Watt représente la Grande-Bretagne au Liban et il se révèle encore plus dur à l'égard de son pays d'accueil que son homologue des Etats-Unis, Jeffrey Feltman :

Prenant la parole devant le congrès international « Parlementaires contre la corruption », (...) M. Watt a estimé que « les arrangements conclus au Liban après la fin de la guerre ne représentent pas tout ce qui aurait dû être réalisé », ajoutant cependant qu’« il ne faut pas considérer la situation comme définitive au plan de la politique libanaise ». Il a fustigé le Hezbollah à mots à peine couverts, en déclarant qu’il n’existe « aucun pays normal au monde où des milices monnayées par un autre pays protègent les frontières ». Soulignant la tension qui règne dans cette zone. M. Watt a affirmé que « les effets de la situation actuelle au Liban sur la sécurité et la paix internationales ont conduit à l’adoption de la 1559 ». Pour conclure sur cet avertissement lourd de sens : « Cette résolution n’est pas le brouillon du grand changement définitif qui attend le Liban, mais un élément parmi d’autres... » Qui viendraient donc plus tard.

Les ambassadeurs occidentaux ont enfin toute latitude pour exprimer les réticences de leurs gouvernements à accepter l'état dans lequel se trouve le Liban qui, par association, se retrouve dans la ligne de mire des pays qui ont déclaré la guerre contre le terrorisme. En faisant pression sur le Liban, les pays occidentaux font pression sur la Syrie, tout comme cette dernière en imposant une mainmise sur le pays du cèdre bloque l'engrenage de la paix avec Israël. Au carrefour de plusieurs civilisations, enjeu en tant que porte du Moyen-orient, le Liban se retrouve fréquemment dans la position d'un otage, spécialité locale qu'ont imposé des groupes comme le Hezbollah, qui lui-même tient le pays en otage. Je propose un nouveau slogan pour ce pays : "Liban, toujours entre le marteau et l'enclume".

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23 novembre 2004

By Appointment to her Majesty

Hé oui mes amis, me voici maintenant officiel pourvoyeur de nouvelles fraîches par le biais du New York Times, éminent journal s'il en est. Le jour où "Libé" aura le même système, je me ferai une joie de remplacer le code pour aider le combat de la francophonie. En attendant, d'une pierre deux coups : en accédant à ce site, vous avez des réactions viscérales sur le Proche-Orient ET la fine fleur de l'information internationale.

Qu'est ce qu'on dit ?

(Encore faut-il que ça marche, vu comme j'ai massacré les comments en modifiant mon template)

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Alain Delon guide mes pas

Chers amis, nous avons un gagnant pour notre jeu "la raison la plus débile pour visiter ce site".

Un peu de silence.

Le vainqueur est, en provenance de univ-paris13.fr, fac qui confirme ainsi sa réputation, une requête adressée à Google :

"Depardieu est musulman", soit http://www.google.com/search?h...n&lr=&q=depardieu est musulman, où j'apparais en deuxième position.

Bravo. La fierté envahit mes joues.

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22 novembre 2004

Les tribulations d'un soldat soviétique (le film)

Le titre n'a rien à voir avec le contenu de ce post ou de ce blog, mais résulte des multiples requêtes qui ont conduit quelques internautes ici. Bon, je veux bien essayer de trouver le titre, mais il me faut plus d'infos, ou alors allez .

En fait, le vrai titre de ce post est :

Ma journée de l'indépendance

Car aujourd'hui, on célèbre le 61ème anniversaire de la libération de l'entité syro-libanaise du joug des Français.

Je n'ai qu'une chose à dire : il pleuvait beaucoup aujourd'hui et on a perdu 20 degrés, passant d'un bon 31 à un non moins joyeux 11. Donc froid. Mais en retour, j'ai vu quelque chose que je ne pensais possible qu'en bordure de Bretagne ou alors là où l'océan montre sa fureur. La mer sautait, c'est-à-dire que près de la Marina de Dbayeh, sur la petite route qui relie Beyrouth à Jounieh, la mer frappait la côte si fort que les vagues atteignaient la route et la submergeaient.

Et rien que pour ça, c'était une belle journée qui m'a permis d'oublier que le Président-Général du Liban est reconduit pour trois ans de façon illégale, et que l'indépendance du Liban n'est pas pour demain.

Promis, prochain post, je m'énerve de nouveau, ce soir je suis curieusement avec un sourire apaisé aux lèvres.


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20 novembre 2004

Reprise

Connaissez-vous « I…comme Icare » ? Il s’agit d’un film de 1979 réalisé par Henri Verneuil. L’intrigue repose sur une contre-enquête menée par un procureur, incarné par Yves Montand, dans une république imaginaire, mais que l’on suppose sud-américaine. Le film s’attarde sur une expérience sociologique qui consiste à prendre deux cobayes, l’un jouant le rôle du maître, l’autre celui de l’élève. Celui-ci doit apprendre une liste de mots, et les adjectifs qui y correspondent, sans se tromper. S’il commet une erreur, le maître lui envoie une décharge électrique, d’abord de faible intensité, puis de plus en plus forte à mesure que les fautes se multiplient. A la fin, la décharge peut atteindre 400 volts, et la douleur est fulgurante. L’objectif de ce test est d’améliorer la mémoire par le châtiment. En tout cas, c’est ainsi qu’il est présenté au maître.

Car le véritable objectif du test consiste à observer jusqu’où le maître peut aller dans l’administration d’une douleur à quelqu’un qui ne lui a rien fait. Alors que le maître est un volontaire payé à l’heure, l’élève s’avère être un comédien, ou un chercheur, qui va simuler la douleur. En d’autres termes, on mesure la capacité de l’homme à se transformer en bourreau, et les résultats sont affolants. « 63% des sujets sont obéissants, c'est à dire qu'ils acceptent totalement le principe de l'expérience et vont jusqu'à 450 volts », informe le scientifique supervisant l’expérience. Et Montand de traduire : « ce qui signifie que dans un pays civilisé, démocratique et libéral, les 2/3 de la population sont capables d'exécuter n'importe quel ordre provenant d'une autorité supérieure »

Ce test n’est pas une invention, il s’agit d’une véritable expérience scientifique de soumissions à l’autorité menées par un sociologue américain, Stanley Milgram. Celui-ci commentait dans Soumission à l'autorité (1974) que l’on peut trouver chez Calmann Lévy :

L'obéissance, en tant que facteur déterminant du comportement, représente un sujet d'étude qui convient tout particulièrement à notre époque. On a établi avec certitude que de 1933 à 1945, des millions d'innocents ont été systématiquement massacrés sur ordre. Avec un souci de rendement comparable à celui d'une usine de pièces détachées, on a construit des chambres à gaz, gardé des camps de la mort, fourni des quotas journaliers de cadavres. Il se peut que des politiques aussi inhumaines aient été conçues par un cerveau unique, mais jamais elles n'auraient été appliquées sur une telle échelle s'il ne s'était trouvé autant de gens pour les exécuter sans discuter… sur le plan psychologique, il est facile de nier sa responsabilité quand on est un simple maillon intermédiaire dans la chaîne des exécutants d'un processus de destruction et que l'acte final est suffisamment éloigné pour pouvoir être ignoré. Eichmann lui-même était écœuré quand il lui arrivait de faire la tournée des camps de concentration, mais pour participer à un massacre, il n'avait qu'à s'asseoir derrière son bureau et à manipuler quelques papiers. Au même instant, le chef de camp qui lâchait effectivement les boîtes de Cyclon B dans les chambres à gaz était également en mesure de justifier sa propre conduite en invoquant l'obéissance aux ordres de ses supérieurs. Il y a ainsi fragmentation de l'acte humain total ; celui à qui revient la décision initiale n'est jamais confronté avec ses conséquences. Le véritable responsable s'est volatilisé. C'est peut-être le trait commun le plus caractéristique de l'organisation sociale du mal dans notre monde moderne.

Je pense souvent à ce film et notamment à cette expérience lorsque j’observe ce qui se passe dans le monde, et surtout au Proche-Orient. Personne n’est réellement responsable des morts qui s’égrènent tous les jours. Aujourd’hui, ce sont des Israéliens, hier des Palestiniens, demain encore d’autres morts. Et personne n’est responsable. « Ils nous ont envahis » « Ils tuent nos enfants » « Ils nous privent de moyens de subsistance » « Ils veulent nous jeter à la mer » « Mort aux arabes » « mort aux juifs » etc. Mais nous sommes tous responsables collectivement. Ce qui se passe dans cette région est notre faute à tous, car nous laissons faire. Certains dénoncent, haranguent, trouvent le coupable et l’exhibent à la face du monde pour qu’il soit exécuté. Moi je pense que nous devrions tous nous sentir fautifs et solidaires. Parce que je me souviens aussi des paroles de ce prêtre interné en Allemagne entre 1938 et 1945 :

Je n'ai rien dit...

“Quand ils sont venus chercher les communistes,
je n'ai rien dit je n'étais pas communiste.

Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
je n'ai rien dit, je n'étais pas syndicaliste.

Quand ils sont venus chercher les juifs,
je n'ai rien dit je n'étais pas juif.

Quand ils sont venus chercher les catholiques,
je n'ai rien dit je n'étais pas catholique.

Puis ils sont venus me chercher.
Et il ne restait personne pour dire quelque chose…”


Pasteur Martin Niemoller
Dachau 1942

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17 novembre 2004

Ha pardon

Par rapport à mon post précédent sur les raisons qui poussent la France à s'occuper des Libanais, j'avais oublié la légendaire efficacité du gouvernement. Ce qui suit vient de L'Orient le Jour, et montre le degré de cynisme que les autorités libanaises peuvent afficher devant la valeur de l'être humain :

"le nombre de Libanais présents en Côte d’Ivoire s’élève à environ 40 000.Hier, dans un entretien avec la presse, le ministre des Affaires étrangères, Mahmoud Hammoud, s’en est pris à certains médias qui avaient critiqué l’inefficacité des autorités à gérer la crise des Libanais en Côte d’Ivoire. Il a indiqué que de tels propos « portent préjudice à l’image de la diaspora libanaise à l’étranger ».Le ministre des Affaires étrangères a énuméré les mesures prises pour venir en aide aux Libanais de Côte d’Ivoire. « Le ministère a envoyé à Abidjan dans ce cadre un émissaire spécial, Haytham Joumaa, afin de dresser un bilan de la situation », a-t-il indiqué, relevant que « le palais Bustros est entré en contact avec les autorités françaises, le Programme des Nations unies pour le développement en Côte d’Ivoire ainsi que la Croix-Rouge afin qu’ils interviennent ».Il a aussi souligné qu’un « accord avec le ministre des Transports, Yassine Jaber, a été effectué pour affréter dix avions de la MEA, à raison d’un vol par jour, afin de rapatrier les Libanais souhaitant quitter la Côte d’Ivoire. Ces derniers bénéficieront d’une réduction de 25 % sur le prix initial du billet »."

Effectivement, vu comme ça, une réduction de 25%, c'est royal ! Bon, je crois que ça vaut le coup de dépenser un peu l'argent du contribuable français pour aider les épiciers libanais à fuir le courroux de leurs ex-employés.

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Afric

Les comments fonctionnent et j'en suis ravi, on continue. Cette extraordinaire innovation dans la liberté d'expression m'ont valu des remarques intéressantes sur H&M et des menaces à peine voilées en provenance du Texas, mais également un mail de Tristan qui souligne un point intéressant sur la Côte d'Ivoire :

"Il faut à mon avis se garder de tomber d'un extrême dans l'autre. Vous appelez la France et les pays occidentaux à "foutre la paix" à l'Afrique. Si mes souvenirs sont bons, je crois me rappeler la dernière fois où nous, les riches, avons "foutu la paix" aux Africains. C'était au Rwanda. Un million de morts plus loin, on a alors entendu de nombreuses voix s'élever contre la passivité desgrandes puissances. Si la communauté internationale, et la France en particulier, "fout la paix" auprésident Gbagbo, je crains de connaître le scénario à l'avance. Pillages, massacres sous couverts de chasse aux rebelles, et gare à ceux qui ne sembleront pas en mesure de prouver leur ivoirité."

Ce n'est pas faux, mais ce que je voulais dire en employant brutalement l'expression "foutre la paix à l'Afrique" ne s'appliquait pas à la situation actuelle, où l'on sera obligé de réagir, mais à une échelle plus importante. Si les anciens colonisateurs avaient rompu réellement les ponts avec leurs anciens dominions, qu'ils avaient arrêté de téléguider des gouvernements véreux, cessé de jouer sur le prix des matières premières et stoppé les menaces de représailles en cas de désobéissance, on n'en serait pas là. Le Ruanda a été un cataclysme dont je ne suis certainement pas spécialiste, mais n'est-il pas la résultante d'anciens colonisateurs qui ont voulu mélanger les peuples dans des nations qui n'avaient pas de justification de frontières, comme c'est le cas au Moyen-Orient ? Par foutre la paix, j'entends que la France arrête d'appuyer sans vergogne Bouygues, France Télécom, Vivendi et autres sociétés colossales qui ont investi l'Afrique et y font la loi (je ne parle même pas de notre fierté nationale, Total).

Quant à évacuer les Libanais en même temps que les Français, je reste songeur. C'est un geste de bonne volonté que je ne saurai contester, mais j'en cherche la justification. Y-a-t-il un pacte secret entre la France et les Libanais : on prend le pétrole et les matières premières, vous contrôlez les épiceries et la main-d'oeuvre ?

Est-ce qu'avec Condoleeza Rice l'Amérique va être plus amène envers le reste du monde ? en tout cas, le "Bush bashing" continue de plus belle, on me dit qu'on n'avait pas vu de réactions aussi féroces de la part des bien-pensants depuis Nixon. Au moins, avec Bush, on arrive à tout justifier : dès que quelques chose va mal, c'est certainement un peu la faute de Bush. Et la Côte d'Ivoire ?

Pour finir, sachez, cher Tristan, que la saison des pluies a enfin commencé, bien qu'on soit toujours en tee-shirt ou chemise légère. Je sais, il paraît qu'en France, c'est l'hiver. Si vous voyiez la mer comme je la vois depuis ma fenêtre, bleu pétrole avec des bandes vertes alors qu'un rayon de soleil troue les nuages qui ont plu toute la nuit, alors peut-être que, comme moi, vous oublieriez un instant les pannes de courant, les routes impraticables et les politiques débiles de ce pays pour vous concentrer sur l'essentiel. Les soldes qui s'annoncent chez H&M.

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16 novembre 2004

Haloscan commenting and trackback have been added to this blog.

Ouais, sauf que c'est moi qui ai tout fait, vu que leur soi-disant version automatique marche pas. J'y ai passé des heures, mais ça marche, désolé pour le comment précédent qui me reprochait ma façon de parler de la Chine, mais qui en même temps se plaignait que le système de comments ne soit pas HaloScan. C'est chose faite, cher ami, vous en connaissez beaucoup des blogs comme ça qui satisfont leurs lecteurs dans l'heure ?
Allez, lancez-vous. Et d'avance merci.

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Ha ben moi chuis pas d'accord

Chers amis,

une petite révolution dans ce blog. Jusque là, j'avais toujours refusé de recourir à des artifices pour doper l'audience de ce blog, comme parler de ma vie sexuelle, insulter Israël et George W. Bush ou installer des comments. Néanmoins, devant le manque d'attaques que je subis, j'ai décidé d'installer un système de comments (je dis ça, mais encore faut-il que ça marche) qui vous permettront de vous exprimer plus directement. Par pitié, utilisez-les, car il n'y a rien de plus déprimant qu'une boîte à comments vide. Bon, si ça ne marche pas, je pourrai toujours les retirer, mais je m'engage à ne pas effacer les comments négatifs. De même, si les comments n'apparaissent pas, envoyez-moi un email, et... je ne sais pas trop ce que je ferai mais j'essaierai de résoudre le problème.

Si avec tout ça, vous ne ressentez pas le besoin d'attaquer, alors je parlerai de ma vie sexuelle.

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David et Goliath, présentement

La France est heureuse : elle a réussi à interdire d'achat d'armes la puissante Côte d'Ivoire. Le bras de fer est engagé, nous-dit-on, entre Paris et Abidjan, et on serre les fesses en se demandant si cela ne va pas nous conduire à une guerre brutale. Ma question est, de qui se moque-t-on, une fois de plus ? Il y a avait un nom pour cela autrefois, cela s'appelait la politique de la canonnière. Un pays renacle à collaborer avec le colonisateur ? Pan ! Un navire qui mouille au large de ses côtes lui envoie une salve sur la capitale pour lui montrer qui est le patron !
Evidemment que c'est triste pour les exactions contre des Français qui n'avaient rien demandé, mais on est en train de revivre une situation exactement semblable à l'Algérie dans les années soixante, où les "Blancs"qui possédaient majoritairement le capital et la Terre ont été forcé de s'exiler pour laisser le pays à ceux qui n'en avaient pas d'autre.

Je trouve mesquine l'attitude de la France qui montre ses muscles et se déclare prête à en découdre avec une nation minuscule et qui n'a de toute façon pas les moyens, avec ses mercenaires pilotes géorgiens, de tenir tête à une armée professionnelle.

Je réitère mon idée : foutons la paix à l'Afrique. Cela s'adresse aux Européens, aux Américains, et aussi aux Libanais qui sont champions de l'exploitation africaine.

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12 novembre 2004

Pays de con

Pendant que les Parisiennes se ruent chez H&M pour dévaliser les rayons des produits estampillés Karl Lagerfeld (vous imaginez comme je regrette de ne pas habiter Paris dans ces moments-là et louper de pareils événements culturels), on pleure la mort de Yasser Arafat au Moyen-Orient. Chacun ses problèmes, certes, et il faut comprendre la détresse de celles qui n’ont pas réussi à trouver leur taille lors de la ruée dans les magasins pour obtenir un morceau d’étoffe siglée d’un des plus grands intellectuels que l’Allemagne nous ait donné. Les Palestiniens aussi ont eu une belle cohue et le Liban, qui en abrite quelques centaines de milliers, n’a pas échappé à la ruée vers Arafat. Que va-t-il se passer maintenant ? J’avoue que je suis un peu la peur au ventre devant les rodomontades des Palestiniens qui sont persuadés qu’on a assassiné leur leader et sont encore plus remontés contre Israël. La Syrie quant à elle rêve de pouvoir montrer qu’elle contrôle le pays et reste la seule à pouvoir y rétablir l’ordre en cas d’émeutes. Profiterait-elle de mouvements hostiles des Palestiniens pour intervenir et prouver son utilité ? Certainement. Pas de panique, attendons les jours qui viennent avant de faire comme les Français de Côte d’Ivoire.

Et si la France foutait la paix à l’Afrique ? Quelle bonne idée. On n’assisterait alors peut-être pas à des scènes aussi navrantes que celles du rapatriement des « Pieds noirs » d’Afrique qui laisse leur vie derrière eux parce que la France conserve des velléités colonisatrices. Car enfin, cette situation n’est elle pas le résultat direct des soi-disant accords de Marcoussis, où Villepin n’avait rien trouvé de plus malin que d’inviter les forces en présence à discuter en FRANCE et avec des « arbitres » FRANÇAIS ? Je me désole de cette situation terrible pour les nouveaux émigrants, mais en même temps, elle montre que les Africains ne sont peut-être plus aussi prêts à se laisser faire que par le passé. Et si les Libanais en prenaient de la graine ? OK, OK, je m’en vais…

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10 novembre 2004

Reprise !

Je reprends intégralement un article très intéressant tiré de L'Orient le Jour d'aujourd'hui. Courage, allez jusqu'au bout.

Analyse -
George W. Bush et nous
Un plan qui s’inspire du vieux Pacte de Bagdad


“Notre soif de puissance n’a d’égale que notre faim de quiétude.”
(Démocrite)

–I– L’Amérique

Il y a ce qu’on dit. Il y a ce qu’on dit moins. Ce condiment, ce nuage de lait, qui permet de mieux cerner la réalité. Grâce au verbe relativiser. Ou nuancer.– On dit : Bush a maintenant les mains libres, les coudées franches. Plus de pression électorale, de nul côté. Comme il se le promet, il va pouvoir aller à la rencontre de l’histoire. Un patron, pour tailler un costume neuf au seul client encore assez nu sur la planète, le Moyen-Orient.

– C’est assez vrai. Sauf que, côté élections, Bush ne peut pas ignorer les intérêts de son parti, toujours impliqué. Et pas seulement pour la prochaine présidentielle, pour le Sénat, la Chambre des représentants, la Cour suprême, les gouvernorats et même les shérifs. C’est le parti qui, plus souvent qu’on ne croit, a le contrôle à l’intérieur. Parfois contre la présidence. Ainsi, au cours des quatre dernières années, le Sénat a biffé sans sourciller dix nominations de juges à la Cour suprême décrétée par Bush. Dont on ne doit pas oublier, non plus, qu’il sera de nouveau présidentiable, dans huit ou dans douze ans. Sans compter qu’il pourrait être tenté de propulser son frère Jeb, gouverneur de la Floride, à la Maison-Blanche. Pour réussir le pari que les assassinats ont empêché la dynastie Kennedy de réaliser.

– On dit : Bush est très fort maintenant. Il gagne par trois millions de voix d’écart, côté vote populaire, alors qu’il avait perdu sur ce plan face à Gore le bien nommé. Côté États et grands électeurs, il est à plus de 52%, un score jamais atteint par un président sortant. De plus, les démocrates, en pleine déroute au Congrès, ne peuvent plus lui mettre des bâtons dans les roues.

– Cela n’est pas faux. Sauf que dans un système fédéral les penchants populaires, forcément localisés, n’ont qu’un lointain rapport avec un pouvoir présidentiel axé sur les questions nationales et supranationales. Ce même système, complexe, atténue au Congrès, par le biais de commissions impérativement mixtes, la mainmise du parti majoritaire. Les USA sont une démocratie où la minorité n’est pas écrasée.

Controverse ignorée

– On dit : Les USA, débarrassés de l’URSS, veulent dominer le monde à eux seuls. Unilatéralement. Alors que l’Europe est naturellement pour la multilatéralité. Au nom, ancien, des équilibres. Équilibre de l’économie, après celui de la terreur qui régnait à l’époque de la bipolarité.

– Dans la tête des Américains, si l’on excepte une minorité côtière d’intellos, les théories de ce genre n’existent même pas. Ou, au mieux sont fumeuses. Leur seule leçon, pratiquement, c’est Pearl Harbor. Depuis lors, comme dit Démocrite, ils veulent être puissants, et tant qu’à y faire les plus puissants, pour être tranquilles.

– Pour ce faire, ils suivent, avec plus de constance qu’on ne croit, des lignes de politique étrangère déterminées. Tel plan, pour l’Europe, tel autre pour l’Amérique du Sud. Concernant notre région, ils restent en gros fidèles aux bases jetées dès le début des années cinquante par Foster Dulles. À travers le fameux Pacte de Bagdad, déjà si bien nommé. Sauf qu’il y a une inversion d’équation. Au lieu de contrôler la politique par le pétrole, ils se trouvent obligés désormais, par Ben Laden (ce sous-Pearl Harbor), de contrôler le pétrole par la politique. D’où le plan Bush-Powell de remodelage de la contrée.– Ils y sont évidemment poussés par un courant dit néoconservateur, radical, qui a le vent en poupe à Washington. Cette ligne a pris corps en 1997 avec le lancement d’une école baptisée American Century. Où se retrouvait le trio infernal, Cheney, Rumsfeld, Wolfowitz. Ce courant est certainement militariste : dès l’an 2000, il a fait voter des crédits militaires supplémentaires de 50 milliards de dollars. Mais il développe un schéma, régional autant que global, fondé essentiellement sur une conception économique des rapports de force. L’hégémonie devant rester au Nord riche face au Sud pauvre. Mais d’une façon compensée. Par la régulation des marchés. Car, aux yeux de ces penseurs, c’est surtout le chaos dans ce domaine qui stimule le chaos terroriste. Dont pourrait sortir, en fin de compte, le péril d’un nouveau califat islamiste s’étendant de l’Espagne à l’ouest à l’Indonésie à l’est.

Base

– Danger qu’il faut prévenir en travaillant au centre, au Moyen-Orient. Là, la base choisie est l’Irak. Pour le pétrole, clé de domination. En bas de tableau, toujours le même appui sur l’allié stratégique israélien. Et toujours la même théorie de la guerre préventive, au non de l’autodéfense. Frapper pour terroriser. Même et surtout le terrorisme. Comme le répète Rumsfeld, le loup-garou.– Mais Bush, il faut le savoir, n’est ni un père fondateur ni un militant de ce courant extrême. D’ailleurs le messianisme qu’on lui prête, et qui se teinte d’une forte dose de pragmatisme forcé, l’inciterait à moins de radicalisme violent. Il s’est ainsi montré agacé que la nouvelle structure des néo-conservateurs, le Center for Security Policy, installe ses locaux à 500 m de la Maison-Blanche. Et, dès sa réélection, on lui a prêté l’intention de larguer Rumsfeld.

– Car, malgré les signes répétés de défaveur en direction de Powell, rétif aux ondes radicales ou spirituelles, il n’y a pas moyen de mettre de côté le département d’État. En effet, c’est cet instrument qui est seul équipé, outillé, pour appliquer la politique étrangère des USA. Et il ne peut le faire que s’il participe, peu ou prou, à sa confection même. Parfois donc, il a la primauté, surtout quand les armes ne parlent pas, ne parlent plus. C’est donc Powell qui a été chargé d’annoncer au monde que le Moyen-Orient allait changer de face. Pour répondre aux perspectives désagréables d’une montée en puissance économique de la Chine. Contrôlable via un pétrole arabe ou autre mieux contrôlé.

– Dès lors, le conflit palestino-israélien n’est plus le nucleus du dossier régional dans son ensemble. C’est d’abord l’Irak. Par qui l’on a commencé sur le terrain, mais où le changement s’avère pour le moins problématique. Ce pourrait, ce devrait être ensuite le Liban. Où il est plus facile qu’ailleurs, pour Bush, de marquer l’histoire de son empreinte en réalisant une transformation de statut, de fond en comble.

Jean ISSA



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Chirac est grand, mais il n'est pas le seul
et donc on arbore son portrait lors des manifestations palestiniennes destinées à remercier la France de son soutien à Yasser Arafat. Cela fait chaud au coeur. Nous voilà amis des Palestiniens. Oui, mais desquels ? Car si j'ai bien compris, la femme du chef et ses bras droits (quelle pieuvre !) ne s'entendent guère et se battent à coups de communiqués officiels pour hériter du magot. Dallas dans la bande de Gaza. Dinasty en Cisjordanie. On ne s'ennuie jamais au Proche-Orient. On a même des émissions comiques. En voici une retranscription dans L'Orient le Jour :

Le Premier ministre Omar Karamé a reçu hier un appel téléphonique du président syrien, Bachar el-Assad, qui l’a félicité pour la formation du nouveau gouvernement, après le vote de confiance.Le président Assad a mis en exergue l’engagement permanent de la Syrie à « offrir toute son aide au peuple libanais et à soutenir les efforts déployés par le gouvernement libanais à tous les niveaux ».M. Karamé a remercié le président syrien, mettant en évidence « la volonté du cabinet de développer les relations bilatérales au service des intérêts communs des deux pays et de leur destin commun, face aux projets hégémoniques d’Israël ». Un moyen « d’incarner le principe des relations privilégiées, qui constitue un pilier fondamental du pacte de coexistence nationale libanaise », a-t-il poursuivi.Le Premier ministre a enfin salué « les efforts déployés par la Syrie pour appuyer le processus d’édification de l’État et des institutions au Liban ».

J'ai loupé cette émission, c'est dommage, entendre que la Syrie aide le Liban à devenir indépendant, il paraît que cela valait vraiment le coup. Le même soir, une émission satirique décrivait comment le Hezbollah aurait envoyé un drone au-dessus d'Israël ! Elle est bien bonne. Qu'est ce qu'on rigole au Liban. C'est tout ce qui nous reste je crois.



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06 novembre 2004

Europe knows better !

Juste après l'élection présidentielle américaines, Jean-Marie Colombani, du journal "de référence" Le Monde, nous confiait son opinion sur le résultat :

C'est peu de dire que la réélection de George Bush est une mauvaise nouvelle. Pour l'Europe comme, sans doute, pour le reste du monde. Si l'une et l'autre avaient été amenés à se prononcer, ils auraient plé-biscité John Kerry, au nom d'une Amérique ouverte et "multilatérale"; traditionnelle, en quelque sorte ; en tout cas à nos yeux.

Oui, mais heureusement, ce ne sont pas les Européens qui votent, sinon on y serait encore, ou alors on aurait un résultat macho, raciste et rétrograde. Tout ce qu'on reproche à Bush finalement. Que devient M. Rocco Buttiglione, éminent représentant d'un Europe moderne ?

Au Liban, l'ambassadeur français s'en va. Rumeurs et hypothèses agitent le petit monde francophile libanais. Est-il chassé après la détérioration des liens entre nos deux beaux pays ? Arrive-t-il à la fin de son mandat ? Les relations changent entre le Liban et la France, celle-ci s'impatientant légèrement devant la gabegie gouvernementale et le renforcement des liens avec un Syrie plus vampire que jamais. C'est d'ailleurs la Syrie qui va fournir de l'électricité au Liban cet hiver. Mmmh. C'est un peu comme si la Côte d'Ivoire fournissait en Mw la France, ou comme si Colombani fournissait les Etats-Unis en idées.

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03 novembre 2004

Le Président des Emirats Arabes Unis, Cheikh Zayed bin Sultan al-Nahayan, est mort
Voilà une nouvelle qui n'atteindra pas la France. Je suis assez admiratif de ces sept petits Etats pétroliers où, certes, les droits de l'homme ne sont pas toujours respectés, mais où modernité et tradition où toujours fait bon ménage, contrairement aux Etats pétroliers voisins qui sont tout de même bien ancrés dans le Moyen-Age. Un peu de respect donc pour un homme qui a mené la lutte pour l'indépendance contre les Anglais et qui a su concilier manne pétrolière et investissements pour l'avenir.

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Et voilà ce qui arrive quand on veut emmerder les Américains

Alors que Bush a de bonnes chances d'être réélu (tout n'est pas joué, mais il semble que ce soit plié), je ne peux m'empêcher a la campagne de propagande extraordinaire dont a bénéficié John Kerry de la part de nombre de libres-penseurs dans le monde. Je suis convaincu que si ces belles âmes avaient arrêté de vomir leur haine irrationnelle de Bush, les Américains auraient eu moins envie de manifester la fierté nationale qui consiste à voter pour le plus conservateur. Chers compatriotes, réfléchissez : Kerry a l'intention d'envoyer encore plus de soldats en Irak et il n'a aucune intention de désarmer l'Amérique. Une des différences majeures entre les candidats est le "pro-choice" de Kerry concernant l'avortement, et le "je regarde ailleurs" concernant le mariage homosexuel. Cela mérite un soutien tellement acharnée pour un candidat qu'on ne connaît que peu ? Est-ce parce que sa femme et lui parlent français que les Français s'amourachent de Gros-Menton ? Gore aurait eu une politique différente de Bush, mais c'est un peu tard.
De toute façon, les Français ne votent pas aux USA. Tant mieux. Ils auraient hésité entre Chirac et Le Pen.

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01 novembre 2004

Si tu ne viens pas au Salon "lire en français et en musique", le Salon "Lire en français et en musique" viendra à toi.

Sur Radio Liban, on pouvait entendre pendant toute la durée du Salon "Français, viens voir comment on gaspille tes impôts" des entretiens avec des auteurs invités et soigneusement choisis. Samedi, la toujours pimpante Michèle de Freyge, dont la voix ressemble de plus en plus à celle de Marge Simpson, s'entretenait avec un certain Dominique Fernandez qui nous a lâché une perle sur la Russie. Auteur, semble-t-il d'un dictionnaire sur le pays sus-mentionné, il commente les messes données chez les Orthodoxes et qui durent trois heures pendant lesquelles on ne peut pas s'asseoir : "ça c'est la vraie foi, pas comme les messes catholiques, confortables et qui ne durent qu'une demi-heure". Donc, pour montrer son attachement à un dieu, il faut souffrir en se faisant chier pendant des heures. Mais ça permet d'aller au paradis plus vite, comme une salle d'attente de dentiste où on est obligé de lire "Auto Moto".

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