25 septembre 2003

Aujourd'hui, à Beyrouth, on m'a dit au détour d'une conversation que le problème des "Cahiers du cinéma", c'est qu'ils étaient tenus par des juifs. Tout ce que j'ai trouvé à répondre, c'est que "Le Monde" est infesté de catholiques, ce qui a bien fait rire mes interlocuteurs, mais qui m'a fait me mordre la lèvre. Au Liban, on continue de sortir des conneries antisémites avec un aplomb terrifiant.

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22 septembre 2003

Pauvre de moi, je crois que je vais avoir à y retourner au Moyen-Orient, et oublier mes promesses et mes projets de vie tranquille en Europe.

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18 septembre 2003

Je continue mon exploration des programmes télé français et je tombe aujourd'hui sur "la méthode Cauet" programmé par TF1. Rien de bien nouveau ni de bien subversif, mais l'une des invitées se trouve être Ségolène Royal. Comme beaucoup, je ne la porte pas dans mon coeur, mais je ne pense pas qu'elle ait méritée le tombereau de conneries machistes qu'elle a reçue, notamment dans le micro-trottoir de l'émission. Quelques abrutis intérrogés dans un bar expliquait que les femmes en politique, non merci, et que la Royal, ajoutait une dame d'un certain âge, ferait mieux de s'occuper de ses quatre enfants au lieu de donner des conseils sur la famille. Atterrant, non, au XXIème siècle ?! En 2003, il y a encore des crétins des Alpes qui pensent que la place de la femme se situe à équidistance de l'église, de la cuisine et des gosses. Pauvre Ségo. Elle vit déjà avec un crétin, alors par pitié n'en rajoutez pas.

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17 septembre 2003

Par hasard, je suis allé à une projection d'un court-métrage libanais, intitulé "Cendres". Je me suis ennuyé. En revanche, la salle a bien ri parfois, notamment lorsque dans le cadre d'une veillée mortuaire, les invités se voyaient offrir des cigarettes de différents marques. Je n'ai pas compris l'hilarité, et puis je me suis rappelé que je voyais tout ça avec les yeux d'un Libanais. Ce que je ne suis pas, mais que je suis devenu.

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15 septembre 2003

Et pour la Corse, on fait quoi ? On va tolérer longtemps que des attardés mentaux déclarent à la télévision que "les gendarmes sont tolérés" ? Ou mieux, pendant l'été, qu'il ne fallait pas sévir contre ceux qui avaient hébergés Colonna parce que "en Corse, l'hospitalité est une tradition" ? Et les autres Corses, les citoyens français de culture corse, ils n'en ont pas marre de vivre avec ces primates sur leur île ? Franchement, on est souvent tentés de faire comme le préconisait Raymond Barre, de donner l'indépendance à la Corse. A quand un référendum ? Et à quand la restauration de la loi républicaine, pour aider les Corses honnêtes ?

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14 septembre 2003

Un des grands plaisirs de la France, ce sont ses émissions mondaines comme celles de Fogiel ou d'Ardisson. Hier soir, j'ai regardé avec bonheur "Tout le monde en parle", où joutaient deux paons de la littérature, Frédéric Beigbeder et Marc-Edouard Nabe. Si le premier est connu de tous, et plutôt sympathique dans le côté glandeur germanopratin, l'autre l'est moins, et on se souvient assez peu de ses sorties antisémites et de ses poses "anarchistes" comme il aime se décrire. La discussion portait non pas sur l'affaire Trintignant-Cantat mais sur l'Irak, que Nabe connaît bien puisqu'il y a passé deux mois (!). Nabe est comme Dantec, il souhaite la disparition de l'Occident, pourri et décadent, et se réclamant d'une lecture rapide Nietszche, il prône son élimination par tous les moyens possibles, y compris les plus barbares. Au bout de quelques minutes, sa mauvaise foi manifeste agace, mais on commence à se rendre compte que Nabe est un pitre qui prend ouvertement des positions indéfendables pour le plaisir d'être l'empêcheur de tourner en rond, celui qui quête de l'attention en s'exprimant avec violence et sûreté de soi. Je ne vois pas l'intérêt de laisser parler ce clown à la télévision. L'Irak, le Moyen-Orient, sont des problèmes sérieux qui risquent de contaminer rapidement l'Occident qui pour le moment se contente d'envoyer des soldats, des reporters et des ONG pour tenter de panser des plaies béantes avec des feuilles de papier monnaie. Je ne pense pas qu'il soit utile de laisser Nabe vociférer sur la haine de soi que tout occidental devrait ressentir. On a assez de problèmes comme ça sans en rajouter. Ceci dit Nabe a déclaré que son avenir était maintenant en Irak. Qu'il vienne au Moyen-Orient. Qu'il y vive. Je serai heureux de revoir son costume clair à son retour. Et d'écouter son discours.

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12 septembre 2003

Pour ne pas perdre les bonnes habitudes, le billet de Gaby Nasr du 12 septembre dans "L'Orient-le jour", le quotidien francophone libanais. Cet homme parle comme dans les années 60, mais il me semble plein de bon sens. Non ?

Mourir d’espoir

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Décidément, rien n’y fera. Ni les gesticulations meurtrières des Israéliens ni les feux d’artifice sanglants des barbus palestiniens. Le train fou du feuilleton proche-oriental s’emballe, pour le plus grand malheur des populations locales appelées à déguster. Et le plus grand bonheur de leurs dirigeants installés pour en faire commerce et se goinfrer.
Plus d’un demi-siècle de confrontation a fini par développer dans la région un désordre mental quasi incurable. Après toutes ces années, les niaiseux en sont encore à pinailler, après chaque conflagration, sur le point de savoir qui a commencé. Alors que, pour les gens normaux, l’essentiel est d’en finir.
Mais comment finir lorsque l’Hébreu-en-chef incarne l’école politique la plus bornée, celle du missile et de l’obsession sécuritaire... Depuis plus de vingt ans, Sharon-le-char bouscule tout sur son passage. Hormis sans doute la petite parenthèse travailliste pendant laquelle la bête s’est quelque peu assoupie. Ce mec, tu lui donnerais une livre pour sa pensée, faudra songer à lui réclamer la monnaie. Sous sa houlette, l’armée israélienne a viré raclure de bidet. Trop occupée à faire des cartons dans les gencives des chefs islamistes, elle a perdu l’habitude de protéger jusque ses propres casernes.
Comment finir, lorsqu’en face, la joie de vivre palpite au rythme des barbes qui poussent... Les disjonctés du rasoir envoient maintenant leurs kamikazes se faire allumer par paire : 70 vierges pour deux, ils peuvent encore se régaler. Et cette corruption qui colle comme une pastille rouge sur le front d’Arafat. Le révolutionnaire Yasser est sans doute pour la prise de la pastille.
Retour donc à la béchamel : les radicaux mènent des attaques-suicide, et Ariel suicide les gens dans leurs maisons ou leurs bagnoles tout en s’empiffrant de nouveaux territoires. Et il se trouve encore des neuneus qui promettent aux Arabes l’effondrement d’Israël. Miséreux Palestiniens, un peu de patience, que diable !
En somme, plus on se casse la gueule, plus il y a de l’espoir. De défaite en défaite... jusqu’à la victoire finale !

Gaby NASR








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10 septembre 2003

J'ai posé le pied en France, et c'est une bonne nouvelle. Rien n'a vraiment changé depuis mon départ, les mêmes querelles un peu bourgeoises (enfin, il me semble), les mêmes travers, et puis bien sûr les mêmes qualités. J'aime profondément la France, bien que je sois souvent déçu par ce pays qui pourrait faire tellement mieux que de se rejeter la responsabilité en cas de canicule ou de se spécialiser dans les débats franco-français.

Un exemple dont j'avais déjà parlé auparavant : Luc Ferry. Je lis ce matin le journal Le Monde, et tombe sur un article de Dominique Dhombres sur "les tics de Luc Ferry". Examinons si vous le voulez bien comment on arrive à faire un tête de turc d'un homme que je considère éminent, mais à qui on reproche justement de vouloir changer les choses (en bien ou en mal, nous sommes d'accord). M. Dhombres nous parle d'abord de "La belle cravate rose saumon de Luc Ferry" pour nous mettre dans l'ambiance avant d'ajouter que l'émission qui reçoit le ministre se déroule "dans le décor kitsch du grand amphi de la Sorbonne". Bon, le kitsch est effectivement une notion changeante, assez parisienne et plutôt "démodée", mais D. Dhombres semble vouloir dire par là que le decorum est en rapport avec son invité qui porte une cravate différente de ce que l'on peut trouver dans la garde robe des hommes politiques.

A partir de cette rentrée, M. Ferry "est désormais dévoré de tics", ce qui est sûrement un signe de manque de confiance en soi, ou alors de pathologie mal dissimulée. "Le ministre de l'éducation tord sa bouche en cul-de-poule. Il est la proie de froncements de sourcils incontrôlés. Ces mouvements inquiétants s'accentuent lorsqu'il entend quelque chose qui ne lui plaît pas." J'aime beaucoup l'expression "bouche en cul-de-poule" parce qu'elle est à la fois expressive, vulgaire tout en étant couramment admise dans le vocabulaire journalistique. Mais ce qui m'impressionne, c'est que le chroniqueur passe les deux tiers de son temps à nous parler du physique de Ferry qui, il faut le rappeler, n'a aucune incidence sur son action de ministre. Mais si, semble dire Dhombres, parce que "bien qu'il s'en défende, Luc Ferry veut en finir avec l'héritage de mai 1968. Là encore, c'est un tic". Nous y voilà. Délit de sale gueule. Ferry ressemble à un bobo nerveux mais qui aurait honte de faire partie de la génération 68 et qui voudrait tout mettre en oeuvre pour la faire oublier. Notons au passage que Ferry ne s'en défend pas, puisqu'il a commis des ouvrages dans le but de régler son compte à Mai 68. Est-ce un délit ? Mai 68 serait-il la nouvelle révolution française dont les historiens ne doivent pas s'approcher sous peine d'être moqués en public par des chroniqueurs spécialisés dans l'analyse vestimentaire et corporelle ? Je ne comprends pas la haine contre Ferry, tout comme j'ai été choqué de voir les enseignants jeter comme des pavés contre des CRS les livres de leur ministre sous prétexte que celui-ci serait condescendant à leur égard.

C'est la France. Nous aimons nous quereller pour des histoires sans grands enjeux, ce qui est aussi un signe de notre bonne santé. Car pendant que l'on s'affronte sur des histoires de cravate saumon, d'autres peuples manquent de tout, d'électricité, d'eau, de nourriture, de liberté. Je vais faire un effort pour ne pas passer pour donneur de leçons devant mes amis, mais c'est vrai que c'est diificile de ne pas pouffer de rire en entendant les malheurs que l'on peut avoir dans ce pays, comme ne pas être raccordé à l'ADSL, ou avoir un ministre de l'éducation qui a des tics. Au Liban aussi, il avait des tics : il piquait dans la caisse.

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03 septembre 2003

Et si j'avais envie de faire un post pas politiquement correct en disant que voir le visage des soeurs Betancourt à la télévision commence à me peser ? Je ne sais pas ce qui me dérange le plus chez elles : leur insupportable arrogance de filles à papa choquées qu'on puisse s'opposer à leurs volontés ? Leur meute d'amis influents qui essaient de nous expliquer que s'il s'agissait d'un otage moins connu, ils s'agiteraient tout autant ? Le ton théâtral de la fille d'Ingrid qui parle de "maman la courageuse" avec son accent du XVIème ? Ou la France qui fait semblant de penser qu'Ingrid Betancourt est une des nôtres, alors qu'elle se présentait à la présidence de la Colombie ? Il s'agit d'une affaire interne, entre Colombiens, malgré l'intervention mariolesque de la DST et de Villepin en juillet. Pourquoi la France s'intéresse-t'elle autant au cas d'Ingrid Betancourt, et si peu à celui d'opposants moins médiatiques mais sûrement plus en danger dans le monde ? Parce qu'elle est à moitié française ? Parce qu'elle était à Sciences-Po avec Villepin ? Parce que son mari est du Quai d'Orsay ? Pitié, stop, Ingrid Betancourt n'est pas la nouvelle Gandhi, elle est juste une figure pratique pour les médias parce que son combat semble être juste et que sa famille fait du raffût. Ce qui lui arrive est triste, mais pensez à la situation de ces millions de femmes qui sont otages des hommes en permanence dans le monde, et pour qui personne ne fait rien, parce que "ah mais, ce n'est pas du machisme si les femmes sont voilées et enfermées, c'est une tradition !". Allons, Ingrid, tombez amoureuse d'un de vos geôliers, et Paris Match négociera sûrement votre libération.

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