11 décembre 2003

Quand même si. Hier soir, pour ceux qui veillaient tard sur France 2, on pouvait apercevoir Mansour Labaky expliquer sa vision du pardon en tant que prêtre maronite. Les maronites sont rattachés à l'Eglise catholique avec certaines libertés, notamment l'autorisation de mariage pour les prêtres, ce qui les rend plutôt sympathiques. Labaky a fait un joli numéro de désinformation (notamment en expliquant que les Chrétiens représentent 51% de la population libanaise, ce qui est faux puisqu'ils sont plus proches de 30) et de vanité, ce qui est étrange pour un homme d'Eglise. Il expliquait ainsi prêcher le pardon, et accueillir des orphelins musulmans comme chrétiens qui tous sont évidemment convertis à l'amour du Seigneur. Je n'aime pas beaucoup ce genre de manipulation où un homme entend émouvoir les masses avec la guerre du Liban en prétendant qu'il faut aimer tout le monde. La religion divise au Liban, elle n'est pas du tout un facteur d'unification. Labaky le sait bien, mais il vient quérir l'attention de l'Europe, et des Français en particulier sur le sort des Chrétiens, en maintenant l'antienne de "la violence venue d'ailleurs" qui a conduit à la guerre de 1975 à 1990. La violence existait déjà avant 1975, elle était même très présente. Et les 18 communautés ont eu leur rôle à jouer dans l'affaiblissement puis le renversement de l'Etat libanais, aujourd'hui fantoche et assujetti à la Syrie. Je n'ai pas aimé cet homme, ni sa vanité lorsqu'il égrenait toutes ses publications et qu'il étalait sa prétendue bonté devant tout le monde. Voulez-vous qu'on dise du bien de vous ? N'en dites pas, nous apprend le proverbe. Transmis à Mansour Labaky, qu'il me pardonne si je l'ai offensé.

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Vraiment, je vous jure, je ne suis pas fainéant, mais il n'y a rien à rapporter ici-bas. Alors je vais répondre à une question qui m'a été envoyé par email, qui s'interrogeait sur mon ton "entre observation critique et amertume". Non, je ne suis pas un Libanais de retour au Liban après "'une vie bien tranquille en Europe", je suis européen, mais installé au Liban. Ceux qui m'ont suivi jusqu'ici (et je les en remercie à nouveau) se souviennent de mes déboires avec mon précédent blog, où un jeune avocat s'était senti insulté par une de mes chroniques et menançait de me tomber dessus avec le bras armé de la justice si je n'enlevais pas les allusions qu'il estimait insultantes à l'égard de son travail d'écrivain. J'ai refusé de censurer mon texte, et j'ai sabordé mon premier blog. Puis je suis revenu en Europe, bien décidé à y rester, avant de finalement revenir au Liban dans d'autres conditions puisque j'ai changé de travail.

Il ne s'agit pas vraiment d'amertume, plutôt de frustration. Le Liban est un pays magnifique, et la vie y est très douce. Mais la politique féodale dans ce pays empêche un bon développement de la population, sans compter les voisins, tous militairement plus puissants, qui créent un climat de peur permanente. Israël survole fréquemment le pays à Mach 1 et l'armée syrienne campe au Liban depuis 25 ans, tout en prétendant assurer la sécurité du pays.

Observation critique, tout le monde la pratique, mais il est souvent décourageant de vouloir faire avancer les choses. Les étudiants se font bâtonner en cas de manifestations pour l'indépendance du pays, quant aux membres de l'opposition, il n'est pas rare qu'il se fasse traiter de "sioniste" et mettre en prison en conséquence. Même si la presse locale est de bonne qualité, elle adopte un profil bas, se rappelant avec douleur la fermeture de la MTV, une station de télévision qui avait eu le malheur de faire campagne contre un protégé du ministre de l'Intérieur lors de l'élection législative partielle du Metn.

Donc, j'observe, et je suis souvent frustré de voir que ce pays qui pourrait tant fait si peu. Voilà. Mais récemment, j'avoue que je me demande vraiment si c'est bien la peine de continuer.

Bien à vous,
WIL

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