31 août 2004

Courrier des lecteurs (suite et fin) (normalement)

Courrier de monsieur P., du XIIème arrondissement : "La stratégie diplomatique française (qui changera peut-être avec Michel Barnier)" : Ne rêvons pas mon cher WIL, la politique internationale de la France ne se fait pas au quai d'Orsay mais à l'Élysée."

La diplomatie française, même si le Quai d'Orsay est une vieille maison vénérable qui n'aime pas le changement, évolue avec les ministres. J'ai voulu dire que le style changera certainement avec un ministre qui me semble moins dangereux que le précédent. Je reste convaincu que Villepin a fait une grosse erreur en se comportant de la sorte avec les Américains qui ne lui pardonnent pas de les avoir insultés. Regardons les choses en face : trois pays majeurs refusaient la guerre américaine, Russie, Allemagne, France. Le style français, soi-disant flamboyant et courageux, a consisté à se poser en défenseur du bon droit des Arabes, et surtout en protecteur des contrats français en Irak. Au final, à qui les Américains n'ont-ils pas pardonné leur attitude ? Aux Français bien entendu. Je pense que Barnier n'aurait sûrement pas eu l'arrogance de Villepin et que, habitué aux tractations interminables de Bruxelles, il aurait tenté d'expliquer sa position sans tomber dans les pièges du rusé Jack Straw qui avait beaucoup misé sur le côté "petit taureau furieux" du ministre des affaires étrangères de l'époque. Ceci dit, que le président de la République décide de la politique étrangère du pays est une évidence, mais il est tout aussi évident qu'il est conseillé sur cet aspect, et que Villepin fait partie du cercle des intimes.

Je continue de correspondre avec la jeune franco-libanaise dont je vous avais évoqué la teneur des emails précédemment. Je crains que le dialogue, bien que courtois, n'aboutisse à une impasse. Je pense que les religions sont toxiques, ce qui est mon droit, mais il semble que les Religieux, évoluant dans le monde de la foi et donc de l'irrationnel, aient du mal à comprendre qu'on puisse ne pas avoir de Dieu. Est-ce le combat de la raison contre la passion ? Je l'ignore, car contrairement à eux, je ne sais pas qui a créé l'univers et où j'irai après la mort, je n'ai donc pas toutes les réponses. Parfois je les envie, c'est tellement rassurant d'avoir un mensonge confortable pour raison de vivre et un gardien qui vous surveille depuis le Ciel.

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28 août 2004

Courrier des lecteurs : le retour

Dabbelby m’écrit à propos de l’élection présidentielle, qu’on pourrait nommer avec plus de précision la « désignation présidentielle », tant il est vrai que la Syrie joue un rôle primordial dans ce processus démocratique. Je ne m’étends pas dessus, car le procédé est écrit d’avance, obéissant aux règles complexes des réseaux d’influence. Le candidat retenu sera aux ordres du puissant voisin de l’est et n’aura évidemment pas de velléités à mordre la main qui le nourrit. Mon lecteur, que je remercie pour sa contribution, continue en ces termes à propos du Liban :

…Pour moi qui suis français, le Liban représentait bien cette part d’occident, de modernité qui, sous la botte stérilisante, démoralisante des Syriens, s’éteint peu à peu. Ce pays est en train de disparaître sans que personne ne s’en soucie. Tu pourras dire ce que tu veux de Bush, mais il est le seul à demander clairement aux Syriens de dégager. Peu importe les raisons qui le poussent à faire ça, mais l’indifférence des occidentaux m’est insupportable. Même la France proteste mollement, après avoir été sa génitrice, comme le rappelle si justement Mlle X, la franco-libanaise…

Entièrement d’accord ! Et je tiens à rappeler dans ce blog ce que j’ai toujours écrit, je ne voterais certainement pas Bush si j’étais américain, mais je commence à trouver lassant les tombereaux d’injures qu’on lui déverse dessus en permanence. D’autres que lui les mériteraient amplement mais sont curieusement épargnés. Est-ce parce que Berlusconi est plus riche, ou son pays moins puissant qu’il a un tel traitement de faveur dans les médias par rapport à son ami texan ?

C’est vrai, et Dabbelby a raison de le souligner, que les Américains, quelles que soient leurs motivations, s’investissent au Moyen-Orient, ce qui n’est pas le cas des Européens, et surtout pas des Français. La stratégie diplomatique française (qui changera peut-être avec Michel Barnier) consiste à rester proches des pires dictatures pour soi-disant les amener sur le chemin de la démocratie : Chine, Maroc, Syrie, la liste est longue des amitiés particulières que la France entretient avec des régimes infâmes qui sont ravis de cette proximité qui les légitimisent. C’est un jeu dangereux que nous pratiquons dans cette partie du monde, et je doute que les extrémistes de tous poils fassent la différence entre les Américains et les Européens lorsqu’il s’agit d’attaquer une civilisation qui ne pense pas comme eux. Ce que je crois toutefois, c’est que ce n’est pas la chrétienté qui affronte l’Islam, que toutes les religions poussées à l’extrême sont dangereuses, et qu’il s’agit plutôt d’un combat entre nous et les illuminés qui veulent faire régresser l’humanité à une époque où la femme doit porter le voile, ne peut pas accéder aux plus hautes postes dans la société civile et religieuse et où l’homme doit vivre dans la crainte de Dieu en attendant des jours meilleurs. Je vomis les sermonneurs qui prétendent parler au nom d’une autorité dont ils ont inventé l’existence. Chacun peut vivre en paix dans ce Moyen-Orient agité, mais il faudrait pour cela oublier un peu les dieux guerriers.

Au risque de choquer les Européens bien-pensants, j’applaudis la démarche américaine au Liban, tenace bien qu’amicale, et je ne désespère pas que ce grand pays qui en a libéré bien d’autres au cours de son histoire ne débloque un jour la situation au Liban. Le débat reste ouvert sur l’Irak, mais à l’heure où nous célébrons la libération de la France par les Etats-Unis, je pense qu’il serait indiqué d’adopter une attitude moins anti-américaine primaire, sans perdre de vue que George W. Bush n’est effectivement peut-être pas le meilleur président possible.

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23 août 2004

Courrier des lecteurs

Commençons par Widad, qui me demande quelques précisions sur le Liban en disant « Ce pays, je n'y comprend rien, et je ne sais pas si j'aurai les moyens d'y aller un jour. Quand j'ouvre les journaux, ou si je regarde une chaîne arabe, le Liban y est décrit comme un vivier de jeunes femmes siliconées, qui passent leur temps à passer des concours de beauté. Pour les hommes, c'est ou le Hezbollah, ou les affaires. ».

Le Liban conserve une image de pays ensoleillé où il fait bon vivre (la Suisse du Moyen-Orient et autres clichés) ou alors celle d’un pays en guerre, avec des voisins belliqueux, où la moindre étincelle peut mettre le feu aux poudres. Le Liban, c’est un peu tout ça. Des femmes siliconées ou refaites par la grâce de la chirurgie esthétique, il y en a beaucoup, mais ce n’est qu’une infime partie de la population, localisée essentiellement à Beyrouth.

Quant au Hezbollah, les chiffres varient : un fameux journaliste suisse, Jean Ziegler, avait trouvé juste d’écrire que 80% de la population soutenait le Hezbollah. Rien n’est moins faux même si une large partie de la population soutient cette milice privée qui s’est dressé contre Israël. Aucun chiffre ne sont sûrs, mais je dirais qu’au moins 50% des Libanais considèrent le Hez comme la résistance, ce qui n’est pas faux, et le reste voit cette organisation comme un groupe terroriste, ce qui est également exact. Le Hez est à la fois une organisation très puissante et considérée comme légale puisqu’ayant des représentants au Parlement, mais également un groupement terroriste pratiquant des attentats et du trafic d’armes ou d’œuvres piratées pour autant que je sache. Quant aux affaires… le Liban possède un des taux d’activité les plus bas qui soit, le seul secteur rentable étant la banque, et qu’en plaçant son argent sur un compte bloqué, on peut arriver à obtenir une rentabilité de 15% par an, pratiquement sans risque. Pourquoi travailler ou créer une entreprise qui rapportera dans le meilleur des cas la moitié, si un des voisins de l’est ou du sud n’a pas la bonne idée d’expédier quelques bombes dessus ?

Ce qui m’amène à mon deuxième email, provenant d’une franco-libanaise. Je cite une partie de son message :

« Ce qui me peine un peu dans vos reproches c'est votre idee sur la religion et surtout la chretienne. C'est decevant puisque la raison d'etre de ce pays est justement la religion chretienne, sans ca la France n'aurait jamais effectuee une telle partion de cette bande de terre. Je pense que sans les chretiens, le liban n'aurait pas existe, c'aurait ete la grande Syrie a la place. Et cette ouverture du pays (science, economie, suisse de l'orient, litterature, mode de vie...) et de tout le moyen orient nous le devant a cette communaute qui s'est inspire des lumieres de l'occident afin de l'importer en Orient. Sans elle, le Liban serait un autre Iran. Et puis plus nous avancons dans le temps, plus cette communaute perd de l'ampleur au profit d'une autre les chiites. Pendant que le moyent orient se vide de ces minorites, l'occident lui absorbe une population hostile a son mode de vie et qui s'y rien ne se produit dans un avenir proche, connaitra le meme sort que le Liban. Alors meditez bien la dessus, l'heure n'est plus a bouffer du cure a tout bout de champs mais plutot de choisir son camps: celui d'une religion chretienne qui accepte les differences ou celui d'un islam hostile a tout ce qui n'est pas lui. ».

Voici ce que je lui ai répondu :

« je ne suis évidemment pas d'accord avec votre point de vue, qui va dans le sens de George W. Bush, de choisir son camp entre un christianisme éclairé et un islam arriéré. Je bouffe du curé, c'est vrai, mais aussi de l'imam, du rabbin et beaucoup de prêtres bouddhistes, c'est très nourrissant pour l'âme. Je persiste à penser que la foi est une chose merveilleuse, mais que les religions sont un embrigadement de l'esprit qu'en tant que Français je ne puis que combattre. ».

Il faut comprendre que ma position est facile, car quand on est français, on a le droit de ne pas être croyant et personne ne vous le reprochera. Au Liban, il est vrai qu’on doit choisir son camp, sa communauté, et les Libanais ne comprennent pas lorsqu’on leur dit être athée (c’est pourquoi j’y ai renoncé, et que je me dis chrétien, alors que je n’ai jamais cru en Dieu, bien que le Père Noël me soit apparu comme une réalité tangible jusqu’à l’âge de 8 ans). Les Libanais se croient engagés dans un combat de civilisations depuis longtemps, mais cette guerre me paraît simplifiée. Je connais des Chrétiens bornés, qui refusent de laisser travailler leur femme et paient des études à leur fille pour qu’elle puisse trouver un mari et une fois épouse, se mettre à pondre de bons petits soldats de Dieu. Et je connais des musulmans qui se foutent royalement des interdits de l’islam et préfèrent partir pour pouvoir épouser la femme de leur choix qu’ils traiteront tout à fait convenablement.

La religion est un poison, et une magnifique propagande, car elle fait croire que certains hommes détiennent la vérité que d’autres hommes (et femmes) doivent suivre sous prétexte que les premiers conversent avec Dieu. Aux chrétiens, je dis ceci : Imaginez que Jésus revienne sur Terre, et qu’il échappe aux tueurs à gages du Vatican, ne pensez-vous pas qu’en arrivant devant le pape, il aurait la même réaction qu’à l’époque des Marchands du Temple ? Quelle est cette religion, basée sur l’amour du prochain, qui fait la différence entre les hommes et les femmes, celles-ci ne pouvant jamais entrer dans la hiérarchie du clergé ? Faut-il raviver les guerres de religion, où les Musulmans comme les Catholiques auraient tout à perdre ? Ou établir une séparation respectueuse entre les affaires spirituelles et la vie de la nation ?

Trop souvent, la haine vient de l’ignorance, et je doute qu’il y ait plus d’enragés musulmans qu’il n’y a d’extrémistes catholiques. Simplement, on se représente l’autre comme un danger quand on ne le connaît pas. Prendre position pour une communauté religieuse revient à se positionner contre une autre, ce qui reste le niveau zéro du respect et de l’humanité. Même si je comprends les peurs de ma lectrice libanaise, je ne partage pas ses conclusions. Le comabt aujourd’hui se situe entre les ennemis de l’humanité et nous, et dans le premier camp se trouve les religions. Ceci dit, je pense que la religion, bien utilisée, peut être positive, mais certainement pas lorsqu’elle propage la haine de l’autre ou de soi comme en ce moment. J’espère que ma réponse n’a pas choqué mon interlocutrice, ce n’est pas mon but, j’alimente ce site pour présenter des idées et au besoin les clarifier.

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16 août 2004

Pendant ce temps, la France s'emmerde, et pourtant...

Les J.O. ont commencé. On s'en fout. Car le pape était là, et on l'a reçu non pas comme un vulgaire petit dirigeant de pays minuscule comme le Vatican, mais bien comme le gérant d'une marque qui perdure depuis des lustres, Cathos Inc., présente sur tous les continent et bien décidée à prendre des parts de marché à Islam ltd. qui par sa politique agressive commence à se développer tous azimuts et à développer une croissance à deux chiffres. Je sais, comparer les religions à des entreprises est une vieille antienne, mais là, le pape et son âme damnée Ratzinger veulent véritablement frappéer un grand coup et regagner les âmes perdues par des décennies de laisser-aller où l'on a vu les femmes réclamer et obtenir le droit de vote et les homos devenir des êtres à part entière dans nos sociétés permissives. Il faut frapper un grand coup. Ce que j'ai vu à la télé ce week-end, c'est un homme en piteux état se baver dessus à moitié en disant aux femmes qu'elles étaient les "sentinelles de l'invisible", mais ne jamais aborder la question devant elles de leur ordination. Pourquoi les femmes n'ont elles le droit dans la religion catholique, de n'être que des mères-vierges ou des putains-féministes ? Répétons-le : toutes les religions sont toxiques, et le retour à de soi-disant valeurs spirituelles à notre époque me fait vomir.

Ce qui était aussi le cas du discours de notre président bien-aimé à l'occasion de la célébration des 60 ans du débarquement en Provence. On aura remarqué la présence de plusieurs dictateurs de bon aloi, venus assister à la remise de médailles à quelques représentants des forces armées françaises du Tiers-monde, dont la retraite représente bien souvent le tiers voire le quart de celles de nos soldats gaulois, alors même que le travail était le même, et la mort plus souvent au rendez-vous pour les basanés que les blancs. Président, c'est un métier. Le pape le samedi, les dicateurs le dimanche, voilà un week-end bien chargé en salauds.

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11 août 2004

Kerry-Bush

O.F. m’écrit pour me faire part de son désaccord concernant mon précédent post. Voici quelques points intéressants qu’elle soulève et qui me permette de préciser ma pensée. « Peut-etre que vu de la France ou du Liban, la campagne electorale americaine est ennuyeuse… Mais crois-moi, pour ceux qui vivent aux Etats-Unis, les enjeux sont enormes. (O.F.)» L’élection présidentielle américaine a ceci de particulier qu’elle concerne tout le monde et pas seulement les Américains. Je persiste à trouver qu’elle est ennuyeuse, les citoyens américains n’ayant le choix qu’entre Ralph Nader, éliminé d’office (attention, jeu de mots) et deux millionnaires belliqueux. Ce qui amène le deuxième point de contestation d’O.F. : « Une simple bataille entre millionnaires… en France, ne s'agit-il pas le plus souvent d'une battaille entre énarques, ou tout au moins entre anciens des grandes ecoles? Qu'ont-ils de commun avec la masse des citoyens? ».

Pour le moment, Nicolas Sarkozy, le challenger à droite de Chirac, qui est effectivement énarque, est avocat, tout comme l’était Mitterrand. Il est vrai que les anciens de grandes écoles, en particulier d’écoles d’ingénieur, sont surreprésentés dans les élections en France, mais le discours de « proches du peuple » est une ritournelle que manie souvent l’extrême-droite, bien que Jean-Marie Le Pen soit également un millionnaire. On ne peut pas nier que les Etats-Unis se transforme en ploutocratie : Michael Bloomberg à NYC, Schwarzenegger en Californie, Bush contre Kerry ne sont que les plus récents exemples d’élus du peuple qui en sont assez éloignés financièrement. Mais je ne dis pas que ce trait est uniquement américain, je soulignais juste qu’en ce qui concerne leur classe sociale et de ce fait leur expérience de la vie, Bush et Kerry me semblent assez proches, tout comme leur trésor de guerre qui frôle les 200 millions de dollars chacun. GW Bush n’est pas l’idiot qu’on veut dépeindre, et que sa fameuse réaction ou non-réaction montrée dans le film « Fahrenheit 9/11 » ne me paraît pas si stupide, je me demande ce que j’aurais à sa place. Cela ne veut pas dire qu’il est un président sans reproches, loin de là. Kennedy, vénéré comme la Princesse de Galles, était un idiot porté à la présidence par son mafieux de père, mais comme il avait du charme, on lui pardonne. Bush a moins de charme, c’est peut-être là où le bat blesse, mais allez-vous me dire honnêtement que Kerry fera un meilleur président ? Pas pire, sûrement. De là à s’enthousiasmer pour lui, c’est un pas que je ne voudrais pas franchir, chère O.F. Merci pour ta contribution en espérant être maintenant plus clair.

Mes deux conseils du jour : fuyez le film « Cause toujours » de Jeanne Labrune, qui est la pire boboterie que j’aie vu, mal jouée, mal écrite, avec des dialogues et des décors qui suintent le contentement de soi de cette nouvelle espèce qu’a engendré la gauche caviar. En revanche, allez manger au bar à vins « Le Compteur » dans le 11ème arrondissement de Paris : voilà un établissement où on ne se prend pas au sérieux et où on est sûr de ne pas tomber sur des amateurs de vins qui achètent L’Express.

C’était notre rubrique « en vacances, on parle de choses plus légères même si mon prochain poste concernera l’affaire Al Manar ».

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04 août 2004

Vacances

Salut à tous. Comme évoqué dans mon précédent post, je suis parti me ressourcer en Europe. Cela me permet d'une part d'oublier le Liban et ses problèmes, et d'autre part de reprendre contact avec l'Europe. Accessoirement, je peux aller au cinéma, activité difficile au Liban, entre censure pesante, spectateurs bruyants et choix restreint.

J'ai donc eu le bonheur de voir les deux documentaires dont tout le monde parle, "Supersize Me" de Morgan Spurlock, et "Fahrenheit 9/11", de Michael Moore. Le premier évoque l'expérience du réalisateur, bobo new yorkais plein de bonne conscience et décidé à prouver que McDonald's est mauvais pour la santé en ne consommant que du fast-food pendant un mois. Résultat, il vomit, grossit, déprime et s'avoue bien content que l'expérience se finisse (Nous aussi) pour qu'il puisse manger les petits plats végétaliens de sa copine. Aucun intérêt, sinon de faire frémir de plaisir quelques anti-américains de base qui se réjouiront qu'on décrive les Etats-Unis comme un pays d'idiots, entre ceux qui mangent trop de junk food, et ceux qui pensent tenir un destin cinématographique en imitant la populace avec excès.

En parlant de gros, le dernier Michael Moore est feignant. Autant "Roger and Me" était un documentaire magistral et fascinant sur la mort d'une société, autant la dernière palme d'or à Cannes s'avère bâclée. La première demi-heure virevolte, montrant la vanité de George W. Bush comme président et laisant les images parler. Puis Moore tombe dans un pathos lourdaud et démagogique pour montrer que la guerre c'est pas bien. en plus, la traduction n'est pas fameuse : les Arabisants s'apercevront que l'Irakienne qui hurle "Allah Akbar" avait dit auparavant que si les américains ne faisaient pas de différence quand ils bombardent entre les Chrétiens et les Musulmans, alors "Allah Akbar". Cette petite différence n'a pas été traduite, politiquement correcte oblige, mais montre les limites de l'exercice. Difficile de toute façon de passionner avec un documentaire plus de 52 minutes.

Alors, Kerry fera-t'il un bon président ? Vu la platitude de son discours plus belliqueux que je ne m'y attendais, je doute que le monde ait trouvé son sauveur. Les éditorialistes français remarquent que Kerry parle français. Cela me fait une belle jambe et à ceux qui ont sauté sur des mines aussi. Kerry sera-t'il meilleur que Bush ? Sans aucun doute. Mais cette bataille de millionnaires me paraît aussi passionnante que regarder un homme manger des hamburgers pendant un mois juste pour voir ce que ça fait. A ce niveau, je préférais "Jackass", et je propose qu'on détermine le futur président des Etats-Unis à sa capacité à encaisser les coups de batte de base-ball en mousse administrés par une bande de nains skaters habillés comme des Oumpas Loumpas. C'était notre rubrique, le monde est n'importe quoi, faisons-en autant.

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